Définition

Les premières études conduites au sujet de la VRA chez les adolescents ont d’abord défini cette dernière comme « l’utilisation de la force physique ou de contraintes dans l’intention de causer de la douleur ou des blessures à quelqu’un »1  [8]. Actuellement, la communauté scientifique considère la VRA comme une problématique plus complexe, qui comprend plusieurs formes de violence, notamment certaines formes moins facilement identifiables que la violence physique, comme la violence psychologique (voir tableau 1). L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la VRA comme « tout comportement au sein d’une relation intime qui cause un préjudice ou des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles, aux personnes qui sont [impliquées dans] cette relation, y compris des actes d’agression physique, de la coercition sexuelle, de la violence psychologique et des comportements autoritaires ou tyranniques » [9]. L’Institut de la statistique du Québec adopte pour sa part la définition proposée en 1994 par Lavoie et ses collègues [5], soit « tout comportement ayant pour effet de nuire au développement de l’autre [c.-à-d. le partenaire] en compromettant son intégrité physique, psychologique et sexuelle » [1].

Toutes ces définitions indiquent que la VRA s’exprime sous plusieurs formes (soit physique, psychologique ou sexuelle). La VRA renvoie donc à toute forme de violence vécue par des jeunes au sein de leurs relations amoureuses (l’expression « violence conjugale » étant davantage réservée aux personnes adultes). Si la majorité des études sur la VRA portent sur les jeunes de 14 à 17 ans, d’autres travaux incluent aussi des adultes émergents (18-25 ans). Dans le cadre de ce chapitre, nous présenterons prioritairement les travaux portant sur le groupe des 14-17 ans, tout en présentant les travaux portant sur des jeunes qui ont au plus 25 ans lorsque ces travaux sont pertinents.

Tableau 1 - Formes de violence dans les relations amoureuses des jeunes

Formes

Définition

Exemples de manifestations

Physique

  • « Une utilisation intentionnelle de la force physique qui peut potentiellement engendrer la mort, une invalidité, des blessures ou de la douleur » [10] qui a lieu dans le contexte d’une relation amoureuse.
  • Pousser, gifler, frapper, serrer, secouer, mordre ou brûler son partenaire, le menacer avec une arme ou encore utiliser une arme contre lui.

Psychologique

  • Plus difficilement décelable, elle désigne tous les comportements « de menace, de dénigrement, de tromperies, de contrôle ayant pour effet de déstabiliser l’autre et de compromettre son bien-être » [1].
  • La plupart des auteurs considèrent la violence verbale (qui inclut les menaces, les insultes et l’humiliation) comme faisant partie de la violence psychologique.
  • Présence d’un comportement : par exemple, bouder, mentir, faire du chantage, empêcher de voir une personne, menacer, dénigrer.
  • Absence d’un comportement : par exemple, ignorer son partenaire.

Sexuelle

  • Elle désigne toute forme de pression exercée (absence/présence de gestes) envers son partenaire pour qu’il adopte les comportements sexuels non désirés [1], ou pour ne pas utiliser de méthodes contraceptives ou prophylactiques (c.-à-d. qui permettent de prévenir les infections transmissibles sexuellement et par le sang).
  • Elle renvoie à un continuum de gestes, pouvant aller jusqu’à l’agression sexuelle (pour une définition, voir le chapitre 3 de ce volume).
  • Harcèlement sexuel : comportement à caractère sexuel non désiré, qui se manifeste de façon répétée et qui a des conséquences néfastes pour la victime.
  • Attouchements sexuels
  • Tentative d’agression sexuelle
  • Actes de pénétration (contacts oraux-génitaux, pénétration orale, vaginale ou anale).

Cybervictimisation

  • Il s’agit « [du] contrôle, [du] harcèlement, [de] la traque ou [de] l’abus d’un partenaire [effectué] par l’entremise de la technologie ou des médias sociaux » [11].
  • La plupart des chercheurs dans le domaine [11,12] ne distinguent pas explicitement la cyberviolence des autres formes de violence traditionnellement étudiées, mais la considèrent plutôt comme un contexte supplémentaire dans lequel la VRA (psychologique ou sexuelle) est exercée.
  • Utiliser le compte de son partenaire sur un réseau social sans avoir obtenu sa permission.
  • Violence psychologique perpétrée en ligne : envoyer des messages multiples à son partenaire de manière à ce qu’il ne se sente plus en sécurité, menacer de le blesser physiquement, publier des messages, des photos ou des vidéos dénigrants à propos de son partenaire sur un réseau social [11].
  • Violence sexuelle commise en ligne ou électroniquement : transmettre des messages à connotation sexuelle, des photos nues ou à caractère sexuel à son partenaire contre son gré, ou faire des pressions ou le menacer pour qu’il envoie une photo nue ou à caractère sexuel [11].
  1. Toutes les citations présentées dans ce chapitre (à l’exception de Lavoie et collab., 2009 et de Gouvernement du Québec, 2001, originalement en français) ont été librement traduites et représentent avec fidélité les propos originaux.