Éclosions de maladies d'origine hydrique

Il existe diverses mesures mises en place au Québec pour réduire la contamination de l’eau par des agents microbiologiques ou chimiques. Par exemple, le suivi de la qualité de l’eau et la protection des sources d’eau contribuent à prévenir les risques pour la santé de la population. Malgré ces mesures, des éclosions et des maladies d’origine hydrique peuvent parfois survenir. 

La surveillance des éclosions de maladies d’origine hydrique vise à dresser un portrait de ce type de maladies au Québec et d’en observer les tendances dans le temps. Ces données, diffusées aux équipes du réseau de la santé publique, sont plus détaillées sur le portail de l’Infocentre de santé publique.

Une maladie d’origine hydrique concerne toute maladie causée, ou présumément causée, par l’ingestion d’eau, un contact cutané avec l’eau ou l’inhalation de vapeurs ou de gouttelettes d’eau. Selon l’agent en cause, les maladies d’origine hydrique peuvent être de nature microbiologique ou chimique.

Une éclosion est définie comme un incident où deux personnes ou plus présentent des symptômes ou des manifestations cliniques similaires, ou sont infectées par le même micro-organisme ou intoxiquées par le même produit chimique. Les personnes malades doivent être reliées par des caractéristiques communes de temps, de lieu ou de personnes.

Évolution des éclosions de maladies d’origine hydrique

Pour la période de 2005 à 2024, l’INSPQ a répertorié 269 éclosions de maladies d’origine hydrique au Québec. Le nombre de personnes impliquées dans ces éclosions est très variable d’une éclosion à l’autre. Celles impliquant un agent microbiologique sont plus fréquentes et touchent en moyenne un plus grand nombre de personnes, comparativement à celles impliquant un agent chimique. 

La majorité des éclosions impliquent cinq personnes ou moins. Certaines éclosions peuvent toutefois affecter un nombre beaucoup plus important de personnes. Par exemple, pour l’année 2018, une éclosion impliquant plus de 300 personnes a été associée à un réseau d’eau potable non chloré.  

Nombre d’éclosions de maladies d’origine hydrique et nombre de personnes impliquées, selon l’année, ensemble du Québec, 2005-2024 

Caractéristiques des éclosions de maladies d’origine hydrique

Les éclosions de maladies d’origine hydrique impliquant un agent microbiologique sont plus fréquentes durant les mois d’été. Celles impliquant un agent chimique sont relativement stables l’année durant.   

Nombre total d’éclosions de maladies d’origine hydrique de nature microbiologique, chimique et indéterminée selon le mois de l’année, ensemble du Québec, 2005-2024

Globalement, environ 20 % des éclosions de maladies d’origine hydrique concernent un agent chimique. Pour celles de nature microbiologique, les bactéries sont les agents les plus souvent impliqués. Legionella pneumophila, la bactérie responsable de la légionellose, représente plus de la moitié de celles-ci.  

Les enquêtes de santé publique ne permettent pas toujours d’identifier les agents impliqués dans les éclosions de nature microbiologique. Environ le tiers des éclosions de maladies d’origine hydrique est associé à un agent microbiologique indéterminé.

Répartition des éclosions de maladies d’origine hydrique selon l’agent impliqué, ensemble du Québec, 2005-2024

Les éclosions pour lesquelles la nature était inconnue sont exclues de cette figure.

L’eau potable et l’eau récréative sont les usages de l’eau pour lesquels le plus d’éclosions sont rapportées. 

Concernant les éclosions de nature microbiologique, l’eau potable est le plus souvent impliquée. Pour la plupart, l’agent microbiologique en cause demeure indéterminé. Pour certaines éclosions liées à l’eau potable, des micro-organismes pathogènes d’origine fécale ont été identifiés, dont le protozoaire Giardia et la bactérie Campylobacter

Certaines éclosions de nature microbiologique sont aussi associées à un usage récréatif de l’eau. Par exemple, plusieurs éclosions de dermatites du baigneur causées par une cercaire, une larve invisible à l’œil nu et présente dans certains lacs, ont été rapportées. Les données montrent également des éclosions dans des spas associées à Pseudomonas aeruginosa. 

Des éclosions, toutes de nature microbiologique, ont aussi été rapportées pour l’eau non potable. Elles sont majoritairement attribuables à la présence de la bactérie Legionella dans des installations de tours de refroidissement à l’eau.

Quant aux éclosions de nature chimique, elles sont majoritairement associées au chlore et aux chloramines présents dans les piscines et les parcs aquatiques. Un peu plus rarement, des éclosions de nature chimique sont liées à la consommation d’eau potable. 

Répartition des éclosions de maladies d’origine hydrique de nature microbiologique et chimique selon le type d’eau impliqué, ensemble du Québec, 2005-2024 

Les éclosions pour lesquelles la nature était inconnue sont exclues de cette figure.

Eau potable

Eau récréative

Bilans antérieurs des éclosions de maladies d’origine hydrique

Les éclosions d’origine hydrique font l’objet de surveillance depuis 1989 au Québec. Ces éclosions ont périodiquement fait l’objet de divers bilans. Certaines différences peuvent être observées entre le contenu des bilans et cette page Web, notamment au niveau du vocabulaire utilisé et des indicateurs présentés. Pour en savoir plus, consultez nos publications :

Les résultats présentés sur cette page sont issus d’une collecte annuelle de données réalisée par l’INSPQ. Trois sources de données indépendantes sont utilisées pour colliger les éclosions : les éclosions rapportées par les directions de santé publique par le biais d’un questionnaire, les données du registre « ÉCLOSIONS » provenant du fichier des maladies à déclaration obligatoire (MADO) d’origine infectieuse, ainsi que le registre des toxi-infections alimentaires du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Lorsqu’une éclosion est identifiée par plus d’une source de données, les signalements rapportés par les directions de santé publique sont priorisés.

Même si certaines maladies impliquées dans les éclosions (ex. : légionellose) sont à déclaration obligatoire, les éclosions d’origine hydrique ne font pas l’objet d’une déclaration obligatoire par les médecins et les laboratoires. De plus, selon la gravité de la maladie, les personnes touchées ne vont pas toujours consulter un professionnel ou une professionnelle de la santé. Ainsi, les signalements rapportés sous-estiment probablement le nombre réel d’éclosions par année. Par ailleurs, l’identification des agents chimiques ou microbiologiques n’est pas toujours possible au moment de l’enquête épidémiologique menée par la direction de santé publique. Les éclosions sont rapportées lorsqu’il y a suspicion d’un lien avec l’eau, mais ce lien n’est pas nécessairement confirmé.

Pour en savoir plus sur la méthodologie, l’interprétation et les limites des données, consultez notre plus récent bilan des éclosions de maladies d’origine hydrique au Québec

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