Stress prénatal et état de naissance: une méta-analyse

Eve-Line Bussières
George Tarabulsy
Jessica Pearson

Contexte :
L'hypothèse de la programmation foetale propose que le stress vécu par les femmes enceintes est relié négativement au développement de leur enfant, notamment à son état de naissance (âge gestationnel, poids de naissance) (Van den Bergh et al, 2005). Bien qu'elle soit supportée empiriquement dans les études chez les animaux (Weinstock, 2008), les travaux chez l'humain sont contradictoires et difficiles à comparer entre eux. Notamment, le stress est opérationnalisé de différentes façons (état de stress, état anxieux, trait anxieux, anxiété liée à la grossesse, événements de vie stressants) et les mesures sont effectuées à divers moments durant la grossesse. Afin de clarifier le lien entre le stress prénatal (VI) et l'état de naissance (VD), une méta-analyse a été effectuée.

Méthode :
Les études devaient inclure au moins une mesure de stress prénatal effectuée de façon prospective ainsi qu'une mesure de santé à la naissance. Les études pertientes ont été recensées en utilisant les banques de données MEDLINE et PSYCINFO, à partir de listes de références des articles et des revues de la littérature. Sur les 4387 études identifiées, 35 ont été sélectionnées pour la présente méta-analyse.

Résultats :
Les résultats préliminaires suggèrent que les femmes enceintes qui vivent divers niveaux de stress, tout type confondu, donnent naissance à des bébés qui présentent un plus faible poids à la naissance et qui naissent plus tôt (d= -0,074; p < ,05; k=19 études). Cependant, ces résultats sont hétérogènes (Q=44,789; p < ,05), suggérant la présence de modérateurs. Des analyses subséquentes montrent que le type d'évaluation du stress ainsi que le trimestre de grossesse jouent un rôle modérateur.

Conclusion :
Les résultats préliminaires de cette méta-analyse supportent l'hypothèse de la programmation foetale en ce qui concerne l'état de naissance; toutefois cette tendance n'est pas observée pour tous les types d'évaluation du stress ni pour les trois trimestres de grossesse. Puisque les tailles de l'effet sont très faibles, l'importance relative d'un effet de programmation chez l'humain doit être considérée avec prudence. Les recherches devraient s'intéresser à d'autres médiateurs du développement de l'enfant, comme le contexte postnatal, afin d'identifier leurs contributions respectives.