Personnes à mobilité réduite et services dentaires

Farnaz Rashid-kandvani
Christophe Bedos
Belinda Nicolau 

Contexte :
Peu de recherches ont porté sur l'accès aux services dentaires des personnes à mobilité réduite. Nous savons que ces dernières utilisent moins les services dentaires que le reste de la population mais nous manquons de connaissances sur leur parcours de soins dentaires et sur les difficultés qu'elles rencontrent dans l'accès aux services. L'objectif de cette recherche était donc de mieux comprendre ces difficultés et d'identifier des solutions.

Méthode :
À cette fin, nous avons adopté une méthodologie qualitative et conduit des entretiens semi-structurés avec 11 personnes utilisant un fauteuil roulant. Les entrevues étaient enregistrées puis transcrites pour qu'une analyse thématique soit réalisée. Parallèlement, nous avons constitué un comité consultatif comprenant deux personnes à mobilité réduite, un représentant de l'Ordre des dentistes et deux chercheurs en santé publique. Le comité a participé au développement du guide d'entrevue, au recrutement des participants, et à l'application des connaissances.

Résultats :
Les analyses montrent que les personnes utilisant un fauteuil roulant rencontrent différents types de barrières :

  1. Économiques. Les participants estiment que les services dentaires sont dispendieux, d'autant plus que beaucoup ne bénéficient pas d'une assurance dentaire.
  2. Physiques. Selon les participants, les cliniques dentaires répondent très mal à leurs besoins : dans de nombreux cas, elles sont inaccessibles faute de rampe d'accès; dans les meilleurs des cas, les locaux sont mal adaptés, avec notamment des comptoirs d'accueil trop hauts, des locaux exigus, et des fauteuils dentaires sur lesquels il est difficile d'être transféré.
  3. Sanitaires. L'état de santé des participants complique aussi les séances dans les cliniques dentaires. Par exemple, en raison de paralysies de la vessie, certaines personnes ont des cathéters urinaires qui sont source de problèmes en position allongée, sur le fauteuil dentaire. D'autres rapportent des spasmes dans les muscles et de la douleur nécessitant des interruptions dans les séances de traitement.
  4. Autres barrières. Les participants estiment que les professionnels dentaires manquent de connaissances et de savoir faire pour soigner les personnes à mobilité réduite. Certains seraient même très réticents à les recevoir.

Conclusion :
Nos résultats appellent des actions vigoureuses pour améliorer l'accès aux services dentaires des personnes à mobilité réduite.