Surveillance des inégalités sociales du tabagisme

Mélissa Généreux
Mathieu Roy, Christiane Montpetit, Sadoune Ait Kaci Azzou, Jean Gratton

 

Contexte :
Le tabagisme est la première cause évitable de mortalité prématurée. Fumer étant plus répandu dans les populations défavorisées, en particulier celles peu scolarisées, les inégalités sociales de santé liées au tabagisme méritent d'être examinées. Cette étude poursuit trois objectifs :

  1. Examiner l'évolution temporelle du tabagisme en fonction du niveau de scolarité,
  2. Examiner la distribution géographique du tabagisme, et
  3. Quantifier les inégalités éducationnelles et géographiques liées au tabagisme.

Méthode :
Des analyses ont été effectuées à partir des données du sondage Omnibus, une enquête transversale répétée périodiquement de 2003 à 2009 à Montréal. L'échantillon est constitué de Montréalais(es) âgé(e)s de 15 ans et plus (n total = 12 053). Trois comportements tabagiques ont été examinés (tabagisme actif, tabagisme à vie, cessation tabagique). L'évolution de la prévalence de ces comportements, de 2003 à 2009, a été examinée selon le niveau de scolarité (primaire/secondaire, collégial, universitaire). La prévalence du tabagisme a aussi été examinée par territoire de centres locaux de services communautaires (CLSC). Finalement, les inégalités liées au tabagisme ont été quantifiées à l'aide de mesures sommaires, incluant le risque relatif, le risque attribuable à la population, l'indice de pente d'inégalités et l'indice de Moran.

Résultats :
Malgré la hausse des prix et la nouvelle loi restreignant l'usage du tabac dans certains lieux publics, le tabagisme à vie augmente et la cessation tabagique diminue chez les Montréalais moins éduqués alors que la situation est contraire chez ceux plus éduqués. Des inégalités géographiques existent également: les CLSC situés dans le centre-sud de Montréal affichent des prévalences de tabagisme actif plus élevées malgré la plus forte densité de services de cessation tabagique offerte dans ces secteurs. On pourrait réduire de moitié (175 000 fumeurs en moins) le nombre de fumeurs à Montréal si on éliminait les inégalités entre les CLSC.

Conclusion :
Nous concluons que les inégalités sociales liées au tabagisme sont bien présentes et continuent de croître à Montréal. Nous encourageons le développement d'un système de surveillance régional pour suivre les tendances spatio-temporelles de ces inégalités, éclairer les processus qui les sous-tendent et adapter les interventions aux besoins des groupes plus défavorisés.