Sylvie Gendron
Gilles Dupuis, Jacques Moreau,Jacinthe Lachance Fiola
Contexte :
L’évaluation du PSJP rend compte de l’actualisation et des changements associés à ce programme d’intervention précoce implanté en CSSS depuis 2004-2005. Un des principaux objectifs a été de documenter l’intensité de l’accompagnement privilégié selon les réalités de vulnérabilité sociale des familles.
Méthode :
Un devis mixte déployé entre 2006 et 2011 dans 19 équipes Enfance-famille-jeunesse en CSSS, réparties à travers 7 régions du Québec, a rejoint 451 jeunes femmes de moins de 20 ans durant leur grossesse et 322 hommes, incluant des pères des enfants à naître ou des partenaires de la mère.
Résultats :
Des données d’entretiens structurés réalisés aux 2 premiers temps de mesure auprès de la cohorte de parents (près du moment de l’inscription au PSJP et avant l’accouchement) ont été soumises à une analyse de clusterisation pour distinguer différentes réalités de vulnérabilité sociale des familles. À partir de l’analyse documentaire des dossiers cliniques en CSSS, des indices d’intensité de l’accompagnement réalisée par les intervenantes privilégiées (mesures agrégées combinant la durée d’exposition et le nombre et le type de contacts) ont été produits pour 7 périodes (indice 1 = intensité visée atteinte): du 1er contact PSJP à 6 semaines précédant l’accouchement (0,48); 6 dernières semaines de grossesse (0,86); 6 premières semaines de vie du bébé (1,09); de 6 semaines à 6 mois (1,07); de 7 à 12 mois (0,77); de 13 à 18 mois (0,80); et de 19 à 24 mois (0,63). Des analyses de covariance et de type ANOVA ou MANOVA permettent de différencier l’intensité de l’accompagnement privilégié selon la réalité de vulnérabilité sociale des familles et la profession des intervenantes.
Conclusion :
Trois réalités de vulnérabilité sociale sont identifiées (R1, R2, R3). R1 inclut principalement des jeunes mères enceintes pour la première fois et qui vivent dans un couple dont la principale source de revenus est un emploi. Les mères/pères de R2 sont plus jeunes et habitent tous chez leurs parents, ou ceux de leur partenaire, durant la grossesse. Les jeunes mères de R3, qui ont généralement déjà été enceintes, rapportent une perception moins favorable de leur santé et une expérience de traumatismes dans l’enfance plus marquée que les autres. Tant les mères que les pères du regroupement R3 indiquent des niveaux de détresse psychologique plus élevés que les autres jeunes parents. Ce sont les familles R3 qui, durant la grossesse, reçoivent une intensité d’intervention d’accompagnement plus élevée et qui ont davantage de contacts avec des travailleuses sociales. Pendant la première année du bébé, l’intensité de l’accompagnement diminue plus tôt pour ces familles (R3) comparativement aux autres: elles se déplacent moins pour rencontrer des intervenantes au CSSS. À 19-24 mois, l’intensité ne se distingue pas selon la réalité de vulnérabilité sociale des familles. Toutefois, seulement 38 % de la cohorte a eu des contacts durant cette période.