Monique Carrière
Denise Aubé
Louise Grégoire
Daniel Reinharz
Contexte :
Les importants changements structurels du réseau québécois de la santé visent à renforcer la collaboration à travers le développement des soins partagés et des réseaux de services intégrés. En santé mentale, ce défi doit s'opérationnaliser dans chacune des régions. Une recherche menée dans la région de la Capitale-Nationale a étudié comment différents acteurs composent avec un projet redessinant territoires, procédures et interactions.
Méthode :
Inspirée de la théorie de la structuration, l'étude donne la parole aux différents acteurs concernés (médecins, psychiatres, intervenants du public et du communautaire, usagers et proches) et s'intéresse à leur intentionnalité, à la dialectique action-structurel et à leur analyse des processus en cours. Entre 2004 et 2006, 103 personnes ont été rencontrées dans 17 activités de collecte de données (focus groups homègènes et hétérogènes, groupes d'analyse) entrecoupées de sessions de transfert de connaissances avec les acteurs régionaux.
Résultats :
L'analyse confirme l'engagement des acteurs et relève plusieurs problèmes connus : isolement et surcharge, problèmes de communication, manque de continuité et d'accessibilité; disparités territoriales; défaut d'agir en prévention et en promotion. Elle documente les attentes et logiques des acteurs, la diversité des conditions d'action et la dualité des phénomènes. Et elle souligne la présence de fractures persistantes entre :
- interventions médicales et psychosociales;
- médecins psychiatres et médecins omnipraticiens;
- proches, usagers et intervenants en santé mentale;
- intervenants et gestionnaires, notamment en CSSS.
Conclusion :
Pour pouvoir agir, il faut reconnaître l'engagement des acteurs, la légitimité de leurs aspirations et la cohérence de leurs logiques. Il sera alors possible de traduire les critiques en besoins et les objets de polarisation en opportunités d'actions. Les solutions sont au coeur des problèmes et passent par la construction et l'entretien d'espaces locaux d'interaction à l'intérieur et entre les organisations concernées. Les acteurs doivent dépasser le rôle d'exécutant et être soutenus dans leurs actions.