MENTION D'HONNEUR DU JURY (Étudiant)
Caroline Bois M.Ps Ph.D(candidate)
Nabila Kadaoui MD M.Sc (candidate)
Marie St-Amour MD
Stéphane Roy MD, Catherine Risi MD
Contexte :
Depuis quelques années, les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) sont en augmentation au Québec. L'accès au dépistage et au traitement est capital pour atteindre l'objectif du Programme national de santé publique (2003-2012). Actuellement, la loi prévoit qu'une infirmière habilitée peut procéder au dépistage mais le patient doit nécessairement consulter un médecin pour le traitement. S'il y avait ordonnance collective (OC) pour traiter les ITSS, l'accès serait amélioré. Or, la réceptivité des professionnels concernés n'est pas connue ni les conditions gagnantes de son implantation. Objectif : Connaître le point de vue des médecins, pharmaciens et des infirmières sur l'utilisation d'une OC pour traiter l'infection génitale à Chlamydia trachomatis et à Neisseria gonorrhoeae chez les patients asymptomatiques
Méthode :
Trois enquêtes par questionnaire auto-administré ont été organisées auprès des professionnels de la Montérégie concernés entre février 2009 et août 2010. La première a ciblé 569 omnipraticiens et spécialistes (taux de réponse de 18%), la seconde a interpellée les pharmaciens communautaires (49%) et la troisième, les infirmières formées au dépistage ITSS (61%). Une analyse quantitative descriptive et une analyse thématique ont été effectuées.
Résultats :
Plusieurs éléments font consensus. Médecins, pharmaciens et infirmières affirment être favorables à l'OC proposée par le Comité provincial d'experts en ITSS (dans l'ordre cité 90%, 95%, 98%) et perçoivent que les autres professionnels l'envisagent aussi favorablement. Ils considèrent le traitement unidose non risqué (96%, 93%, 92%). Si la grande majorité ont déjà une expérience satisfaisante avec les autres OC (99%, 82%, 99%) et disent les patients satisfaits (100%, 96%, 100%), moins nombreux sont ceux qui qualifient leur implantation comme ayant été aisée (76%, 70%, 60%). L'obstacle principal consiste en la lourdeur du processus de rédaction et d'implantation. Selon les professions questionnées, certains leviers, obstacles et bénéfices identifiés divergent, néanmoins toutes trois reconnaissent largement le bénéfice d'un service amélioré.
Conclusion :
Un consensus favorable prévaut à l'égard du traitement par OC pour la gonorrhée et l'infection génitale à Chlamydia trachomatis parmi les professionnels de la Montérégie. Les conditions facilitant son implantation sont identifiées, la diffusion d'un modèle d'OC rédigé par des experts en ITSS en est une. 1) Ordonnance collective : prescription donnée par un médecin ou un groupe de médecins à une personne habilitée, ayant notamment pour objet les médicaments, les traitements, les examens ou les soins à donner à un groupe de personnes ou pour les situations cliniques déterminées dans cette ordonnance, les circonstances dans lesquelles ils peuvent l'être de même que les contre-indications possibles. Son usage permet un traitement sans une consultation individuelle du médecin.