Vulnérabilité à la chaleur accablante des aînés, Étude NuAge

Émélie Laverdière
Mélissa Généreux
Hélène Payette

Contexte :
Les changements climatiques augmenteront la fréquence et l’intensité des canicules, ce qui aura pour effet d’accroître les problèmes de santé liés à la chaleur, notamment chez les aînés. Selon Santé Canada, une composante essentielle d’un programme visant à protéger la population de la chaleur est la connaissance des facteurs de vulnérabilité sociaux, médicaux et environnementaux.

Objectif :
Cette étude vise à dresser un portrait détaillé de la vulnérabilité à la chaleur des aînés du Sud du Québec.

Méthode :
Les données du T2 des participants (n=1 679) autonomes âgés de 69 à 84 ans de l’étude longitudinale NuAge, vivant en Estrie, à Montréal ou à Laval, ont été utilisées. Une fois ces données pondérées pour l’âge et le sexe, des tests de chi-carré (χ2) ont été utilisés pour examiner les différences entre les trois régions au niveau de la fréquence des principaux facteurs de vulnérabilité identifiés par Santé Canada.

Résultats :
Les montréalais présentent une vulnérabilité sociale à la chaleur en raison du fait qu’ils vivent souvent seuls (43%), alors qu’en Estrie, celle-ci est liée à un statut socioéconomique plus faible (30% ayant une éducation de niveau primaire et 21% un revenu ˂20 000$) ainsi qu’à des conditions de vie moins favorables (obligation de garder le lit, perte d’autonomie). Les facteurs médicaux de vulnérabilité sont fréquents dans toutes les régions, 72% des participants présentent ≥1 trouble de santé physique ou mental. Les estriens sont cependant plus nombreux à présenter des troubles de santé physique (81% Estrie, 71% Montréal, 73% Laval; p=0.0058). De plus, 54% des participants prennent ≥1 médicament reconnu pour augmenter la vulnérabilité à la chaleur. À Montréal, les îlots de chaleur urbains jouent un rôle important dans la vulnérabilité à la chaleur. En revanche, les participants montréalais adoptent plus souvent des comportements protecteurs (participation sociale élevée, fréquentation d’aires climatisées).

Conclusion :
Même s’ils sont moins exposés aux îlots de chaleur, les aînés estriens semblent vulnérables à la chaleur en raison de facteurs médicaux et sociaux. Ces résultats permettront aux intervenants de santé publique de déployer les mesures préventives nécessaires, adaptées aux réalités régionales.