Counselling périnatal : que disent recevoir les patientes?

Stéphane Groulx
Nathalie Adabachi, Andreea Veronica Bosneaga,
Catherine Corriveau-Bourque, Milaine Leblanc,
Annie-Claude Privé

Contexte :
Cette étude (ESPPPer 2007-volet questionnaire) visait à estimer le niveau d'application rapporté par des femmes récemment accouchées de sept (7) pratiques cliniques préventives (PCP) de counselling, de vaccination et de pharmacoprophylaxie, préconisées par le Programme National de Santé Publique. L'étude voulait également explorer les principaux déterminants de la prestation de ces soins préventifs et tester la faisabilité de la méthodologie utilisée.

Méthode :
Étude observationnelle transversale, descriptive et analytique sur un échantillon de femmes ayant accouché d’un enfant vivant dans deux hôpitaux de la Montérégie. Les bulletins de naissance vivante (SP-1) ont permis d’administrer aux mères un questionnaire téléphonique, puis de procéder à des analyses bivariées.

Résultats :
Un total de 177 mères sur une possibilité de 263 dossiers (68 %) ont été rejointes. Les patientes disent avoir reçu en moyenne 4 des PCP ciblées sur une possibilité de 7. Ces interventions auraient été effectuées par les soignants dans une proportion de 90 % (allaitement maternel), 89 % (vaccination du nouveau né), 7 7% (tabagisme), 75 % (dispositifs de retenue pour enfants-DRE), 70 % (alcool), 63 % (acide folique) et 49 % (orientation des femmes vivant en contexte de vulnérabilité vers les services intégrés de prévention en périnatalité et petite enfance-SIPPE). La primiparité (1ère grossesse) a eu pour effet d’augmenter les recommandations des professionnels pour la vaccination (p=0,027) et les DRE (p=0,02) ainsi que le taux d’allaitement (p=0,004). Les mères vivant en contexte de vulnérabilité ont eu un taux plus bas d’allaitement exclusif (p=0,013) et de non-tabagisme (p=0,001). Les deux hôpitaux où les accouchements ont eu lieu montraient des différences significatives pour l’alcool (p=0,048), le tabac (p=0,034) et les DRE (p=0,009). De plus, les mères disent avoir adopté les comportements souhaités dans une proportion plus élevée qu’elles n’ont reçu la recommandation pour 5 des 7 PCP, suggérant d’autres influences que celle des soignants.

Conclusion :
Cette étude indique que les PCP impliquant un counselling sont plus souvent mises en pratique en périnatalité qu’en médecine adulte. Celles qui sont encadrées par un protocole de soins faisant appel à des infirmières peuvent atteindre un niveau élevé (90 %). D’autres qui sont laissées à la bonne volonté des cliniciens accusent un déficit. Malgré les limites du questionnaire utilisé, certaines caractéristiques de la PCP, de la mère et des milieux cliniques semblent influencer la mise en application de ces pratiques.