Analyse des facteurs associés au paiement direct des ARVs au Burkina Faso

Marcel K. Lougué
Odette Ky-Zerbo
Jean François Somé
Fodé Simaga

Contexte :
Le Burkina Faso, pays d'Afrique Subsaharienne applique une stratégie nationale d'accès au traitement antirétroviral à des coûts réduits, mais avec un mode de paiement direct. Différentes études mettent en évidence que 80 % des patients ne payent pas cette contribution instaurant de facto une « gratuité de fait ». Cependant cette « gratuité de fait » ne doit pas faire oublier la proportion des 20 % de PVVIH qui payent leurs ARV. Il est donc justifié de nous intéresser à cette proportion pour mieux la connaitre et de déterminer les facteurs associés à ce mode de paiement.

Méthode :
Nous nous sommes basés sur une étude réalisée en 2007 par l'Institut de Recherche en Science de la Santé : « Pratiques de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA au Burkina Faso ». Cette étude a concerné l'ensemble des 13 régions du pays. Elle a consisté en une enquête transversale visant à décrire les pratiques des soignants (médecins, paramédicaux), des patients, des acteurs associatifs et des travailleurs sociaux par rapport à prise en charge des PVVIH.

Résultats :
Les travailleurs du secteur informel à revenu précaire paient le plus les ARV au Burkina Faso, alors que le principe même de la participation financière selon l'initiative de Bamako insiste sur l'exemption du paiement des indigents. Cette situation traduit une inégalité d'accès aux ARV. Cette inégalité est injuste et inacceptable puisqu'on fait payer les plus pauvres en lieu et place de ceux qui peuvent payer. Le maintien d'un coût d'accès aux ARV au Burkina Faso alors qu'il a « une gratuité de fait » n'est plus justifié de nos jours.

Conclusion :
Au total 740 personnes ont été interviewées parmi lesquelles 449 étaient sous traitement ARVs dont 18 ,6 % paient directement leurs ARVs. Les femmes représentent 77,4% de ceux qui paient leur ARV et 48, 4 % sont des travailleurs du secteur informel. Ceux qui paient fréquentent majoritairement (50 %) les structures publiques. Enfin, 7,5 % des patients à très faible revenu paient leur ARV tandis que 32, 9 % ayant un revenu acceptable bénéficient de la « gratuité de fait ».