Herbe à poux en milieu urbain : apport des systèmes d’information géographique dans la relation pollen-symptôme

Marie-Soleil Cloutier
Philippe Apparicio, Gaëtan Dussault, Diane-Lyse Benoit, Linda Pinsonneault, Elisabeth Masson

 

Contexte :
Le fort impact de la rhinite allergique associée au pollen de l’herbe à poux sur la société québécoise résulte entre autres de sa forte prévalence et de son impact sur la qualité de vie des personnes allergiques. Pourtant, peu d'études ont été publiées sur les relations existantes entre la distribution géographique des plants, les concentrations de pollen, et l’état de santé des individus allergiques.

Méthode :
Nous proposons ici de présenter les résultats d’un projet dont l’objectif principal est de valider l’existence de relations entre les concentrations polliniques à l’échelle locale et la gravité des symptômes d’allergie chez des adultes sur une période de 4 ans.

Résultats :
Les données utilisées se regroupent en six catégories. Les trois premières proviennent d’un projet d’intervention réalisé entre 2007 et 2010 dans deux villes où l’herbe à poux est abondante (un milieu expérimental avec interventions et un milieu témoin) : a) un inventaire des plants comptés sur le terrain à partir d’un échantillonnage aléatoire de quadrats (1 m par 1 m) ; b) des mesures de pollen par capteurs lors du pic saisonnier (fin août); et c) des indicateurs de symptômes auto-rapportés via un questionnaire par un échantillon de participants dans les deux milieux. Les trois autres sources de données sont les municipalités (affectation du sol), le gouvernement provincial (réseau routier) et la Financière Agricole (cultures assurées). La démarche méthodologique s’est effectuée en trois temps. Premièrement, nous avons identifié les variables environnementales (plants et affectations du sol) reliées à la présence de pollen dans l’air et déterminé leur contribution pour chacun des jours de collecte de pollen à partir de modèles de régression basés sur l’utilisation du territoire (LUR : land-use régression). Ensuite, nous avons attribué un niveau d’exposition individuel au pollen de l’herbe à poux à tous les individus allergiques suivis en 2007 et 2010 à partir des mêmes variables environnementales à leur lieu de résidence (200 participants retenus) ; finalement, nous avons exploré la relation entre le niveau d’exposition individuel au pollen et les indicateurs de santé retenus (gravité des symptômes nasaux, des symptômes oculaires et qualité de vie).

Conclusion :
Les premières analyses, malgré une grande variabilité dans les coefficients de détermination (R2), démontrent que la présence de cultures de soya, les terrains non aménagés, les friches et dans une moindre mesure la densité des plants à proximité du capteur contribuent aux concentrations de pollen. À partir des calculs de concentration de pollen effectués pour chaque participant, nous avons pu déterminer que celles-ci étaient en forte hausse dans le milieu témoin entre 2007 et 2010 (de 155 à 160 % d’augmentation) alors que dans le milieu expérimental, elles semblent plus contrôlées (variation en -7 et +40 %). Par contre, les dernières analyses n’ont pas permis de mettre en évidence une association statistiquement significative entre les indicateurs de santé et les concentrations de pollen prédites au niveau des individus.