Audrey Ferron Parayre, France Légaré, Michel Labrecque, Stéphane Turcotte et Michel Rousseau
Contexte :
L’amélioration des pratiques professionnelles dans le but d’offrir de meilleurs soins de santé est une préoccupation constante de la santé publique. En cherchant à prévenir, évaluer et intervenir sur le conflit décisionnel des patients, on s’assure de reconnaître et de respecter leur capacité à faire leurs propres choix de santé de manière éclairée. Un outil de mesure valide et fiable du conflit décisionnel existe en recherche, l’Échelle de Conflit Décisionnel (ÉCD), mais ne convient pas à une utilisation par les cliniciens. Notre objectif consiste à mesurer la validité et la fidélité d’un outil de dépistage du conflit décisionnel, le test SURE.
Méthode :
L’étude a été menée auprès de patients participant à un essai clinique pragmatique randomisé par grappes, Décision+. Afin d’être éligibles, les patients devaient consulter un médecin ou un résident participant à l’étude Décision+, présenter une infection aigüe des voies respiratoires et discuter de la possibilité de prendre ou non un antibiotique pour soigner leur infection. Les données ont été colligées par le biais d’un questionnaire auto-administré distribué aux patients à la sortie de la consultation médicale. Le questionnaire comportait les 16 items de l’ÉCD, de même que les 4 items du test SURE. Des analyses de fidélité et de validité ont été effectuées sur le test SURE, de même que les calculs de sensibilité, spécificité, valeurs prédictives et rapports de vraisemblance, en prenant comme critère de référence l’ÉCD.
Résultats :
Au total, 712 patients ont été recrutés, et de ce nombre 689 ont complété la totalité des items de l’ÉCD et du test SURE. L’âge moyen des participants était de 40 ans (± 13 ans), et 71% étaient des femmes. La cohérence interne du test SURE est bonne, avec un coefficient de fidélité Kuder-Richardson de 0,7. La sensibilité du test a été établie à 0,94 (± 0,02), avec une spécificité de 0,85 (± 0,03). Ces résultats impliquent que presque tous les patients présentant un conflit décisionnel ont été captés par SURE, alors que la plupart des patients qui ne présentaient pas de conflit décisionnel n’ont pas été dépistés par le test.
Conclusion :
De façon générale, le test SURE présente des qualités psychométriques intéressantes. La cohérence interne est bonne, et les hauts taux de sensibilité et de spécificité en font un bon outil de dépistage. La possibilité d’implanter son usage systématique par les cliniciens en soins primaires reste à évaluer.