Véronique Laberge Gaudin
Olivier Receveur
Leah Walz
Louise Potvin
Contexte :
Chez les autochtones, les prévalences élevées d'obésité et de maladies chroniques requièrent d’urgentes interventions visant à modifier les habitudes alimentaires. Suite à l’introduction de nombreux produits industrialisés, les Cris vivent une importante transition nutritionnelle s’illustrant par une augmentation de la consommation d’aliments riches en sucre, en sel et en gras, au détriment d’aliments traditionnels, jugés protecteurs. En développant notre connaissance de l’alimentation traditionnelle crie locale, nous croyons pouvoir mieux intervenir pour promouvoir sa consommation, diminuer les taux de morbidité et de mortalité et ainsi réduire les inégalités de santé.
Objectif :
L’objectif de notre étude est d’identifier les facteurs affectant la consommation d’aliments traditionnels à travers une perspective écologique.
Méthode :
Pour ce faire, une méthode mixte « sequential explanatory », fut utilisée, combinant quatre groupes focus (n = 23) et une régression logistique (n = 374) à partir de données secondaires issues de l’étude longitudinale « Multi-Community Environment-and-Health Longitudinal Study in Eeyou Istchee » menée à Mistissini en 2005 ainsi qu'à Eastmain et Wemindji en 2007.
Résultats :
Selon les résultats de la régression logistique: l’âge, chasser, marcher, le niveau d’éducation et la communauté de résidence étaient associées à une consommation d’aliments traditionnelle 3 fois/semaine (p < 0,05). Subséquemment, des groupes focus vinrent enrichir et contredire ces résultats. Par exemple : les participants étaient en désaccord avec le fait qu’il n’y avait aucune association entre les aliments traditionnels et l’emploi. Ils croyaient que les personnes sans emploi ont plus d’opportunités pour aller chasser mais peu d’argent pour couvrir les dépenses et inversement pour ceux avec emploi. Ce double effet aurait possiblement fait disparaître l’association dans la régression logistique.
Suite aux groupes focus, plusieurs facteurs furent identifiés et distribués dans un modèle écologique suggérant que la consommation d’aliments traditionnels est principalement influencée par des facteurs sociaux, communautaires et environnementaux et ne se limite pas aux facteurs individuels.
Conclusion :
Afin de promouvoir l’alimentation traditionnelle, 4 suggestions de priorités d’action sont proposées. L’alimentation traditionnelle doit faire partie des stratégies de santé publique pour réduire les taux de maladies chroniques et améliorer le bien-être des populations autochtones.