Portrait de la formation en matière d’allaitement dans les programmes de formation qualifiante en santé au Québec

Julie Lauzière
Micheline Beaudry, Sylvie Chiasson, Laura Pascual, Juliette Le Roy, Isabelle Michaud-Létourneau, Isabelle Gaboury

Contexte et objectifs

Près de neuf mères québécoises sur dix allaitent à la naissance. Pourtant, moins de la moitié de celles qui ont amorcé l’allaitement allaitent encore de façon exclusive à leur sortie de la maternité, et nombreuses sont celles qui allaitent moins longtemps qu’elles ne le souhaitaient d’emblée. Cette situation est due à de multiples facteurs, dont les pratiques professionnelles dans les services de santé. La littérature fait état de lacunes dans la formation du personnel de santé en matière d’allaitement, tout en soulignant une importante amélioration des pratiques et des expériences d’allaitement après une formation appropriée. Dans cette optique, la présente démarche visait à documenter la situation de la formation en matière d’allaitement dans divers établissements d’enseignement offrant une formation qualifiant au droit de pratique en santé au Québec.

Description et population visée

Ce projet a été mis en place pour sensibiliser les acteurs concernés et servir de tremplin en vue d’une harmonisation des compétences minimales en allaitement du personnel de santé dans la province. Il cible d’abord les programmes collégiaux et universitaires de formation en médecine, sciences infirmières, pratique sage-femme, nutrition, dentisterie, pharmacie et chiropractie.

Méthode

Un sondage électronique a été réalisé entre mai 2011 et janvier 2012 auprès des responsables dans les programmes de formation précités. La grille du sondage comportait 18 items, dont 9 étaient associés aux aspects cliniques de la gestion de l’allaitement et 9 à ses aspects théoriques. Pour chacun, les répondants devaient indiquer si l’item était traité ou non à l’intérieur du curriculum, et le cas échéant, s’il l’était de façon obligatoire ou facultative et le temps qui lui était consacré. Deux questions ouvertes permettaient aussi de savoir si la formation comprenait des stages ou des ateliers pratiques en lien avec l’allaitement, de même que le type de soutien qui pourrait être utile aux établissements pour bonifier la formation offerte. Les réponses ont été compilées et analysées séparément pour chaque profession.

Résultats et outils développés

Les réponses obtenues de 38 répondants, représentant 28 programmes dans 6 professions, incitent à croire que la formation en matière d’allaitement pourrait être améliorée. Les résultats amènent à constater l’insuffisance marquée, mais aussi l’hétérogénéité de la formation dans plusieurs cas. Tous les programmes examinés semblent loin de répondre aux recommandations d’organismes reconnus comme l’Organisation mondiale de la santé, l’American Academy of Pediatrics et l’Academy of Breastfeeding Medicine. Bien que tous les programmes n’aient pu être rejoints, il serait surprenant que ceux qui n’ont pas répondu montrent de meilleurs résultats. Le taux de réponse (75 %) et les échanges au cours du sondage permettent de confirmer l’intérêt pour le sujet dans plusieurs des programmes consultés.

Conclusion et recommandations

Une formation qualifiante axée sur les Dix conditions pour le succès de l’allaitement, reposant sur une approche interdisciplinaire de promotion de la santé axée sur les besoins des mères et des familles, est essentielle à l’intégration réussie des diverses recommandations de formation, ainsi qu’à la prestation de soins de qualité durant le continuum périnatal.