Perspective de genre de l'indigence au Burkina Faso

Patricia Grant
Valéry Ridde
Abel Bicaba
Yamba Kafando, Issa Sombié

Contexte :
Au Burkina Faso, l'accès au système de santé est payant (paiement direct) et ceux qui ne sont pas en mesure de le faire sont donc exclus. Afin de réduire les inégalités d'accès aux soins, une recherche a été entreprise afin de rendre compte des critères qui permettraient de sélectionner les indigents pouvant bénéficier de l'exemption de ce paiement.

Méthode :
Une collecte de données a été réalisée par la méthode de la cartographie conceptuelle. Cette technique permet d'atteindre un consensus de groupe afin de créer une liste de critères et des regroupements de ces critères dans des grappes homogènes. Deux séances de deux jours ont été organisés auprès d'agents du district sanitaire de Ouargaye, soit des infirmiers chef de poste (n=24) et des sages-femmes/accoucheuses (n=23).

Résultats :
L'analyse de l'ensemble des résultats met en évidence que le groupe constitué des femmes accorde une importance beaucoup plus grande à la problématique des femmes et des enfants indigents, alors que les hommes survolent de manière plus générale tous les groupes de la société burkinabè. Les conclusions de cette étude permettent de fournir une première réponse aux autorités sanitaires, basée sur des données probantes, quant à un possible guide de sélection des indigents et d'une liste de critères applicables à l'échelle du pays.

Conclusion :
Les 3 critères d'indigence considérés comme les plus importants par les infirmiers, sur un total de 109 énoncés, sont : souffrir de maladie mentale sans soutien (4,77/5), n'avoir aucun soutien pour payer ses soins (4,73/5) et être un épileptique abandonné (4,73/5). Les sages-femmes/accoucheuses suggèrent plutôt, sur un total de 98 énoncés, que les 3 critères d'indigence les plus importants sont : être gravement atteint de maladies chroniques et sans soutien (4,74/5), être une folle errante (4,52/5) et être une personne abandonnée (4,48/5). 7 grappes ont été formées pour les infirmiers, celles regroupant les critères en lien avec le fait d'être un malade sans soutien (4.06/5) et d'être victime ou rejeté par la société (3,17/5) étant les plus importants. Les énoncés des sages-femmes/accoucheuses furent plutôt regroupés en 6 grappes, dont les thèmes ayant prépondérance sont les handicapés pauvres (3,69/5) et les malades sans soutien (3,65/5).