Surpeuplement des logements et stress chronique au Nunavik

Mylene Riva
Pierrich Plusquellec, Robert-Paul Juster, Elhadji A. Laouan-Sidi, Belkacem Abdous, Michel Lucas, Serge Dery, Éric Dewailly

 

Contexte :
Les conditions inadéquates des logements atteignent des proportions alarmantes dans plusieurs communautés des Premières Nations et inuites. En 2006, au Nunavik, 49 % de la population rapportait vivre dans des logements surpeuplés. Cette situation compromet la santé des Nunavimmiuts. En effet, de nombreuses études démontrent que le surpeuplement des logements est associé à une vaste gamme d’issues de santé, p.ex. : maladies infectieuses et des voies respiratoires, surtout chez les enfants; détresse psychologique et comportements agressifs; développement, comportement et succès scolaire des enfants; accès et maintien d’un emploi. Il est possible que des logements surpeuplés influencent la santé à travers des processus reliés au stress chronique. Cette étude examine si vivre dans un logement surpeuplé est une source de stress chronique pour les Nunavimmiuts.

Méthode :
Des données pour 839 Nunavimmiuts âgés de 18 ans et plus proviennent de l’Enquête de santé auprès des Inuit du Nunavik de 2004. Les données ont été collectées par questionnaires et lors d’évaluation clinique.

Résultats :
Le stress chronique est mesuré par le concept de la charge allostatique, qui représente des dérèglements physiologiques multi-systémiques en réponse aux exigences environnementales, tel vivre dans un logement surpeuplé. Un indice de charge allostatique a été créé à partir de 14 indicateurs physiologiques des systèmes cardiovasculaire, métabolique, immunitaire/inflammatoire et neuroendocrinien, ainsi que des mesures anthropométriques. Un logement est défini comme étant surpeuplé s’il comprend plus d’une personne par pièce. Les données ont été analysées à l’aide de modèles de régression ajustés pour certaines variables sociodémographiques (âge, sexe, revenu, alimentation et pratique d’activités traditionnelles de chasse et de pêche).

Conclusion :
Les résultats démontrent que les Nunavimmiuts vivant dans des logements surpeuplés ont une charge allostatique significativement plus élevée que ceux qui résident dans des logements non surpeuplés, indépendamment de leurs caractéristiques sociodémographiques. Vivre dans un logement surpeuplé est particulièrement associé à une charge allostatique plus élevée chez les femmes.