Mathieu Roy
Lise Gauvin
Contexte :
L'insatisfaction corporelle mesure la dimension attitudinale du concept multidimensionnel d'image corporelle et correspond à la distance entre le corps perçu et idéal. Cette communication poursuit deux objectifs: (1) identifier les associations entre différents degrés d'insatisfaction corporelle et la fréquence d'utilisation de comportements liés au poids et à l'alimentation et (2) examiner le rôle modérateur d'un objectif de poids dans ces associations.
Méthode :
Des analyses secondaires de données provenant de l'Enquête sociale et de santé auprès des enfants et adolescents québécois (1999) ont été réalisées. Les mesures comprenaient une variable caractérisant la concordance de l'objectif de poids poursuivi au poids actuel, la fréquence d'utilisation de comportements alimentaires et un indicateur reflétant différents degrés d'insatisfaction corporelle. Des analyses de régressions logistiques et ordinales multiniveaux ont été effectuées.
Résultats :
Les résultats indiquent qu'une insatisfaction corporelle exprimant une perte de poids est associée à une utilisation plus fréquente de comportements sains et malsains chez les adolescentes. Chez les adolescents, toute insatisfaction corporelle est associée à une augmentation des comportements malsains. Des niveaux d'insatisfaction corporelle plus extrêmes (perte importante de poids chez les adolescentes et gain important de poids chez les adolescents) sont associés à une utilisation plus fréquente de comportements déviants. La poursuite d'un objectif de poids non-apparié au poids actuel constitue une variable modératrice: les adolescent(e)s insatisfaits de leur corps et poursuivant un objectif de poids non-apparié au poids actuel ont une probabilité plus élevée d'utiliser plus fréquemment des comportements malsains comparativement aux adolescent(e)s insatisfaits de leur corps mais poursuivant un objectif de poids apparié à leur poids.
Conclusion :
Les adolescentes insatisfaites de leur corps utilisent des comportements sains et malsains pour atteindre la silhouette jugée idéale alors que les adolescents utilisent davantage de comportements malsains. La poursuite d'un objectif de poids non-apparié au poids actuel est associé à une fréquence plus élevée d'utilisation des comportements malsains chez les adolescent(e)s insatisfait(e)s de leur corps. Des données issues d'un devis longitudinal permettraient d'examiner la séquence temporelle entre les variables. Des recherches qualitatives permettraient aussi de formuler des hypothèses quant aux processus psychosociaux expliquant les associations observées.