Exposition environnementale aux phtalates chez la femme enceinte

KI Sokoloff
WD Fraser
MF Bouchard 

Contexte :
La littérature scientifique abonde sur les faits et hypothèses d’une relation entre certaines maladies ou dysfonctions infantiles et l’exposition périnatale à des facteurs de stress externes, dont les polluants chimiques. Parmi ceux-ci, les phtalates reconnus pour perturber l’activité hormonale hormones nécessaire au maintien de la grossesse et au développement du fœtus. Leur utilisation dans les produits de consommation courants explique leur omniprésence dans l’environnement et les tissus humains.

Objectifs :
Vérifier les niveaux d’exposition aux phtalates chez la femme enceinte et identifier leurs sources.

Méthode :
Les données proviennent de l’étude MIREC (Maternal Infant Research on Environmental Chemicals 2008-2012) où 2 000 femmes enceintes sont suivies sur 10 centres. Onze produits urinaires (MBP, MBzP, MCHP, MCPP, MOP, MEHHP, MEHP, MEOHP, MEP, MMP, MNP) de 8 phtalates (BNP, BBzP, DCHP, DOP, DEHP, DEP, DMP, DNIP) ont été mesurés au premier trimestre de grossesse.

Résultats :
La limite de détection (LOD) varie par phtalate (0,2 à 0,7 μg/L). La proportion d’échantillons >  LOD se situe à près de : 100 % pour les MBP, MEOHP et MEP, 99 % pour les MBzP et MEHHP, 98 % pour le MEHP, et 85 % pour le MCPP. Les concentrations médianes les plus élevées, de l’ordre de 30 à 1 μg/L, sont celles des métabolites des DEHP, DEP, DBzP, et DOP : MEP, MBP, MEHHP, MEOHP, MBzP, MEHP, et MCPP. Celles des MMP, MCHP, MNP et MOP n’ont pas été déterminées car moins de 15 % des échantillons sont > LOD. Les sources identifiées a priori dans la littérature pour les DEHP, DEP, DBzP, et DOP sont : fragrances, produits flexibles en PVC, déodorants, gels et mousses et fixatifs pour cheveux, shampoings, savons, vernis à ongle, lotions pour corps, encres d’imprimante et insecticides.

Conclusion :
Les niveaux mesurés chez la femme enceinte au Canada sont généralement inférieurs à ceux rapportés dans la littérature pour le territoire nord-américain. La connaissance des sources et des niveaux d’exposition associés aux effets néfastes permettra de réduire l’exposition durant la grossesse par des normes protégeant la santé du fœtus.