Un indicateur du fardeau de la maladie au Québec

Sylvie Martel, Colin Steensma 
 

Contexte :
Au début des années 90, l’indicateur années de vie corrigées de l’incapacité (AVCI) a été élaboré afin de répondre au besoin de données pour la prise de décision en santé à l’échelle internationale. Depuis, plusieurs pays ont utilisé cet indicateur pour produire des estimations spécifiques à leur territoire. Les AVCI permettent de comparer les estimations produites pour différentes maladies et d’ordonner leurs impacts sur l’état de santé de la population étudiée en considérant à la fois la mortalité et la perte de santé fonctionnelle. Les objectifs sont d’introduire les AVCI au Québec et d’adapter la méthodologie pour produire des estimations québécoises.

Méthode :
Les AVCI résultent de la somme des années vécues avec de l’incapacité (AVI) et des années de vie perdues (AVP). Ces dernières sont estimées pour le Québec au cours de la période 2002-2006 à l’aide de données québécoises et de l’Organisation mondiale de la santé pour le suicide et neuf maladies chroniques.

Résultats :
Les maladies étudiées représentent 59 % des AVCI au Québec dont 66 % des AVP. Le fardeau le plus élevé est causé par les tumeurs, les cardiopathies ischémiques (CI) et les troubles mentaux et du comportement (TMC). Le suicide, les MH, les tumeurs, les CI et les maladies vasculaires cérébrales ont un impact plus important sur la mortalité alors que les TMC et l’ostéoarthrite affectent davantage la santé fonctionnelle. Chez les femmes, les tumeurs et le suicide, et chez les hommes le suicide, sont des causes de mortalité prématurée. Le suicide et les TMC affectent davantage les 15 à 29 ans.

Conclusion :
Les AVCI représentent une façon alternative de présenter un portrait global de l’état de santé de la population avec de l’information existante provenant de différentes sources. Parmi les avantages de cet indicateur se trouvent un découpage intéressant de l’information par maladie, sexe et âge, mais aussi par composante de mortalité et de santé fonctionnelle. De plus, son utilisation mondiale assure une amélioration constante de la méthodologie. Il peut également être utilisé pour évaluer le fardeau d’un plus vaste éventail de problèmes de santé, facteurs de risque et certaines caractéristiques socioéconomiques de la population.