Catherine Dea
Julie Loslier, François Milord, Robert Williams, en collaboration avec le CSCom de Ségué et l'ONG Sahel 21
Contexte et objectifs
La malnutrition est un important problème de santé publique dans les pays à faible revenu, où elle est responsable du décès d’environ 1 million d’enfants par année. Au Mali, un programme de prise en charge communautaire de la malnutrition aiguë (PECMA) a été implanté en 2007, mais la couverture est très variable à travers le pays. Cette étude vise à décrire les facteurs expliquant la faible participation à la PECMA dans l’aire de santé de Ségué au Mali.
Méthode
Un devis qualitatif s’inspirant de l’ethnographie et s’appuyant sur les principes de l’évaluation participative a été utilisé. La population visée était constituée de l’ensemble des acteurs locaux impliqués dans les interventions nutritionnelles de l’aire de Ségué. Plus spécifiquement, des professionnels de la santé (n=4), des intervenants d’une ONG locale (n=2), des agents de santé communautaire (n=8) et des parents de jeunes enfants de l’aire de Ségué (n=24) ont été recrutés pour participer à l’étude. La méthodologie s’est basée sur la triangulation de trois sources de données différentes : entrevues semi-dirigées, observation participante et révision de documents locaux portant sur le programme. La tenue d’un journal de bord a permis de consigner des notes de terrain et les réflexions de l’équipe de recherche. L’analyse thématique inductive et comparative des sources de données a été utilisée pour identifier les principaux facteurs expliquant le manque de participation au programme, puis les résultats ont été validés par quelques acteurs locaux.
Résultats et outils développés
D’une part, les facteurs environnementaux influençant le plus significativement la couverture de la PECMA sont d’ordre économique (coûts des prescriptions et du transport), géographique (temps et distance pour déplacement au centre de santé) et socioculturel (relations hommes-femmes, faible valorisation de la prévention, consultation du guérisseur traditionnel). D’autre part, de grandes variations ont été mises en évidence entre et à l’intérieur des villages concernant les connaissances, les attitudes et les pratiques en lien avec la malnutrition. La méconnaissance de la population des causes et des conséquences de cette maladie entraîne souvent un sentiment de honte chez les parents d’enfants malnutris. Par ailleurs, cette étude a révélé que plusieurs activités du programme ne sont pas bien implantées dans l’aire de Ségué, avec d’importantes différences entre les villages. Un fort leadership et de fréquentes séances de sensibilisation par les ASC permettent une mobilisation communautaire pour la problématique de la malnutrition et une meilleure couverture du programme de PECMA.
Conclusion et recommandations
Cette étude qualitative a permis d’identifier plusieurs facteurs environnementaux et individuels pour expliquer le manque de participation à la PECMA dans l’aire de santé de Ségué au Mali. Des recommandations sont formulées pour augmenter la couverture du programme et renforcer les capacités locales. Les retombées de cette étude pourraient permettre de renforcer les interventions nutritionnelles dans les régions rurales des pays à faible revenu.