Rétroaction sur la vaccination : faisabilité et impact

Chantal Sauvageau, MD, M.Sc., FRCP(C)
Manale Ouakki, MSc., Diane Audet, BSC. inf., 
Colette Couture, BSc. inf., Alain Paré, BSc. inf., 
Marilou Kiely, BSc., Geneviève Deceuninck, MD, MSc.

Contexte :
La vaccination représente une des interventions de santé publique les plus efficaces. Des couvertures vaccinales élevées et le respect du calendrier de vaccination sont requis pour obtenir tous ses bienfaits. La rétroaction faite aux vaccinateurs est reconnue comme une des stragéies efficaces pour augmenter les couvertures vaccinales, mais son implantation n'a pas été évaluée dans le contexe québécois. Cette étude visait à évaluer la faisabilité et l'impact sur les retards vaccinaux d'une rétroaction personnalisée réalisée auprès d'intervenants en vaccination.

Méthode :
En avril-mai 2008, une rétroaction personnalisée d'une heure a été réalisée auprès des médecins, infirmières et secrétaires de cliniques médicales vaccinatrices de la région de la Capitale-Nationale (C-N). La rétroaction, réalisée par un médecin et une infirmière de la Direction de santé publique (DSP), portait sur les retards vaccinaux (à une semaine et à un mois post âge recommandé) de la clientèle de la clinique pour les vaccins administrés à deux mois et à un an. Les données présentées portaient sur l'année 2007 et provenaient du registre de vaccination de la C-N. Pour l'année suivant l'intervention, la mesure des retards vaccinaux a été répétée. Une analyse de la faisabilité en terme de ressources nécessaires ainsi qu'une analyse d'impact avec un devis avant-après ont été réalisées.

Résultats :
Parmi les 12 cliniques vaccinant le plus dans la C-N, 10 ont accepté de participer au projet. La préparation et la réalisation des rétroactions ont demandé la contribution d'un médecin (42 heures), de deux infirmières (48 heures), d'une statisticienne (42 heures) et d'une agente de recherche (70 heures). Le coût associé aux rencontres dans les cliniques (matériel, déplacements et repas) a été estimé à 10 000$. Selon les résultats préliminaires, 94% des vaccins administrés à deux mois (DCaT-Polio-Hib) et 77% de ceux administrés à un an (méningocoque) respectaient le calendrier vaccinal (moins d'un mois de retard) et ce, avant et après l'intervention.

Conclusion :
L'étude a démontré qu'il était faisable pour une DSP, lorsque les données vaccinales sont disponibles, de réaliser une rétroaction personnalisée à ses principales cliniques vaccinatrices. L'impact d'une intervention isolée et non soutenue n'a toutefois pas démontré d'impact sur les retards vaccinaux des cliniques visitées.