Étude comparative de la santé mentale des femmes enceintes selon leur statut d'emploi

Aïssatou Fall, Lise Goulet, Michel Vézina
 

Contexte :
Notre étude a pour objectifs: de comparer la santé mentale dans différents sous-groupes de femmes enceintes: femmes au foyer, femmes au travail, femmes en arrêt de travail, femmes aux études et de rechercher les facteurs de risque associés aux symptômes de dépression et de dépression majeure.

Méthode :
Les données de l'Étude Montréalaise sur la Prématurité ont été analysées. 5337 femmes enceintes recrutées dans quatre hôpitaux de l'île de Montréal ont été interviewées à 24-26 semaines de grossesse, entre mai 1999 et avril 2004. L'échelle CES-D (Center for Epidemiological Studies Depression Scale) a été utilisée pour mesurer les symptômes de dépression (score CES-D =16) et de dépression majeure (score CES-D =23). Des modèles de régression logistique multivariés hiérarchiques ont été construits pour identifier les variables associées aux symptômes de dépression et de dépression majeure.

Résultats :
Sur les 5337 femmes enceintes, 16.7% étaient des femmes au foyer, 47.1% des femmes au travail, 31.2% des femmes en arrêt de travail et 5% des femmes aux études. Les prévalences des symptômes de dépression et de dépression majeure étaient respectivement de 25.3% et 11.9% pour l'ensemble des femmes enceintes. Les femmes enceintes au travail en raison du "Healthy Worker Effect" avaient une meilleure santé mentale (19.5% pour CES-D =16 et 7.6% pour CES-D = 23) par rapport aux autres sous-groupes. Les femmes enceintes au foyer avaient les prévalences les plus élevées (35.0% pour CES-D =16 et 19.1% pour CES-D = 23), suivi des femmes enceintes aux études (31.8% pour CES-D =16 et 14.3% pour CES-D = 23) et des femmes enceintes en arrêt de travail (28.0% pour CES-D =16 et 14.4% pour CES-D = 23). Les facteurs de risque individuels (non professionnels) associés aux symptômes de dépression ou de dépression majeure étaient le fait d'avoir manqué d'aide, d'avoir vécu au moins deux événements aigus stressants depuis le début de la grossesse, le pays de naissance, les difficultés relationnelles avec son partenaire. Tandis qu'un haut niveau d'éducation, une estime de soi, un optimisme et un engagement pour la grossesse élevés étaient des facteurs protecteurs.

Conclusion :
Des mesures de prévention, de détection et d'intervention sont nécessaires pour réduire la prévalence des problèmes de santé mentale pendant la grossesse.