Les inégalités sociales de mortinaissances selon la scolarité de la mère: tendances au Québec de 1981 à 2009

Noémie Savard
Nathalie Auger
Alison L. Park
Ernest Lo
Jérôme Martinez

Contexte :
Les mortinaissances représentent un fardeau important en santé publique. Des inégalités de scolarité maternelle pour les mortinaissances ont été documentées dans plusieurs pays, incluant le Québec. Cependant, les tendances temporelles de ces inégalités, en particulier selon la cause de mortinaissance, sont moins connues. Une compréhension de ces tendances, ainsi que des causes de mortinaissance les plus fortement associées à la scolarité de la mère, est importante pour planifier et évaluer des programmes et interventions visant à diminuer les inégalités sociales de mortalité périnatale. Notre objectif était donc d’étudier les tendances temporelles des inégalités de scolarité maternelle pour les mortinaissances, toutes causes et par cause, pour les trois dernières décennies au Québec.

Méthode :
Nous avons inclus 2 397 971 naissances vivantes et 9 983 mortinaissances du Québec de 1981 à 2009. Pour chaque décennie, nous avons obtenu un indice d’inégalité relative (« relative index of inequality », RII) et un indice d’inégalité absolue (« slope index of inequality », SII) pour l’association entre la scolarité maternelle et les mortinaissances (toutes causes et par cause), en ajustant pour les caractéristiques maternelles.

Résultats :
Les taux de mortinaissance ont diminué pour tous les niveaux de scolarité. L’inégalité absolue de scolarité est demeurée stable (SII 2,5 pour 1 000 naissances, intervalle de confiance à 95 % 2,1-2,8; périodes combinées), tandis que l’inégalité relative a augmenté (RII 1,8 à 2,3). L’inégalité absolue a diminué pour les mortinaissances causées par un décollement placentaire (SII 0,6 à 0,3), mais a augmenté pour les causes non-spécifiées (SII 0,2 à 0,7), ce qui explique pourquoi le SII total est resté stable.

Conclusion :
L’inégalité absolue de scolarité pour les mortinaissances a persisté et l’inégalité relative a augmenté au cours des trois dernières décennies, malgré une diminution des taux de mortinaissances. La diminution de l’inégalité pour les décollements placentaires a été compensée par une augmentation pour les causes non-spécifiées. La prochaine étape à privilégier serait l’identification de conditions obstétricales et de facteurs de risque associés aux mortinaissances de cause non-spécifiée, afin de planifier des interventions appropriées et de mieux appréhender les inégalités de scolarité pour les mortinaissances.