Carl-Etienne Juneau
Louise Potvin
Contexte :
D'après des données d'enquête fédérale, en 2004, les Canadiens ne mangeaient pas plus qu'en 1972. D'autres données, elles aussi tirées d'enquêtes fédérales, montrent qu'entre 1981 et 2000 les Canadiens sont devenus de plus en plus actifs durant leurs loisirs. Or, entre 1978 et 2004, la prévalence de surpoids (embonpoint et obésité combinés) est passée de 49,2 % à 59,1 %. Comment expliquer ces observations apparemment contradictoires? Nous avons fait l'hypothèse que bien qu'ils soient devenus plus actifs durant leurs loisirs, les Canadiens seraient devenus plus sédentaires dans d'autres sphères de leur vie (c'est-à-dire au travail et durant les transports).
Méthode :
Nous avons examiné l'évolution temporelle des habitudes d'activité physique des Canadiens durant les loisirs, les transports et au travail entre 1994 et 2005 à l'aide des données des trois Enquête nationale sur la santé de la population et des trois Enquêtes sur la santé dans les communautés canadiennes.
Résultats :
Entre 1994 et 2005, la proportion de Canadiens sédentaires durant les loisirs a diminué chez les hommes (-6,7 %) et les femmes (-12,1 %). Durant cette même période, la proportion de Canadiens sédentaires durant les transports a diminué chez les hommes (-12,7 %) et les femmes (-9,6 %). Enfin, durant cette même période, la proportion de Canadiens sédentaires au travail a augmenté chez hommes (+6,1 %) et les femmes (+4,3 %).
Conclusion :
Nos analyses concordent avec d'autres ayant porté sur l'activité physique de loisir. Elles indiquent également que les Canadiens étaient plus actifs durant les transports en 2005 qu'en 1994. En outre, elles montrent que la population canadienne était moins active au travail en 2005 qu'en 1994. Puisque le travail occupe la plus grande partie de la journée pour une majorité de Canadiens, il est possible que cette augmentation de la sédentarité au travail explique une partie de l'augmentation de la prévalence de surpoids au Canada entre 1975 et 2000. L'augmentation de la sédentarité au travail semble par conséquent un phénomène potentiellement intéressant pour les chercheurs préoccupés par l'épidémie de surpoids et pour les praticiens en promotion de l'activité physique.