Mélissa Généreux
Pascale Leclerc
Lucie Bédard
Robert Allard
Contexte :
La récidive de chlamydiose est un problème de santé publique préoccupant mais peu étudié au Canada. Nous en avons examiné l'ampleur et les déterminants individuels et contextuels à partir de données longitudinales tirées du registre des maladies à déclaration obligatoire (MADO).
Méthode :
Nous avons conduit une étude de cohorte rétrospective de toutes les personnes âgées de =10 ans à Montréal et ayant =1 épisode de chlamydiose confirmé en laboratoire et déclaré à la Direction de santé publique de Montréal entre 1988 et 2007 (n=45 108). Parmi ces personnes, celles ayant une adresse de résidence valide (n=30 886) ont été suivies 2 ans ou jusqu'à un 2e épisode de chlamydiose (e.g., récidive). Les déterminants de la récidive de chlamydiose examinés étaient le genre, l'âge, l'année, le secteur géographique (sud, nord, est, ouest) et les antécédents de MADO [infections transmises sexuellement (ITS), entériques et évitables par la vaccination]. Une analyse de régression multivariée de Cox, stratifiée selon le groupe d'âge (<25 ans et =25 ans), a été utilisée pour modéliser le temps de récidive.
Résultats :
Nos résultats appuient la nécessité d'interventions plus intensives ciblant certains sous-groupes à plus haut risque. Ainsi, les jeunes femmes du secteur sud de Montréal pourraient être contactées par les autorités de santé publique rapidement après une première déclaration de chlamydiose. Cette intervention pourrait comporter la notification et le traitement des partenaires sexuels, la promotion de pratiques sexuelles sécuritaires ainsi qu'une évaluation du risque.
Conclusion :
Nous avons estimé un taux de récidive de chlamydiose global de 6,4% sur 2 ans. Dans chaque groupe d'âge, le taux de récidive était plus élevé après 1995 [risque relatif ajusté (RRA) 2,08]. Chez les <25 ans, un 2e épisode était significativement plus fréquent chez les femmes (RRA 1,59) et les adolescents (10-14 ans: RRA 3,01; 15-19 ans: RRA 1,81). Les résidents du secteur sud de Montréal étaient plus à risque de récidive au cours des 6 mois suivant l'épisode initial (RRA 1,44), mais étaient ensuite moins à risque de récidive (RRA 0,71). Chez les =25 ans, un antécédent d'ITS augmentait significativement le risque de récidive (RRA 1,92).