Catherine Nadeau, France Légaré, Stéphane Turcotte, Michel Labrecque
Contexte :
En 2010-2011, une étude évaluait l’impact d’une formation médicale continue en prise de décision partagée à l’égard de l’utilisation d’antibiotiques pour les infections aiguës des voies respiratoires (IAVR). Cette recherche repose sur l’hypothèse que la prise de décision partagée amènera une réduction de l’utilisation des antibiotiques pour traiter les IAVR en optimisant cette utilisation et donc, contribuera à l’amélioration de la santé de la population. Dans le cadre de cette étude, nous avons évalué l’intention des médecins de s’engager dans la prise de décision partagée dans ce contexte clinique ainsi que ses déterminants.
Méthode :
Cet essai pragmatique clinique randomisé par grappe a été mené dans les unités de médecine familiale associées (UMF) au Département de médecine familiale et médecine d’urgence de l’Université Laval. Les participants étaient les résidents et les médecins enseignants de ces UMF. Un questionnaire auto-administré mesurant l’intention des médecins de s’engager dans la prise de décision partagée dans le contexte d’une décision portant sur l’utilisation d’antibiotiques pour les infections aiguës des voies respiratoires a été distribué. Les données étaient recueilles avant et après la formation médicale continue. Par le biais de 15 items, nous avons mesuré l’intention, la norme subjective, l’attitude (cognitive et affective) et la perception de contrôle en lien avec l’intention. Une analyse multi-variée a été réalisée.
Résultats :
Un total de 259 médecins ont complété le questionnaire avant la formation et 231 après celle-ci. Sur une échelle de -3 à +3, la moyenne de l’intention avant la formation était de 1.6 ± 0.9 pour le groupe contrôle et de 1.6 ± 0.8 pour le groupe expérimentale. Il n’y a pas eu de différence significative pour l’intention entre le groupe contrôle et le groupe expérimentale après la formation (respectivement m = 1.8 et m = 1.7, p = 0.4). Le modèle finale montre que l’attitude cognitive (β = 0.32, p < 0.0001), la norme subjective (β = 0.18, p < 0.0001) et la perception de contrôle (β = 0.41, p < 0.0001) étaient corrélées significativement avec l’intention. Le modèle expliquait 68% de la variance totale de l’intention.
Conclusion :
Globalement, les médecins avaient une intention forte de s’engager dans la prise de décision partagée au départ et a été peu influencée par la formation. La perception de contrôle a été le déterminant majeur de cette étude. Cela suggère qu’une intervention pour amener les médecins à s’engager dans la prise de décision partagée dans ce contexte doit permettre de contourner les obstacles perçus.