Les facteurs associés à la sécurité alimentaire des Québécois en 2004

Carole Blanchet
Louis Rochette

 

Contexte :
L'insécurité alimentaire soulève des questions culturelles, économiques et sociales. En 2004, 8 % des ménages québécois ont vécu l'insécurité alimentaire qui affectait non seulement les adultes québécois mais aussi les enfants. L'objectif général de notre étude était de vérifier la prévalence de l'insécurité alimentaire chez les ménages québécois selon certaines variables socioéconomiques afin d'identifier les groupes les plus touchés.

Méthode :
Les données analysées ont été collectées lors de l'Enquête de santé dans les collectivités canadiennes menée par Statistique Canada en 2004 (ESCC, cycle 2.2). La population visée par cette étude concerne l'ensemble des ménages québécois. La situation de sécurité alimentaire vécue au cours des douze mois précédant l'enquête a été mesurée par 18 questions tirées du module de l'enquête américaine sur la sécurité alimentaire des ménages (MESAM). Les variables socioéconomiques retenues sont le revenu et la source de revenu du ménage, la structure, la taille, le nombre d'enfants et la scolarité du ménage, la propriété ou non d'un logement et l'indice de défavorisation matérielle et sociale. Certaines habitudes alimentaires ont été vérifiées. L'analyse de variance et le test du chi carré ont été utilisés pour les comparaisons statistiques.

Résultats :
En 2004, la prévalence de l'insécurité alimentaire modérée dans les ménages québécois se chiffrait à 6,0% et l'insécurité grave à 2,3%. L'insécurité alimentaire était plus élevée chez les adultes que chez les enfants et elle était marquée chez les ménages à très faible revenu ou ceux vivant de l'aide sociale ainsi que chez les ménages non propriétaires de leur logement. De plus, le fait de vivre seul ou en famille monoparentale, et dirigée notamment par une femme, être moins scolarisé ou être défavorisé matériellement et socialement était positivement associé à l'insécurité alimentaire. La prise des trois repas et de collations la veille de l'enquête avait été moins fréquente chez les personnes ayant vécu l'insécurité alimentaire et ces dernières avaient consommé moins de fruits, de jus de fruits, mais plus de boissons sucrées.

Conclusion :
Ces résultats nous interpellent donc quant à la situation d'insécurité alimentaire vécue dans les ménages québécois et suggèrent que la santé nutritionnelle des personnes vivant dans ces ménages pourrait être compromise.