L'allaitement face aux inégalités sociales de santé

Corinne Delamaire
Christine César

 

Contexte :
L'allaitement étant un facteur de protection qui permet de contrer le poids de certains déterminants sociaux de santé, les objectifs de santé publique sont d'augmenter le taux d'allaitement et sa durée. Dans ce cadre, l'Institut national de Prévention et d'éducation pour la santé a mené une étude explorant les perceptions et pratiques en matière d'allaitement.

Méthode :
L'enquête s'est déroulée en 2009, par téléphone, auprès d'un échantillon représentatif de 1.008 femmes âgées de 18 à 49 ans et ayant au moins un enfant âgé de moins de 6 ans (échantillon construit selon la méthode des quotas).

Résultats :
Sur l'ensemble de l'échantillon, 70% des femmes déclarent avoir déjà allaité, surtout les cadres supérieures (82% versus 48% des ouvrières), les plus diplômées (74% versus 60% des non titulaires du baccalauréat) et celles disposant des plus hauts revenus (76% vs 65% des plus faibles revenus). Parmi celles qui ont allaité, 25% l'ont fait exclusivement au sein pendant au moins 6 mois. Il se dégage plusieurs leviers pour favoriser la pratique de l'allaitement, notamment par le biais d'un soutien via un numéro de téléphone ou un professionnel de l'allaitement (qui aurait intéressé 42% des femmes) et par le biais de l'allongement du congé maternité ; la durée de ce dernier semble jouer dans la décision d'allaiter, surtout chez les femmes disposant des revenus les plus faibles (93% versus 74% des plus hauts revenus) et chez les moins diplômées (91% versus 82% des titulaires d'un baccalauréat ou plus).

Conclusion :
Les résultats confirment l'influence du statut social sur les pratiques d'allaitement : les mères socio économiquement les plus favorisées sont les plus nombreuses à déclarer avoir allaité leur enfant et à s'être emparées de possibilités de soutien à l'allaitement. Aussi, promouvoir l'allaitement par des actions d'information doit-il prendre en compte les inégalités sociales de santé pour, d'une part, ne pas creuser les écarts entre groupes sociaux et, d'autre part, tenter de réduire ces écarts, par exemple via la mise en place de soutien de proximité au profit des populations défavorisées. Ce soutien peut notamment prendre la forme de réseaux d'accompagnantes à l'allaitement (mères volontaires et formées habitant le même quartier).