L'inégalité dans la qualité des soins maternels à Bamako

Aïssa Diarra

Contexte :
Dans les services de soins maternels à Bamako au Mali, les sages-femmes utilisent le terme « protégée » pour marquer le type de relation qu'elles entretiennent avec certaines usagères. Nous étudions ce type d'offre de soin pour comprendre les stratégies d?acteurs qui le sous-tendent.

Méthode :
Une micro-analyse des stratégies d'acteurs au plus près de la réalité des services de maternité permet d'examiner la diversité des contextes et des mécanismes de la délivrance des soins. Notre étude s'appuie sur les données issues d'une enquête qualitative faite d'entretiens auprès des soignants et des usagères, d'une observation de longue durée (au total deux ans) dans quelques structures de santé.

Résultats :
Améliorer la qualité et l'équité dans l'offre de soins implique de tenir compte de la variété des configurations (sociales, culturelles, économiques, psychologiques, religieuses) qui construisent au quotidien la mort maternelle. Pour cela, les approches qualitatives sont indispensables.

Conclusion :
Le premier registre de relation, réservé aux « protégées », s'inscrit dans une prise en charge forte : disponibilité totale des soignantes. L'autre registre est destiné aux femmes qui « vont comme ça » dans les structures de santé, c'est-à-dire celles qui sont pauvres et sans relations dans le service. Les actes de soins sont alors délivrés dans la négligence, l'indifférence, et les mauvais traitements sont banalisés dans ces services. Pour bénéficier d'un peu de considération, il faut connaître une soignante ou payer la protection recherchée. L'inégalité des soins que les usagères ne manquent pas de constater, et dans laquelle elles reconnaissent jouer un rôle, entraîne un sentiment d'injustice. Cependant les risques sont partout. La différence de traitement ou de « mal-traitance » n'est que de degré. On relève deux autres catégories de femmes aux extrémités de l'échelle sociale. D'un côté nous avons tout en haut les femmes nanties qui bénéficient de vrais privilèges accompagnés de soins de qualité. Celles-ci sont les « vrais protégées » du système de santé et ont souvent recours aux structures privées. De l'autre côté, tout en bas et souvent hors course se trouvent les femmes indigentes presque invisibles dans le système de soins.