L'accès aux urgences obstétricales : l'expérience de Kayes au Mali

Koman Sissoko, Mahamadou Hachimi, Diarrah Soumare
Bruno Dioma, Safoura Berthe, Karim Diakite
Odette Laplante, Pierre Fournier, Caroline Tourigny

Contexte :
Le taux de mortalité maternelle reste alarmant au Mali (464 pour 100 000 naissances en 2006) malgré les efforts. Un système de référence /évacuation pour urgences obstétricales, amorcé dans la région de Kayes depuis 2001, est lancé dans tous les districts depuis 2005. Bien que plusieurs évolutions positives soient survenues, le fonctionnement du système demeure critique, faute de financement des caisses de solidarité par les acteurs. L'accès aux soins obstétricaux d'urgence et l'issue des femmes en bénéficiant s'améliorent-t-ils ? Quelles sont les forces, faiblesses, opportunités et menaces?

Méthode :
Une évaluation du Système de référence évacuation, incluant des données quantitatives sur les urgences obstétricales depuis 2003 et des entrevues avec des prestataires et différents acteurs du système.

Résultats :
Le suivi évaluation amorcé avec l'Université de Montréal en 2004 a permis de démontrer et favoriser une augmentation de la couverture des urgences obstétricales et la réduction de la létalité des femmes et de leurs nouveau-nés. Les efforts doivent être intensifiés pour informer sur les signes de danger et faciliter l'accès pour les femmes avec accouchement difficile.

Conclusion :
Depuis 2003, le taux d'urgences obstétricales (1,3 à 3,0 % des accouchements attendus (AA) en 2007) et le taux de césariennes (de 0,5 à 1,2 % des AA) ont doublé mais les écarts entre les districts demeurent (0,8 à 2,2 % en 2007 comparé à 0,1 à 1,2 % en 2003 pour les césariennes). Une réduction de 50 % a été observée pour la létalité des femmes prises en charge pour une urgence (de 7,9 à 4 % en 2007) et pour les mortinaissances (33 à 25,4 % en 2007). Les forces sont la disponibilité de moyens de transport des parturientes et des kits césariennes dans tous les districts. Les faiblesses sont la faible mobilisation des quotte parts des acteurs, l'insuffisance d'information sur le SRE à tous les niveaux et la non-organisation du transport village-CSCOM. Les opportunités sont la gratuité de la césarienne, le développement de la téléphonie mobile, l'existence d'associations féminines dynamiques et la solidarité autour des urgences obstétricales au niveau communautaire. Les menaces sont l'absence de prise en compte prioritaire des problèmes de santé par les élus locaux et la méconnaissance de la population des signes de danger chez la femme enceinte.