Incidence des mésothéliomes au Québec et au Canada de 1984 à 2007, tendances et prévisions de 2008 à 2032

Alfreda Krupoves
Michel Camus 

 

Contexte :
Le mésothéliome fait partie des maladies que l’Institut national de la santé publique du Québec surveille. Ce cancer est un « marqueur » de l’exposition à l’amiante, car on retrouve une exposition antérieure à cette fibre chez plus de 80 % de cas. À ce titre, l’analyse de l’incidence du mésothéliome permet d’en évaluer l’évolution et indirectement l’évolution des expositions à l’amiante.

Méthode :
Les nouveaux cas de mésothéliome diagnostiqués de 1984 à 2007, provenant du Registre canadien du cancer, ont été identifiés par les codes C38.4 ou C38.8+905 de la 3e version de la Classification internationale des maladies pour l’oncologie (CIMO-3) pour le mésothéliome de la plèvre (MPL) et C48+905 pour le mésothéliome du péritoine (MPR).
Nous avons effectué une standardisation directe des taux pour la structure d’âge de la population de Québec (1996) et une régression de Poisson pour une analyse de cohorte de naissance.

Résultats :
Au Québec, 2 011 nouveaux cas de MPL et 206 nouveaux cas de MPR ont été diagnostiqués de 1984 à 2007. L’incidence du MPL a augmenté continuellement, mais en ralentissant, chez les deux sexes, au Québec ainsi qu’au Canada. Les taux de MPL ont atteint un sommet chez les Québécois (2,91/100 000 personnes-années) en 2005 et chez les Canadiens en 2007 (1,89/100 000 personnes-années). L’incidence du MPL au Québec était 1,45 (IC95%=1,37-1,54) fois plus élevée chez les hommes et 2,00 (IC95%=1,76-2,27) fois chez les femmes que chez leurs homologues canadiens. L’incidence du MPR était 1,36 fois plus élevée chez les hommes et les femmes du Québec par rapport au reste du Canada. L’incidence du MPL plus faible dans les groupes d’âge plus jeunes et chez les cohortes de naissance plus récentes indiquerait le début du ralentissement de cette épidémie. L’incidence du MPL chez les Québécois devrait atteindre un sommet (2,79/100 000 personnes-années) en 2008-2012 et commencerait à diminuer dès 2015. La faible incidence du MPR semble se maintenir, mais elle est trop peu élevée pour voir une tendance statistique.

Conclusion :
L’incidence du MPL a crû continuellement sur toute la période observée. Malgré le plafonnement prédit de l’incidence du MPL vers 2008-2012, son incidence demeurera élevée au Québec pendant plusieurs années encore. Ces tendances justifient de continuer la surveillance des nouveaux cas de mésothéliome et des expositions à l’amiante au Québec.