Fièvre Oropouche

Le virus Oropouche (Orthobunyavirus oropoucheense, VORO) est un arbovirus de la famille des Peribunyaviridae, genre orthobunyavirusLa zone endémique classique du VORO se trouve en Amérique du Sud dans le bassin amazonien, particulièrement au Brésil, en Colombie et au Pérou. Les réservoirs naturels du VORO sont des animaux sylvestres, comme les paresseux, les singes, les rongeurs et les oiseaux.

Transmission

Transmission zoonotique : La fièvre Oropouche est une maladie transmise par les piqûres d’arthropodes, principalement certaines espèces de moucherons (Culicoides paraensis) et de moustiques (Culex quinquefasciatus, Coquillettidia venezuelensis, Mansonia venezuelensis, et Aedes serratus). Ces espèces vectrices ne sont pas présentes actuellement au Québec.

Transmission interhumaine : Des cas de transmission verticale (de la mère au fœtus) ont été rapportés dans plusieurs études, dont certaines rapportaient des conséquences néfastes pour le fœtus : microcéphalie, dysgénésie du corps calleux, avortements spontanés. Cependant, d’autres études menés sur des femmes infectées durant leur grossesse n’ont révélé aucune conséquence pour la mère ni pour l’enfant. À l’heure actuelle, le lien entre l’infection de la mère et les conséquences chez l’enfant n’a pas été confirmé.   

Un rapport de cas rapporte aussi la présence d’ARN du VORO dans les liquides biologiques d’un patient infecté (sang, urine, sperme). Le virus retrouvé dans le sperme au 16e jour post-infection a été isolé en culture, ce qui dénote la présence du virus capable de réplication. Ceci soulève la possibilité que le virus puisse se transmettre par voie sexuelle, bien que cela n’ait pas encore été rapporté.

La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) a publié en avril 2025 un énoncé de position dans lequel elle fait état de l’avancement des connaissances au sujet de la transmission verticale, des recommandations aux voyageuses enceintes ainsi que le suivi obstétrical des femmes ayant contracté l’infection durant leur grossesse. Les recommandations touchant les voyageuses enceintes ont été intégrées à la section Prévention du présent chapitre.

Tableau clinique

La fièvre Oropouche est symptomatique chez 60 % des personnes infectées.  Les premiers symptômes apparaissent après une incubation de 3 à 10 jours, et s’apparentent à ceux de la dengue, du chikungunya ou du Zika : fièvre, céphalées, myalgies et arthralgies. D’autres symptômes sont possibles : douleurs rétro-orbitaires, douleurs abdominales, nausées et vomissements, photophobie et, à l’occasion, éruption cutanée habituellement de type maculopapuleuse. Les symptômes durent habituellement 3 à 6 jours.  Quelques jours à quelques semaines près la résorption des symptômes, 60 à 70 % des personnes affectées observerons une réapparition des symptômes de la maladie.

Les complications graves (encéphalite, méningite, syndrome de Guillain-Barré ou hémorragies) sont rares. Les facteurs de risque qui mènent à des complications de la maladie ne sont pas encore bien connus. En date d’août 2024, deux jeunes femmes préalablement en bonne santé sont décédées de la maladie au Brésil. Deux autres décès attribués au VORO ont également été rapportés par la suite. Par ailleurs, les personnes enceintes ne semblent pas présenter de tableau clinique plus grave.

Voir la section Transmission interhumaine pour les possibles complications chez les fœtus nés de personnes ayant contracté l’infection durant leur grossesse.

Le traitement de la maladie vise à soulager les symptômes. Il n'existe à ce jour aucun vaccin contre ce virus.

Épidémiologie et risques en voyage

Le VORO est endémique principalement dans le bassin amazonien. Depuis 2024, une transmission locale est toutefois observée en dehors de la zone endémique traditionnelle, avec une recrudescence des cas de fièvre Oropouche dans certains pays d’Amérique du Sud et Centrale (Brésil, Bolivie, Colombie, Équateur, Guyana, Panama, Pérou et Venezuela) et des Caraïbes (Barbade, Cuba et République dominicaine). Au total, 16 239 cas confirmés ont été rapportés en 2024 en Amérique.

Le risque d’infection au VORO est considéré faible chez les voyageurs, mais ce risque augmente chez les personnes qui font beaucoup d’activités extérieures, autant durant la journée que durant la nuit.

Prévention

Les personnes qui planifient séjourner dans une zone où des cas de transmission locale de fièvre Oropouche ont récemment été déclarés devraient être informées des mesures préventives suivantes :

  • Appliquer les mesures de protection personnelle contre les piqûres de moustiques (pouvant aussi s’appliquer plus largement aux arthropodes) :
    • Se protéger à toute heure du jour et de la nuit;
    • Les informations concernant les insectifuges et les modes d’application sont détaillées à la page web mentionnée ci-haut;
  • Privilégier les filets moustiquaires avec des mailles plus petites et si possible imprégnées d’insecticides.
  • Consulter un professionnel de la santé en cas de symptômes compatibles avec la fièvre Oropouche, durant le voyage et dans les deux semaines suivant le retour;
  • Privilégier l’acétaminophène pour le contrôle de la fièvre et des autres symptômes en zone tropicale. Éviter d’utiliser des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (ex : aspirine, ibuprofène, naproxène). La prise de ce type de médicament peut augmenter le risque d’hémorragie en cas d’infection.
  • Pour les personnes enceintes :
    • Envisager de reporter tout voyage non essentiel dans une zone en éclosion;
    • Appliquer des mesures de protection personnelle strictes contre les piqûres de moustiques pour les zones où l’on note la présence de la maladie.

Références

Auteurs
Comité consultatif québécois sur la santé des voyageurs

Collaborateurs
Bouchra Bakhiyi, Direction des risques biologiques
Judith Fafard, Laboratoire national de santé publique du Québec
Karl Forest-Bérard, Direction de valorisation scientifique et qualité
Christian Therrien, Laboratoire national de santé publique du Québec

Isabelle Boucoiran, Centre d’Infectiologie Mère-Enfant, Département d'Obstétrique-Gynécologie, CHU Sainte-Justine

Dernière mise à jour
Octobre 2025

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