Situation, orientation et guide d'intervention à la suite d'une exposition à risque avec un primate non humain
L’exposition à risque à un primate non humain se fait, dans la majorité des cas, par le biais de morsures. Les morsures de primates non humains semblent plus sérieuses et plus sujettes à l’infection que celles des autres animaux exotiques (Goldstein, 1992). Malgré l’administration prophylactique d’antibiotiques, une morsure de singe est souvent cause d’infection bactérienne et de complications (Goldstein et collab., 1995).
Cependant, l’intérêt de faire un Guide d’intervention lors d’exposition par morsure, contact percutané ou via une muqueuse avec un primate non humain (ou un liquide biologique d’un primate non humain) relève avant tout du risque de transmission du virus B reconnu endémique chez les macaques et causant une infection pouvant être mortelle pour l’homme. Le risque de transmission du virus de la rage et du tétanos est également présent.
À ce jour, il n’y a aucun vaccin ni immunoglobulines spécifiques disponibles pour prévenir l’infection humaine au virus B, mais un traitement avec des agents antiviraux peut être administré. La prévention de l’infection chez l’humain repose donc sur l’application stricte de mesures préventives et d’hygiène, la désinfection immédiate du point d’inoculation ainsi que l’administration d’une médication prophylactique, lorsqu’indiquée.
Au Québec, nous croyons que les expositions à risque avec un primate non humain surviennent principalement dans les laboratoires de recherche qui utilisent ces modèles d’animaux dont la grande majorité des espèces font partie du genre macaque. Elles surviennent aussi dans le contexte d’animaux de compagnie, malgré le fait que la loi interdise présentement la vente de singes à de telles fins (Fournier et Levesque, 2001). La prévalence élevée du virus B de même que leur comportement d’animaux mordeurs rendent les macaques tout à fait indésirables comme animaux de compagnie (Ostrowski et collab., 1998). Des expositions à risque peuvent également survenir lors de voyages à l’étranger.
En réponse à la déclaration de quelques cas de morsures de singes, entre autres dans les régions de Montréal, de Lanaudière et de la Montérégie, plusieurs interrogations ont surgi sur les interventions à effectuer et le rôle des organismes responsables des interventions. Ce Guide servira donc d’outil de référence pour le personnel médical responsable des soins à prodiguer aux personnes ayant subi une exposition à risque à un primate non humain. Bien que l’accent soit mis sur la prévention de la transmission du virus B, ce Guide renseigne également sur la prévention d’autres maladies infectieuses pouvant être transmises par le primate non humain.
Plusieurs travailleurs au Québec oeuvrent auprès de primates non humains, tant dans des laboratoires de recherche que dans des zoos et des parcs. Les mesures préventives appropriées ne sont pas toujours connues et appliquées (Brunet, 1998). Le Guide pourra donc aussi soutenir une intervention en cas d’exposition à risque dans les milieux de travail où aucune procédure n’existe. Il permettra, de plus, d’ajuster les mesures préventives existantes à celles qui sont recommandées.
Le groupe de travail a fait une revue de littérature sur la problématique et a pris les Guides existants. Une concertation entre les différents acteurs impliqués via le groupe de travail a également été faite afin de déterminer les responsabilités de chacun (MSSS, DSP, INSPQ, MAPAQ).
Ce guide d’intervention décrit donc la problématique, l’épidémiologie de l’infection au virus B, la prévention et le traitement de cette infection chez l’humain de même que la prévention des autres maladies transmissibles par le primate non humain et les mesures générales de prévention.