Approche de santé publique en prévention du suicide

En matière de prévention du suicide, l’approche de santé publique repose sur un continuum d’interventions complémentaires qui dépasse largement le cadre de l’offre de soins. Ces interventions visent à promouvoir la santé et le bien-être de l’ensemble de la population, quel que soit le niveau de risque, en agissant à l’échelle de la société et dans les milieux de vie tels que la communauté, l’école et la famille.

Les interventions peuvent être universelles lorsqu’elles s’adressent à l’ensemble de la population, sélectives lorsqu’elles s’adressent aux groupes présentant des besoins spécifiques ou des signes de détresse, et enfin, indiquées lorsqu’elles visent des individus spécifiques au sein de la population, notamment les personnes ayant déjà fait une tentative de suicide.

Au Québec, la Stratégie nationale de prévention du suicide 2022-2026 — Rallumer l’espoir a été réfléchie selon une approche de santé publique. Elle présente la prévention du suicide dans une optique de promotion de la santé mentale et de prévention des difficultés et de la détresse pour l’ensemble de la population. Elle rappelle également l’importance du soutien aux personnes qui présentent des comportements suicidaires ou à celles qui sont endeuillées par le suicide d’un proche

Trois piliers de la prévention du suicide

Plus spécifiquement, les stratégies de prévention du suicide reposent sur trois piliers :

  1. la promotion de la santé mentale et la prévention des troubles mentaux;
  2. la prévention des tentatives de suicide;
  3. le traitement des troubles mentaux, la prise en charge des comportements suicidaires et le soutien au rétablissement.

Un déploiement efficace des actions et des stratégies de prévention du suicide s’appuie sur un leadership fort, la mobilisation de personnel qualifié ainsi qu’un système de surveillance rigoureux de l’état de santé de la population.

1 - Promotion de la santé mentale et prévention des troubles mentaux

Ces interventions visent la création de milieux de vie sains et sécuritaires favorisant le bien-être et minimisant les risques de comportements suicidaires. Pour atteindre cet objectif, il est essentiel de mettre en place des politiques qui améliorent les conditions de vie (ex. : revenu, accès au logement, scolarisation, etc.), qui soutiennent le développement des enfants, la santé mentale, l’accès aux soins de santé et aux services sociaux.

La promotion d’interventions visant la réduction de l’usage nocif de substances psychoactives (ex. : accès aux services, réduction des méfaits, encadrement des pratiques de marketing, etc.) s’inscrit également dans une démarche de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux.

D’autres interventions peuvent viser à renforcer les capacités dans les milieux de vie comme la communauté, l’école ou le travail. Par exemple, il peut s’agir d’activités favorisant les liens sociaux au sein de la communauté, de campagnes d’information visant à contrer la stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes ou de demande d’aide. La promotion de conditions de travail réduisant les risques psychosociaux au travail , ou encore le développement de compétences personnelles et sociales des jeunes en milieu scolaire sont d’autres interventions pertinentes.   

Créer un milieu de vie favorable à la santé et au bien-être

L’établissement d’un climat qui favorise la sécurité, la bienveillance et le sentiment d’appartenance à l’école ainsi que le soutien à l’apprentissage socio émotionnel permet de promouvoir la santé mentale des élèves et agir sur les facteurs de protection du suicide. Pour en savoir plus, consultez notre publication Prévention du suicide en contexte scolaire : agir dans une perspective de santé publique (2025)

2 - Prévention des tentatives de suicide

Certaines interventions visent la prévention des tentatives de suicide. Elles incluent l’aide aux groupes à risque dans les milieux de vie (p. ex. : services de soutien aux groupes vivant des situations de vulnérabilité, services de postvention pour les personnes endeuillées ou touchées par le suicide, lignes téléphoniques d’urgence comme la ligne 1-866-APPELLE). Ces interventions comprennent également le repérage des personnes à risque et leur orientation vers les services adaptés. Ces services peuvent être implantés dans divers milieux de vie tels que l’école, le milieu de travail, les lieux de loisirs et de sports, ainsi que dans les services de soins primaires et de services d’urgence. 

Sentinelles en prévention du suicide

Ce sont des personnes volontaires de plus de dix-huit ans qui établissent le contact avec les personnes en détresse et assurent le lien entre celles-ci et les ressources d’aide du territoire. Les sentinelles sont susceptibles d’être en contact avec des personnes en détresse et à risque de comportements suicidaires, soit par leur travail, leurs activités bénévoles, la place qu’elles occupent dans leur milieu ou leur communauté, ou pour leurs qualités d’aidants naturels. Pour en savoir plus, consultez notre publication Capacité d’agir des sentinelles en prévention du suicide au Québec (2018)

Un autre volet de la prévention des tentatives de suicide repose sur la restriction de l’accès aux moyens. Cela peut inclure des mesures telles que l’entreposage sécuritaire de substances ou d’objets pouvant être utilisés pour s’enlever la vie, la limitation de la vente de certains produits, notamment les médicaments, ou encore la sécurisation de l’accès aux structures ou aux lieux élevés. Voir nos publications :

Enfin, des actions peuvent être posées pour assurer une couverture médiatique responsable du suicide que ce soit dans la presse écrite, à la télévision, sur les médias sociaux et sur le web. Des organisations locales et internationales ont élaboré différents guides de bonnes pratiques journalistiques pour une couverture sécuritaire et préventive. Parcourez notre page qui les présente Bonnes pratiques sur la couverture médiatique du suicide (2024).

3 - Traitement et prise en charge des troubles mentaux et des comportements suicidaires et soutien au rétablissement

Le troisième pilier de la prévention du suicide repose sur l’offre de services en santé mentale et l’aide psychosociale. Il inclut aussi l’évaluation et la prise en charge des troubles mentaux et ceux liés à l’usage de substances, ainsi que l’évaluation et la prise en charge des comportements suicidaires. Cela comprend également le suivi des personnes qui ont déjà fait une tentative. Ces services doivent être accessibles, de qualité, adaptés aux besoins de la communauté, et offerts selon une approche sensible aux traumatismes et à la culture. Pour en savoir plus, consultez notre mémoire Consultation sur l’organisation des services de santé mentale pour les jeunes : propositions de santé publique (2019).

Pour en savoir plus

Autre page de l'INSPQ :

Références supplémentaires :

Dernière mise à jour :