Portrait de l'allaitement au Québec
L’allaitement est une pratique courante au Québec. Sa durée varie d’une femme à l’autre. Quelques caractéristiques sociodémographiques sont associées à l’allaitement.
L’allaitement : une pratique courante de durée variable
L’alimentation du nouveau-né au Québec a longtemps été influencée par la pratique nord-américaine de l’utilisation du biberon1. Ainsi, pendant plusieurs décennies, les Québécoises ont été nombreuses à choisir les substituts de lait maternel pour alimenter leur bébé. Cependant, au cours des dernières décennies, une augmentation de la proportion de mères québécoises ayant amorcé l’allaitement à la naissance a été observée.
Selon les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC), près de neuf mères sur dix avaient amorcé l’allaitement en 20222 alors qu’en 2000-2001, c’était 7 mères sur 103. Il est à noter qu’il convient d’être prudent lors de la comparaison des données des cycles précédents de l’ESCC avec les données publiées pour 2015 et 2021, et pour 2022 et les cycles ultérieurs, car des remaniements et des changements majeurs ont été apportés aux méthodes de collecte, à l’échantillonnage et à l’analyse (ex. : groupe d’âge) au fil du temps. En 2022, les mères considérées étaient celles de 15 à 55 ans ayant eu un enfant dans les cinq dernières années.
La durée de l’allaitement varie. Les données de l’ESCC 2017-2018 démontrent la variabilité de la durée de l’allaitement chez les mères québécoises de 20 à 54 ans ayant amorcé l’allaitement avec leur enfant dans les cinq dernières années. La figure 1 présente la répartition des femmes allaitantes en fonction de la durée d’allaitement pour ces années de référence.
Figure 1 - Pourcentage des femmes allaitantes selon la durée d’allaitement
Source : Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 2017-2018
Plusieurs raisons sont rapportées par les mères québécoises pour justifier l’arrêt de l’allaitement. Selon l’ESCC 2017-2018, la raison la plus souvent donnée est de ne pas produire assez de lait maternel. Les raisons rapportées par les mères québécoises de 20 à 54 ans, de la plus fréquente à la moins fréquente4, sont les suivantes :
- pas assez de lait maternel (19 %);
- enfant prêt pour les aliments solides (16 %);
- enfant qui s’est sevré lui-même (12 %*);
- difficulté à appliquer les méthodes d’allaitement (11 %*);
- état de santé de la mère ou de l’enfant (10 %*);
- incommodée ou fatiguée par l’allaitement (9 %);
- retour au travail ou à l’école (9 %*);
- prévu d’arrêter à ce moment-là (8 %*);
- autres raisons (5 %*).
* Coefficient de variation entre 15 % et 25 %. La valeur de la proportion doit être interprétée avec prudence.
Caractéristiques sociodémographiques associées à l’allaitement
Selon les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) 2022, le pourcentage de femmes amorçant l’allaitement n’est pas statistiquement différent entre le Québec et l’ensemble du Canada2.
On observe cependant des différences régionales dans la province du Québec. Les données de l’ESCC de 2017-2018 montrent que certaines régions se distinguent du reste du Québec par une proportion plus faible de mères ayant allaité ou essayé d’allaiter. Par exemple, pour l’ensemble du Québec, la proportion est de 89 %. Elle est notamment de 59 % sur la Côte-Nord et de 95 % à Montréal5.
Par ailleurs, en 2017-2018, des différences significatives étaient observées chez les mères canadiennes dans l’amorce de l’allaitement et l’allaitement exclusif à 6 mois, en lien avec des variables sociodémographiques (ex. : scolarité de la mère, statut Autochtone et statut d’immigration)6,7. Au Québec, de telles différences n’étaient pas observées sauf pour les femmes immigrantes : les immigrantes reçues et les résidentes non permanentes étaient proportionnellement plus nombreuses que les femmes nées au Canada à amorcer l’allaitement (96 % comparativement à 87 %, respectivement) et à pratiquer l’allaitement exclusif six mois après la naissance (43 % comparativement à 22 %, respectivement)4.
Les femmes de 40 à 54 ans étaient proportionnellement plus nombreuses à allaiter de manière exclusive que les femmes de 20 à 29 ans (42 % comparativement à 19 %). En fait, l’allaitement exclusif pendant 6 mois augmentait avec l’âge de la mère.
Références
- Agence de la santé publique du Canada. (2019a). Chapitre 6 : L’allaitement maternel. In Les soins à la mère et au nouveau-né dans une perspective familiale : lignes directrices nationales. Agence de la santé publique du Canada = Public Health Agency of Canada.
- Statistique Canada. (2022). Tableau 13-10-0096-01 Caractéristiques de la santé, estimations annuelles.
- Lavoie, A. et Dumitru, V. (2011). L’allaitement maternel : une pratique moins répandue au Québec qu’ailleurs au Canada Série Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. Institut de la statistique du Québec, 28.
- Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. (2022). Flash surveillance—L’allaitement en quelques chiffres.
- Infocentre de santé publique. (2022). Fiche 85 : Proportion des femmes de 20 à 54 ans ayant allaité exclusivement leur dernier enfant pendant au moins 6 mois parmi celles ayant donné naissance au cours des cinq dernières années (ESCC). Plan national de surveillance. Institut national de santé publique du Québec.
- Agence de la santé publique du Canada. (2022). Rapport d’avancement sur l’allaitement maternel au Canada 2022. Gouvernement du Canada.
- Statistique Canada. (2024, mars 27). La vaste majorité des femmes canadiennes commencent à allaiter peu après l’accouchement et plus de la moitié d’entre elles arrêtent avant six mois [Éducation et sensibilisation].