Alcool en période périnatale - Fiche complète

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Définir la consommation d'alcool

Dans cette fiche, la consommation d'alcool pendant la période périnatale inclut aussi bien la consommation occasionnelle, régulière, abusive et liée à la dépendance.

Quelques chiffres

Les données les plus récentes disponibles provenant d’une enquête menée par l’Agence de la santé publique du Canada révèlent que 21 % des femmes québécoises ayant donné naissance en 2006 auraient consommé de l’alcool durant la grossesse. C’est le double de ce qui est observé pour l’ensemble du Canada, où 11 % des femmes rapportaient avoir consommé de l’alcool au cours de leur grossesse1. Au Canada, environ 8 % en auraient pris moins d’une fois par mois, 2 % une fois par mois et 1 % plus d’une fois par mois (0,5 % de deux à trois fois par mois, 0,7 % une fois par semaine et 0,1 % de deux à trois fois par semaine)2.

En ce qui concerne la quantité consommée, toujours au Canada, 96 % des femmes qui ont bu de l’alcool pendant la grossesse en ont pris un verre ou moins les jours où elles en ont bu2.

Ainsi, cette étude montre que la grande majorité des femmes qui ont déclaré avoir consommé de l’alcool durant leur grossesse ont bu un verre ou moins et l’ont fait de façon occasionnelle.

Toutes les femmes sont susceptibles de consommer de l’alcool pendant la grossesse, quels que soient leur âge, leur éducation et leur statut professionnel.

Toutefois, selon des analyses plus poussées de l’enquête canadienne mentionnée ci-dessus, certains facteurs ont été associés à la consommation d’alcool chez les femmes enceintes. Cette enquête décrit des associations statistiques. En d'autres termes, la probabilité de consommation d'alcool est augmentée en présence de ces facteurs2 :

  • Être née au Canada (comparativement aux femmes immigrantes);
  • Être fumeuse;
  • Avoir un partenaire (comparativement à ne pas en avoir);
  • Avoir un certain type de réaction à l’annonce de la grossesse : les femmes qui sont indifférentes ou qui ne sont pas heureuses d’être enceintes sont plus susceptibles de boire de l’alcool pendant la grossesse;
  • Avoir un âge plus avancé;
  • Avoir un nombre de grossesses antérieures plus élevé2.

Pour ce qui est des caractéristiques socioéconomiques, comme le revenu, le milieu de vie urbain ou rural et le travail pendant la grossesse, elles ne semblent pas en lien avec la consommation d’alcool pendant la grossesse, selon cette étude. Mais d’autres études internationales ne présentent pas les mêmes résultats, puisqu'elles signalent une consommation d’alcool plus élevée chez les femmes plus éduquées et plus aisées3,4. Une de ces études démontre que les professionnels de la santé posent moins de questions et donnent moins de conseils au sujet de la consommation d’alcool à ces femmes qui sont plus nombreuses à déclarer consommer de l’alcool pendant la grossesse3.

L'alcool est un agent tératogene5,6, c'est-a-dire susceptible de provoquer une malformation congénitale par son action sur le fotus.

En effet, le placenta ne filtre pas l’alcool : l’alcool passe directement du sang de la femme enceinte au sang du fœtus à travers le placenta, en concentration presque égale7. Par conséquent, lorsque l’alcool est consommé pendant la grossesse, il peut entraver la formation et la croissance de l’embryon et du fœtus, provoquant des effets néfastes sur la grossesse et chez l’enfant à naître.

L’effet de l’alcool sur le fœtus est le même, peu importe la boisson alcoolisée : bière, vin ou spiritueux.

Au Canada, un verre standard = 13,5 g (17 ml) d'alcool pur
Consommation standard

  • 341 ml (12 oz) de bière (5% d’alcool)
  • 142 ml (5 oz) de vin (12% d’alcool)
  • 85 ml (3 oz) de vin fortifié (ex : Porto) (20% d’alcool)
  • 43 ml (1,5 oz) de spiritueux (40% d’alcool)

Illustration : Maurice Gervais / Source : Butt et collaborateurs, 2011

Conséquences pour la grossesse

Les études sur les conséquences de l’exposition prénatale à l’alcool sont difficiles à réaliser et leurs résultats sont complexes à interpréter. Toutefois, à ce jour, les études suggèrent que les femmes qui consomment de l’alcool sont plus susceptibles de vivre :

Conséquences pour l'enfant

Anomalies congénitales

L’alcool étant tératogène, il peut nuire au développement de plusieurs organes. Le cœur, les reins, le foie, les voies digestives et le système endocrinien peuvent être touchés14.

Troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale

Le cerveau est l’organe le plus sensible à l’alcool et l’exposition prénatale peut engendrer des lésions du système nerveux central14.

Le diagnostic du trouble du spectre de l'alcoolisation fœtale (TSAF) est complexe. Différents domaines du développement neurologique peuvent être touchés : habiletés motrices; neuroanatomie et neurophysiologie; cognition; langage; rendement scolaire; mémoire; attention; fonctionnement exécutif, y compris le contrôle des impulsions et l’hyperactivité; régulation de l’affect; comportement adaptatif, aptitudes sociales ou communication15.

Ces problèmes sont regroupés sous le terme « trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale » (TSAF). La terminologie du TSAF a évolué au fil du temps. En 2016, de nouvelles lignes directrices sur le diagnostic ont été publiées au Canada15. La nomenclature propose maintenant les diagnostics suivants :

  • Le « TSAF avec traits faciaux caractéristiques » est diagnostiqué chez les enfants qui présentent trois traits faciaux caractéristiques (c’est-à-dire fente palpébrale courte, sillon sous-nasal absent et lèvre supérieure mince) et chez qui trois domaines de développement neurologique sont touchés. L’exposition prénatale à l’alcool peut être confirmée ou non;
  • Le « TSAF sans traits faciaux caractéristiques » est le diagnostic fait chez les personnes dont la mère a consommé de l’alcool pendant la grossesse et qui souffrent de troubles importants du développement neurologique, mais qui n’ont pas de signes physiques particuliers. La majorité des personnes atteintes de TSAF entrent dans cette catégorie;
  • « À risque de trouble neurodéveloppemental et de TSAF associés à l’exposition prénatale à l’alcool » est une nouvelle catégorie pour décrire les personnes qui ont été exposées à l’alcool dans la période prénatale, qui ont certains problèmes du développement neurologique, mais qui ne répondent pas aux critères diagnostiques du TSAF.

Le TSAF est un problème complexe qui nécessite une évaluation multidisciplinaire pour qu'il soit possible de formuler un diagnostic précis et de faire des recommandations de prise en charge adéquates15. Les auteurs des nouvelles lignes directrices précisent, en fonction de l'âge de la personne à évaluer, quels professionnels sont requis au sein de l’équipe multidisciplinaire15. L’évaluation des enfants de moins de 18 mois requiert la présence de médecins pédiatres et de spécialistes en développement de l’enfant qui sont en mesure de faire les évaluations physiques et neurodéveloppementales (p. ex., orthophoniste, physiothérapeute, ergothérapeute, psychologue clinicien)15.

Facteurs qui influencent les conséquences de la consommation d'alcool sur la santé

Ce ne sont pas tous les enfants dont les mères ont consommé de l’alcool durant la grossesse qui auront un TSAF. Les facteurs suivants contribuent au risque que la consommation maternelle d’alcool soit associée à des effets nuisibles sur la grossesse et le bébé à naître16,17 :

  • L’effet dose-dépendant : plus la consommation d’alcool est élevée au cours de la grossesse, plus les risques d’observer des effets néfastes sur l’issue de grossesse et la santé du bébé sont élevés;
  • Les habitudes de consommation : la consommation fréquente (plus de sept verres par semaine) ou en importante quantité lors d’une seule occasion (quatre verres ou plus) est la plus risquée pour le fœtus;
  • La polyconsommation, c'est-à-dire la consommation de différentes substances psychoactives;
  • Les caractéristiques personnelles de la mère (p. ex., état de santé, nutrition, capacités métaboliques, facteurs génétiques);
  • La sensibilité individuelle du fœtus aux effets de l’alcool, elle-même influencée par son patrimoine génétique;
  • La période de la consommation d’alcool au cours de la grossesse. En fonction du moment où l’alcool est consommé durant la grossesse, il peut nuire au développement de différents organes. Le cerveau est l’organe le plus sensible à l’alcool, et il se développe tout au long de la grossesse.

Pour ces raisons, il est recommandé de ne pas prendre d’alcool tout au long de la grossesse.

Certaines femmes auront consommé de l’alcool en début de grossesse avant de savoir qu’elles étaient enceintes. Elles seront peut-être inquiètes des répercussions de cette consommation pour la santé de leur bébé.

Il est impossible d’écarter tout risque. Toutefois, si la mère a pris un verre à l’occasion (une fois ou deux par semaine) durant les premières semaines, cela présente peu de danger pour l’enfant. La consommation régulière d’alcool ou la prise de plusieurs verres lors de la même occasion comporte davantage de risques.

Voici ce qu'énoncent les directives cliniques de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada : « Les fournisseurs de santé devraient aviser les femmes du fait qu’une faible consommation aux débuts de la grossesse ne constitue pas une indication d’interruption de grossesse »18.

La majorité des femmes cessent ou réduisent leur consommation d’alcool lorsqu’elles apprennent qu’elles sont enceintes19.

Le point sur la consommation dite « modérée »

La consommation d’alcool durant la grossesse est un sujet sensible. L’alcool est un produit de consommation courant et accepté socialement. Il est commun que les femmes et les hommes en consomment lors d’événements festifs, d’occasions sociales ou pour accompagner un repas.

Plusieurs femmes se questionnent sur la consommation « faible », « modérée » ou « occasionnelle » d’alcool durant la grossesse. Certaines souhaiteraient pouvoir prendre un verre de temps à autre, sans toutefois causer de tort au bébé qu’elles portent. Elles sont parfois perplexes devant le message recommandant l’abstinence.

Il n’existe pas de réponses précises à ces interrogations20-22.

Les risques de conséquences négatives associées à la consommation d’alcool importante et chronique ou à la consommation excessive d’alcool lors d’une même occasion (quatre consommations et plus par occasion) sont démontrés.

Quant à la consommation dite modérée, certaines études ont démontré une association entre des problèmes de comportement pendant l’enfance et la consommation d’alcool de la mère pendant la grossesse à des quantités qui sont considérées comme à faible risque chez des femmes qui ne sont pas enceintes (p. ex., de deux verres et demi à trois verres par occasion, et pas plus de cinq verres par semaine)21. Malgré cela, les résultats de l’ensemble des études sur les effets de la consommation modérée demeurent contradictoires. Cela est dû à différents facteurs22 :

  • La définition de la consommation modérée d’alcool : la consommation modérée peut être définie différemment d’une étude à l’autre. De plus, le moment de la consommation pendant la grossesse et les façons de boire ne sont pas toujours les mêmes d’une étude à l’autre et ne sont pas toujours bien décrits dans les articles scientifiques;
  • La mesure des effets : l’alcool peut avoir un effet sur plusieurs organes et plusieurs dimensions du développement neurologique des enfants, mais les études ne peuvent pas analyser ni mesurer tous ces paramètres avec précision. Qu’une étude note une absence d’effet sur une dimension ne veut pas dire que la consommation d’alcool n’aurait pas d’effet sur d’autres dimensions;

On ne sait pas exactement quels sont les effets de la consommation occasionnelle d'une petite quantité d'alcool21. On ne peut pas présumer qu’il existe un seuil sécuritaire20-22. Un plus grand nombre d’études scientifiques sont nécessaires. C’est pourquoi le principe de précaution s’applique à tous les stades de la grossesse et pour toute quantité d’alcool

Pourquoi conseiller aux femmes enceintes de s'abstenir de boire de l'alcool pendant la grossesse?

Plusieurs raisons justifient ce choix :

  • L’alcool est un produit tératogène, c’est-à-dire qu’il peut causer des anomalies congénitales et nuire au développement fœtal;
  • Aucune étude, à ce jour, ne prouve qu’une consommation modérée ou occasionnelle soit sécuritaire pour le fœtus;
  • Les connaissances limitées sur les différences individuelles qui jouent un rôle dans le métabolisme de l’alcool ne permettent pas de prédire qui est à risque et qui ne l’est pas.

Conséquemment, le message le plus sécuritaire qui peut être transmis aux femmes enceintes est celui de ne pas consommer d’alcool durant la grossesse23.

Toutefois, certaines femmes ont pris de l’alcool avant de savoir qu’elles étaient enceintes ou avant de connaître la recommandation d’abstinence. Vous pouvez leur rappeler qu’il n’est jamais trop tard pendant la grossesse pour décider de cesser de boire de l’alcool.

Qu'en est-il de l'utilisation d'alcool dans la cuisine?

Il arrive que des recettes de cuisine (p. ex., sauces, recettes de viande) utilisent des boissons alcoolisées. Pour la femme enceinte, l’utilisation d’alcool lors de la préparation des repas ne cause pas de problèmes, car l’alcool s’évapore lorsqu’il est porté à ébullition. Toutefois, il est suggéré d’éviter les plats où l’alcool n’a subi aucune transformation (p. ex., dessert arrosé d’alcool).

La réduction des méfaits

Bien que l’idéal soit de cesser complètement toute consommation d’alcool durant la grossesse, ce ne sont pas toutes les femmes qui seront abstinentes ou qui auront la capacité et les ressources nécessaires pour cesser de consommer. Pour elles, une approche de réduction des méfaits pourrait être une option pragmatique.

Cette approche vise à diminuer les conséquences néfastes de la consommation d’alcool (ou de drogues) sur le développement fœtal et la santé des femmes, en les aidant à réduire ou à cesser leur consommation d’alcool et en répondant à leurs besoins immédiats, qu’il s’agisse de besoins sociaux, de santé ou de sécurité24.

Les femmes peuvent être encouragées à adopter des comportements de santé pouvant avoir un effet positif sur l’issue de la grossesse et le développement du bébé : privilégier une alimentation saine et la prise de suppléments (p. ex., multivitamines, acide folique et fer), demeurer physiquement actives, et bénéficier d’un suivi régulier de grossesse25. Leurs conjoints peuvent aussi être invité(e)s à adopter des comportements favorables à la santé pour eux-mêmes et pour favoriser de bonnes habitudes dans la famille.

Il est donc suggéré de souligner les efforts que fait la femme enceinte pour favoriser le bon développement de son bébé. Il faut aussi reconnaître que les femmes qui ont des problèmes de consommation d’alcool ou qui sont dépendantes peuvent avoir d’autres problèmes de santé ou vivre dans des contextes difficiles qui méritent une attention particulière. Dans tous les cas, il faut éviter de juger ou de stigmatiser les femmes. Il faut plutôt les aider à avoir accès à des services répondant à leurs besoins, que ce soit en périnatalité ou en dépendance.

Le sevrage

Les femmes enceintes dépendantes à l’alcool doivent être évaluées par un médecin. Au moment de cesser la consommation, elles peuvent présenter des symptômes lors du sevrage et avoir besoin de médication25. Le sevrage peut se manifester notamment par de l’anxiété, des nausées ou vomissements, de la transpiration abondante, des tremblements et des palpitations26.

Un bébé né d’une mère qui a consommé de grandes quantités d’alcool pendant la grossesse peut lui aussi présenter des signes de sevrage à la naissance. Il doit donc être évalué médicalement. Les problèmes de sevrage peuvent persister quelques semaines. Les signes de sevrage chez le nouveau-né incluent une extrême irritabilité, des tremblements, des troubles de l’alimentation et de la diarrhée; il peut aussi avoir des problèmes de fréquence cardiaque, de respiration et de digestion27.

L'environnement social

Certaines femmes rapportent subir de la pression de leur entourage pendant la grossesse pour consommer de l’alcool28. Des personnes discréditent leur décision de ne pas boire d’alcool ou encore les encouragent à en consommer lors d’activités sociales et festives. Les professionnels de la santé sont encouragés à sensibiliser les femmes enceintes à cette possibilité, pour les inciter à réfléchir aux stratégies possibles pour y faire face.

Les futurs parents pourraient apprécier ces recettes de cocktails sans alcool publiées par le Dispensaire diététique de Montréal : www.dispensaire.ca/app/uploads/Depliant_a_votre_sante_VF_ecran.pdf

Le soutien du ou de la partenaire et de l’entourage quant à la cessation de consommer de l’alcool durant la grossesse s’avère donc précieux pour aider la femme enceinte à surmonter les pressions sociales. Concrètement, le conjoint et l’entourage peuvent :

  • offrir des occasions de rencontre où l’alcool n’est pas présent ou n’occupe pas une place centrale (p. ex., rencontre dans un café ou à la maison, et non dans un bar);
  • s’assurer que des boissons non alcoolisées sont disponibles et offertes à tous;
  • soutenir la femme enceinte en lui rappelant le caractère temporaire de cette abstinence;
  • ne pas inciter à la consommation d’alcool et respecter les choix de la femme enceinte;
  • au besoin, modifier leur propre consommation d’alcool par solidarité avec la femme enceinte.

Lorsque la mère qui allaite consomme de l’alcool, il se retrouve dans le lait qu’elle produit à des concentrations similaires à celles qui sont présentes dans son sang16,29. Le pic d’alcool dans le lait survient de 30 à 90 minutes après la consommation selon la présence d’aliments dans l’estomac de la mère16. L’alcool dans le lait diminue à mesure que le sang l’élimine. Par conséquent, exprimer le lait après avoir bu n’élimine pas l’alcool, car il demeure présent dans le lait tant et aussi longtemps qu’il en reste dans le sang16.

La mère qui allaite et qui souhaite prendre un verre d’alcool occasionnellement peut le faire sans craindre de causer du tort à son bébé. Les avantages de l’allaitement sont plus grands que les risques d’une consommation légère et occasionnelle30.

Pour éviter que le bébé soit exposé à l’alcool, il est suggéré de suivre les précautions suivantes :

  • Si la mère souhaite prendre une consommation : il est proposé qu’elle allaite son bébé juste avant de prendre un verre. Après cette consommation, il est suggéré qu’elle attende de deux à trois heures avant d’allaiter de nouveau afin de permettre à l’alcool d’être éliminé de son corps30;
  • Si la mère souhaite prendre plus d’une consommation : il est proposé qu’elle utilise du lait maternel exprimé à l’avance (congelé ou réfrigéré) pour nourrir son bébé dans la période où il y a de l’alcool dans son lait. Dans la même situation, si la mère exprime son lait, il est suggéré de le jeter. Le fait d’exprimer son lait après une consommation d’alcool ne fait pas en sorte que la prochaine tétée en sera exempte. Tant que la mère a une certaine concentration d’alcool dans son sang, le lait qu’elle produit en contient31.

Un bébé plus âgé demeure sensible aux effets de l’alcool; toutefois, son « horaire » d’allaitement est plus prévisible, puisqu’une certaine routine s’installe peu à peu pour les moments de tétée. Il devient alors plus facile de savoir à quel moment il est susceptible de vouloir boire, et donc de planifier une consommation en conséquence.

Le tableau qui suit, une adaptation de Koren (2002), pourrait aider les femmes à prévoir le temps nécessaire au corps pour éliminer l’alcool30.

Tableau 1 Période allant du début de la consommation jusqu'a l'élimination de l'alcool du lait maternel pour des femmes de poids variés, en supposant que le métabolisme de l'alcool se fait au rythme constant de 15 mg/dl et que la femme est de taille moyenne (1,62 m ou 5 pi 4 po)
Poids de la mère
kg (lb)
Nombre de verres* (heures:minutes)
123456789101112
40,8 (90)2:505:408:3011:2014:1017:0019:5122:41    
43,1 (95)2:465:328:1911:0513:5216:3819:2522:11    
45,4 (100)2:425:258:0810:5113:3416:1719:0021:43    
47,6 (105)2:395:197:5810:3813:1815:5718:3721:1623:56   
49,9 (110)2:365:127:4910:2513:0115:3818:1420:5023:27   
52,2 (115)2:335:067:3910:1212:4615:1917:5220:2522:59   
54,4 (120)2:305:007:3010:0012:3115:0117:3120:0122:32   
56,7 (125)2:274:547:229:4912:1614:4417:1119:3822:06   
59,0 (130)2:244:497:139:3812:0314:2716:5219:1621:41   
61,2 (135)2:214:437:059:2711.4914:1116:3318:5521:1723.39  
63,5 (140)2:194:386:589:1711:3713:5616:1518:3520:5423:14  
65,8 (145)2:164:336:509:0711:2413:4115:5818:1520:3222:49  
68,0 (150)2:144:296:438:5811:1213:2715:4117:5620:1022:25  
70,3 (155)2:124:246:368:4811:0113:1315:2517:3719:4922:02  
72,6 (160)2:104:206:308:4010:5013:0015:1017:2019:3021:4023:50 
74,8 (165)2:074:156:238:3110:3912:4714:5417:0219:1021:1823.50 
77,1 (170)2:054:116:178:2310:2812:3414:4016:4618:5120:5723:03 
79,3 (175)2:034:076:118:1410:1812:2214:2616:2918:3320:3722:40 
81,6 (180)2:014:036:058:0710:0812:1014:1216:1418:1520:1722:19 
83,9 (185)1:593:595:597:599:5911:5913:5915:5917:5819:5821:5823:58
86,2 (190)1:583:565:547:529:5011:4813:4615:4417:4219:4021:3823:36
88,5 (195)1:563:525:487:449:4111:3713:3315:2917:2619:2221:1823:14
90,7 (200)1:543:495:437:389:3211:2713:2115:1617:1019:0520:5922:54
93,0 (205)1:523:455:387:319:2411:1713:0915:0216:5518:4820:4122:34
95,3 (210)1:513:425:337:249:1611:0712:5814:4916:4118:3220:2322:14

*1 verre = 340 g (12 oz) de bière à 5 %, 141,75 g (5 oz) de vin à 11 % ou 42,53 g (1,5 oz) d'alcool à 40 %.

Exemple n° 1 : Une femme de 40,8 kg (90 lb) qui consomme 3 verres d'alcool en 1 h doit attendre 8 heures et 30 minutes pour que l'alcool soit complètement éliminé de son lait, tandis qu'une femme de 95,3 kg (210 lb) qui consomme la même quantité doit attendre 5 heures et 33 minutes.

Exemple n° 2 : Une femme de 63,5 kg (140 lg) qui boit 4 bières doit attendre 9 heures et 17 minutes pour que l'alcool soit complètement éliminé de son lait. Ainsi, si la consommation a débuté à 20 h, la femme devra attendre jusqu'à 5 h 17.

Reproduit avec l'autorisation de Motherisk.

Il a été démontré que l'alcool peut diminuer la production de lait et le réflexe d'éjection29. Le seuil à partir duquel la diminution du réflexe d'éjection est observée est difficile à établir, et il semble y avoir des variations importantes entre les individus32,33.

De plus, le sommeil des bébés pourrait être perturbé par la présence d'alcool dans le lait maternel26.

Parmi l'ensemble des femmes enceintes qui consomment de l'alcool, certaines manifestent des difficultés à cesser leur consommation, présentent des problèmes de dépendance à l'alcool ou ont besoin d'une supervision médicale lors du sevrage.

Les professionnels sont encouragés à diriger les femmes pour qui la cessation d'alcool présente une difficulté accrue vers des ressources spécialisées, qui pourront leur offrir une évaluation et un suivi appropriés (voir la section « Ressources et liens utiles »).

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Auteure 2011
Sylvie Lévesque, INSPQ

Collaboratrices 2011
Nicole April, INSPQ
Louise Guyon, INSPQ
Sonia Morin, MSSS

Auteure 2016
Nicole April, INSPQ

Collaboratrices 2016
Karina Côté, MSSS
Sonia Morin, MSSS
Louis-Vincent Guay, Institut universitaire sur les dépendances

Chargée de projet
Pascale Turcotte, INSPQ

Sous la coordination de
Roseline Olivier-Pilon, INSPQ

Mise en page et relecture
Anouk Sugàr, INSPQ

Date de création : octobre 2011
Dernière mise à jour : octobre 2017