Portrait des idées suicidaires sérieuses et des facteurs de risque professionnels chez les personnes salariées : résultats de l’Enquête québécoise sur la santé de la population 2014-2015

Faits saillants

Le présent rapport brosse un portrait des idées suicidaires sérieuses des travailleuses et travailleurs salariés du Québec. Il est basé sur les données issues de l’Enquête québécoise sur la santé de la population (EQSP) 2014-2015 menée par l’Institut de la statistique du Québec. L’indicateur utilisé est le fait d’avoir sérieusement songé à se suicider ou à s’enlever la vie au cours des douze derniers mois. Ce portrait fait ressortir les facteurs de risque professionnels associés aux idées suicidaires sérieuses, notamment les risques psychosociaux du travail, en tenant compte des facteurs personnels et sociodémographiques pouvant influencer de telles idées, dont l’âge, la perception de sa situation financière, de sa santé en général, de sa vie sociale ou le fait de vivre seul.

Les résultats présentés dans ce rapport concernent un enjeu préoccupant en santé publique puisque les idées suicidaires contribuent au risque de tentatives de suicide, voire au suicide. Ils pourraient contribuer aux réflexions pour l’amélioration des actions de prévention et de promotion de la santé mentale en milieu de travail.

Principaux constats

Les analyses font ressortir les constats principaux suivants :

  • Environ 3 % des personnes salariées au Québec ont déclaré avoir eu des idées suicidaires sérieuses au cours des 12 mois précédant l’enquête, soit près de 100 000 personnes, sans écart statistiquement significatif entre hommes (2,6 %) et femmes (3,2 %).
  • Les idées suicidaires sérieuses étaient entre 1,6 et 2,8 fois plus probables parmi les personnes exposées à des RPS du travail comparativement aux personnes moins ou pas exposées, selon le RPS :
    • Pour les femmes, il s’agit de harcèlement psychologique, de manque d’autorité décisionnelle et de situation de tension au travail, soit une exposition combinée à un niveau élevé d’exigences psychologiques et à un niveau faible ou modéré d’autorité décisionnelle au travail;
    • Chez les hommes, le manque de reconnaissance au travail et la difficulté d’accorder les horaires de travail avec les engagements sociaux et familiaux constituent les principaux RPS associés aux idées suicidaires sérieuses.
  • Il y a une importante association entre les idées suicidaires sérieuses et la détresse psychologique élevée, que celle-ci soit liée ou non au travail. De plus, les résultats suggèrent que cette détresse pourrait être une variable intermédiaire entre les risques psychosociaux et les idées suicidaires, étant responsable, en partie, des associations observées entre ces risques et les idées suicidaires sérieuses.

Dans ce portrait transversal, des relations plus complexes entre les idées suicidaires et les facteurs professionnels, sociodémographiques et personnels, ainsi qu’avec la détresse psychologique n’ont pu être explorées. D’autres facteurs personnels non mesurés dans l’EQSP 2014-2015 pouvant influencer le risque d’idées suicidaires, comme un historique de trouble mental ou l’exposition à des événements stressants ou traumatisants, devraient aussi être considérés dans des études longitudinales.

Néanmoins, les résultats de cette étude, ainsi que ceux d’autres études, soutiennent l’hypothèse selon laquelle des conditions de travail défavorables constituent des facteurs de risque potentiels d’idées suicidaires. D’où l’importance de veiller à créer des environnements de travail sains afin de protéger la santé mentale des personnes salariées et de contribuer à prévenir les idées suicidaires, celles-ci pouvant mener à des comportements suicidaires.

Sujet(s)

Type de publication

ISBN (électronique)

978-2-555-01652-1

Date de publication