Portrait des comportements suicidaires au Québec
Depuis 2004, l’INSPQ publie un rapport annuel présentant les plus récentes données québécoises sur les comportements suicidaires. Chaque année, il bonifie ce rapport avec de nouvelles informations, grâce à l’exploration des bases de données, pour mieux saisir les diverses réalités liées à cette problématique.
Tendances des comportements suicidaires
Suicide à la baisse, mais inégalités qui persistent
Selon les données officielles, 1142 personnes se sont enlevé la vie au Québec en 2022. Il s’agit de trois personnes chaque jour environ.
- Les taux de suicide sont relativement stables depuis quelques années avec un taux ajusté de suicide de 12 par 100 000 personnes.
- La mortalité par suicide est trois fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes. En 2022, son taux ajusté était de 20 suicides par 100 000 personnes chez les hommes et de 6,5 par 100 000 personnes chez les femmes.
Pourquoi un taux ajusté?
Quand on compare des taux de décès (toutes causes confondues) entre deux groupes, il faut faire attention à l’âge des personnes dans chaque groupe. Une population plus âgée aura presque toujours un taux de décès plus élevé, simplement parce que les gens y sont plus à risque. Pour que la comparaison soit juste, les spécialistes utilisent ce qu’on appelle un taux ajusté. Ce taux tient compte des différences d’âge entre les groupes. Il permet de comparer deux populations comme si elles avaient la même répartition par âge.
Figure 1 - Taux ajusté de suicide selon le sexe, ensemble du Québec, 1990 à 2023
Source : Les comportements suicidaires au Québec : Portrait 2025.
Certaines régions rurales et éloignées sont plus fortement touchées par le suicide. Consultez notre carte du Québec qui présente une comparaison des taux de suicide par région sociosanitaire.
Hospitalisations : les adolescentes au premier plan
Au Québec, les tentatives de suicide entraînent un nombre important d’hospitalisations. En 2023, environ 3 600 hospitalisations ont été attribuées à une tentative de suicide, ce qui correspond à un taux ajusté de 41 hospitalisations par100 000 personnes. Ce taux est en diminution depuis 2017, avec une baisse moyenne d’environ 2 % par année.
Cette tendance globale masque toutefois d’importants écarts entre les groupes de la population.
- Les femmes présentent un taux d’hospitalisation pour tentative de suicide plus élevé que les hommes. En 2023, leur taux d’hospitalisation était environ 1,5 fois plus élevé. Cet écart avec les hommes s’accentue progressivement depuis plus d’une décennie.
- Les adolescentes de 15 à 19 ans présentent les taux les plus élevés d’hospitalisation pour tentative de suicide. En 2023, ce taux s’élevait à 176 par 100 000 personnes, soit plus de quatre fois la moyenne québécoise.
- Chez les jeunes filles de 10 à 14 ans, le taux a triplé depuis 2010, atteignant 91 hospitalisations par 100 000 personnes en 2023.
Ces constats mettent en lumière certaines dynamiques préoccupantes au sein de la population jeune, notamment chez les filles. Ils viennent s’ajouter aux connaissances déjà existantes sur les enjeux de santé mentale vécus par les adolescents. Enfin, ils alimentent la réflexion collective sur les trajectoires de soins et les besoins de soutien à cette étape de la vie.
Figure 2 - Taux ajusté d'hospitalisations attribuables aux tentatives de suicide selon le sexe, ensemble du Québec, 2010 à 2023
Source : Les comportements suicidaires au Québec : Portrait 2025.
Visites aux urgences à la hausse
Depuis peu, le Québec observe une remontée du nombre de visites aux urgences liées aux comportements suicidaires. En 2024, le taux ajusté de visites aux urgences pour tentatives de suicide s’établit à 59 visites par 100 000 personnes, en hausse marquée par rapport aux 45 visites par 100 000 personnes observés en 2020. Depuis 2021, cette progression représente une augmentation annuelle moyenne de 5 %.
Figure 3 - Taux ajusté de visites aux urgences attribuables aux tentatives de suicide, selon le sexe, ensemble du Québec, 2016 à 2024
Source : Les comportements suicidaires au Québec : Portrait 2025.
Les filles et les jeunes femmes âgées de 10 à 34 ans figurent parmi les groupes les plus touchés, affichant des taux nettement plus élevés que leurs homologues masculins. Ces écarts s’atténuent toutefois à partir de 35 ans.
Figure 4 - Taux ajusté de visites aux urgences attribuables aux idées suicidaires, selon le sexe, ensemble du Québec, 2016 à 2024
Source : Les comportements suicidaires au Québec : Portrait 2025.
Du côté des idées suicidaires, les taux de visites aux urgences poursuivent également leur hausse. Chez les femmes, cette augmentation est constante depuis 2016, avec un taux atteignant 481 visites par 100 000 personnes en 2024. Chez les hommes, la progression est plus récente mais marquée : depuis 2022, le taux grimpe de 12 % par an, atteignant 466 visites par 100 000 personnes — un niveau comparable à celui des femmes.
Les adolescentes de 15 à 19 ans demeurent le groupe présentant le taux le plus élevé, avec 1 405 visites par 100 000 personnes en 2024. Toutefois, une diminution annuelle moyenne de 6 % a été observée dans ce groupe depuis 2021.
Ces données illustrent l’évolution rapide des besoins en santé mentale, tout en soulignant certaines dynamiques générationnelles et de genre.
Rapports annuels
L’INSPQ présente les données les plus récentes, mais offre aussi, pour chaque édition annuelle, un regard particulier sur certains enjeux clés.
- Le rapport 2025 innove sur le plan méthodologique avec l’utilisation de la régression Joinpoint, permettant de mieux décrire les tendances dans le temps.
- Le rapport 2024 propose une première série d’analyses exploratoires afin de mieux comprendre le risque de récidive d’hospitalisation chez les personnes identifiées durant leur séjour hospitalier comme ayant eu des antécédents suicidaires.
- Le rapport 2023 met en lumière le lien entre le suicide et le recours aux services hospitaliers. L’analyse présente des ratios entre les suicides et les visites aux urgences ou les hospitalisations pour idées suicidaires ou tentatives, selon l’âge et le sexe. Cette édition met aussi l’accent sur les résultats de l’Enquête québécoise sur la santé de la population (EQSP) 2020-2021, avec un focus sur l’évolution des idées suicidaires et des tentatives par groupe d’âge et sexe.
- Le rapport 2022 intègre les premiers effets de la pandémie de COVID-19 sur les comportements suicidaires, grâce à des données provisoires pour l’année 2020 et à la mise en place d’un mécanisme de vigie pour les visites aux urgences attribuables aux idées suicidaires et aux tentatives de suicide.