Veille analytique en santé cognitive, septembre 2021

Pour ce numéro, l’équipe Vieillissement en santé a repéré cinq études abordant la participation sociale et le mode de vie physiquement actif. Les deux premières études portent sur les barrières et les facilitateurs de la participation sociale, notamment chez les personnes vivant en milieu rural. Les trois dernières études abordent différentes catégories d’interventions afin de favoriser un mode de vie physiquement actif chez les personnes de plus de 50 ans.

Participation sociale

Barrières et facilitateurs de la participation sociale chez les personnes aînées: une revue systématique de la littérature

Contexte

Il a été démontré que la participation sociale améliore la santé, le bien-être et la qualité de vie des personnes aînées. Plusieurs études ont porté sur la manière dont certains facteurs logistiques, environnementaux ou individuels — le système de transport en place, la disponibilité et l’accessibilité des initiatives mises en œuvre, l’état de santé des personnes, etc. — peuvent restreindre la participation chez les personnes aînées. Malgré ces avancées, il existe un besoin de mieux connaître les différentes barrières et les facilitateurs de la participation sociale pour cette population.

Objectifs

La présente étude visait à examiner, de manière exhaustive et systématique, les catégories de facteurs pouvant faciliter ou poser un obstacle à la participation sociale chez les personnes de 60 ans et plus. Plus spécifiquement, une revue systématique a été effectuée afin d’identifier les articles abordant les barrières et les facilitateurs de la participation sociale chez cette population. Les articles retenus devaient répondre à quatre critères d’inclusion :

  • Porter sur un échantillon de sujets âgés de 60 ans et plus;
  • Mesurer la participation sociale (fréquence ou qualité);
  • Examiner au moins un facteur facilitant ou posant un obstacle à la participation sociale;
  • Avoir été publiés en anglais. Au total, soixante-seize articles ont été retenus.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les données recueillies ont permis d’identifier quatre catégories de facteurs pouvant faciliter ou poser un obstacle à la participation sociale chez les personnes aînées de 60 ans et plus :

  • Facteurs démographiques (âge, niveau d’éducation, statut socioéconomique, etc.);
  • Facteurs individuels (motivation, problèmes de santé, sentiment d’autoefficacité, etc.);
  • Facteurs environnementaux (accessibilité aux infrastructures, cohésion du quartier — c’est-à-dire le sentiment d’appartenance et la solidité des liens entre voisins —, moyens de transport disponibles, etc.);
  • Réseaux sociaux (particulièrement ceux préexistants/maintenus au fil du temps).

Les résultats soulignent la nécessité de prendre en compte les obstacles au-delà des questions logistiques ayant trait, par exemple, à l’accessibilité aux infrastructures ou encore aux moyens de transport disponibles. Les motivations personnelles, les réseaux sociaux préexistants et la cohésion du quartier jouent un rôle essentiel dans l’amélioration et le maintien de la participation sociale chez les personnes aînées. Ainsi, bien que la prise en compte des facteurs individuels puisse être effectuée par le biais d’interventions thérapeutiques ou cliniques, les acteurs locaux de la communauté doivent également s’investir afin de soutenir la création d’espaces de socialisation (par l’aménagement du territoire et des infrastructures) favorables à la participation des personnes aînées.

Limites

La recension ne permet pas de couvrir l’ensemble des contextes au sein desquels il est possible d’étudier la participation sociale chez les personnes aînées de 60 ans et plus. Par exemple, plusieurs articles ciblant la participation sociale au sein des établissements de soins pour personnes aînées ont été exclus puisqu’ils ne répondaient pas aux critères d’inclusion. De plus, la majorité des articles inclus dans l’analyse thématique repose sur des données qualitatives. Par conséquent, il est impossible de conclure quant à l’importance relative des différentes catégories de facteurs afin de s’assurer de l’efficacité des interventions visant à soutenir la participation sociale chez les personnes aînées de 60 ans et plus.

Townsend, B. G., Chen, J. T., & Wuthrich, V. M. (2021). Barriers and facilitators to social participation in older adults: A systematic literature review. Clinical Gerontologist, 1-22.

Importance de la collaboration et des facteurs contextuels dans le développement et la mise en œuvre d’initiatives afin de favoriser la participation sociale chez les personnes aînées vulnérables vivant en milieu rural

Contexte

Pour encourager les personnes aînées vulnérables à accomplir des activités sociales significatives, les ergothérapeutes et les autres professionnels de santé doivent collaborer avec les organisations communautaires et les municipalités pour développer et mettre en œuvre des initiatives favorisant la participation sociale. En ce sens, quatre initiatives de participation sociale ont récemment été mises en œuvre au sein d’une municipalité rurale du Québec, soit (1) une communauté de bienfaisance; (2) un système de transport urbain; (3) la création d’un site web rassemblant l’offre d’activités de participation sociale et (4) des ateliers abordant les enjeux relatifs à la participation sociale chez les personnes aînées vulnérables.

Objectifs

La présente recherche visait à déterminer les facteurs ayant influencé le développement et la mise en œuvre de ces quatre initiatives. Une collecte de données a permis de mieux comprendre les différents facteurs structurels (p. ex. le réseau de collaboration entre les acteurs, les ressources organisationnelles disponibles), individuels (p. ex., la motivation et la disponibilité des acteurs) et environnementaux (p. ex. la proximité des acteurs/distance géographique) ayant favorisé ou contrecarré le développement et la mise en œuvre de ces initiatives. La collecte a été effectuée auprès de l’ensemble des parties prenantes (n = 26) à l’aide de l’observation participante, de l’animation de deux groupes de discussion et d’un entretien individuel.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Le développement et la mise en œuvre des quatre initiatives ont été facilités par la présence de réseaux de collaboration déjà bien établis entre les différentes parties prenantes, ainsi que par la cohérence entre la mission des organisations communautaires prenant part au projet et les objectifs du projet de recherche. Un désir commun des parties prenantes de réduire l’isolement des personnes aînées a également favorisé la mise en œuvre des quatre initiatives.

Parmi les défis rencontrés, on note l’implication limitée des acteurs locaux dans les tâches de mise en œuvre. Ce défi s’explique, notamment, par des changements structuraux majeurs ayant eu lieu dans le réseau de la santé et des services sociaux au moment de la mise en œuvre des quatre initiatives. La difficulté à atteindre un consensus quant aux actions à poser a également retardé le développement et la mise en œuvre de certaines initiatives. Finalement, la distance géographique a limité les échanges spontanés entre les acteurs, et ce, malgré la planification de rencontres de suivis régulières.

Limites

Les données ont été recueillies au sein d’un contexte précis — plus spécifiquement lors d’un contexte prépandémique et au sein d’un milieu rural au Québec — ce qui limite leur généralisation à d’autres contextes. Un éventuel biais de désirabilité sociale peut également avoir limité la compréhension complète des facteurs qui influencent le développement et la mise en œuvre d’initiatives favorisant la participation sociale chez les personnes aînées vulnérables vivant en milieu rural.

Levasseur, M., Routhier, S., Demers, K., Lacerte, J., Clapperton, I., Doré, C., & Gallagher, F. (2021). Importance of collaboration and contextual factors in the development and implementation of social participation initiatives for older adults living in rural areas. Australian Occupational Therapy Journal.

Mode de vie physiquement actif

Une revue de portée afin de recenser les interventions favorisant un mode de vie physiquement actif chez les personnes aînées

Contexte

Les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l’activité physique et le comportement sédentaire invitent les personnes aînées à pratiquer entre 150 à 300 minutes d’activité physique d’intensité modérée (ou 75 à 150 minutes d’activités d’intensité vigoureuse) par semaine. Or, une grande proportion des personnes aînées ne parvient pas à atteindre le niveau recommandé selon ces lignes directrices émises en 2020.

Objectif

Une revue de portée a été effectuée afin de recenser l’ensemble des revues systématiques et des méta-analyses portant sur l’efficacité des interventions visant à soutenir l’activité physique chez les adultes de 60 ans et plus. Au total, 39 revues d’interventions et 342 revues de programmes/services ayant été publiées entre le 1er janvier 2010 et le 1er novembre 2020 et visant à augmenter l’activité physique ont été identifiées.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les interventions ou les programmes/services évalués portaient principalement sur deux types d’activités physiques, soit (1) les routines d’exercices structurés, visant le maintien de l’équilibre, l’entraînement à la force et à la résistance, ainsi que (2) les activités récréatives, telles que le yoga, le tai-chi ou la marche. Au moins un impact positif en ce qui concerne la santé physique, mentale ou émotionnelle est rapporté pour la majorité des interventions ou des programmes/services recensés.

Les résultats montrent un manque de données concernant l’évaluation de l’efficacité des interventions ou des programmes/services visant la promotion de la santé ou encore misant sur le coaching et l’éducation par des professionnels de la santé. De plus, les résultats montrent que certaines populations sont sous-représentées dans les études actuellement disponibles, notamment les personnes aînées de 90 ans et plus, les populations défavorisées d’un point de vue socioéconomique ou encore celles de pays à faible revenu.

Limites

Une méthodologie de revue de la portée, telle que celle adoptée dans cette étude, est limitée dans sa capacité à faire des recommandations quant aux facteurs favorisant l’efficacité d’interventions ou de programmes/services spécifiques. De plus, certains types d’interventions — telles que les interventions visant d’autres objectifs de promotion de la santé en plus de l’augmentation de l’activité physique — ont été exclus de l’analyse effectuée. Ce type d’exclusion peut entraîner l’omission de preuves pertinentes concernant des interventions plus similaires à celles qui sont généralement implantées en contexte réel.

Taylor, J., Walsh, S., Kwok, W., Pinheiro, M. B., de Oliveira, J. S., Hassett, L., ... & Sherrington, C. (2021). A scoping review of physical activity interventions for older adults. International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity, 18(1), 1-14.

Soutenir le vieillissement actif en milieu de travail : une revue systématique examinant les interventions ciblant l’activité physique chez les adultes de 50 ans et plus

Contexte

La proportion de travailleurs et travailleuses de plus de 50 ans est en constante croissance depuis les dernières années, notamment en raison des incitatifs financiers et organisationnels à la retraite tardive. Or, certaines études montrent que plusieurs différences physiologiques et psychologiques existent entre les travailleurs âgés et leurs homologues plus jeunes, notamment sur le plan de la force musculaire, de l’endurance physique, de la capacité aérobie ou encore du point de vue des risques associés à l’épuisement psychologique, l’anxiété et la dépression. Le milieu de travail est vu comme un environnement propice aux interventions de promotion de la santé, plus particulièrement à la mise en œuvre d’interventions visant à soutenir l’activité physique chez les travailleurs âgés. Par ailleurs, on connaît peu les types d’interventions prometteuses en ce sens.

Objectifs

Cette revue systématique visait à évaluer les effets des interventions déployées en milieu de travail afin de soutenir l’activité physique chez les adultes de 50 ans et plus. Au total, 18 interventions ont été retenues dans l’analyse.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les interventions analysées misaient sur une diversité de moyens afin de favoriser l’activité physique : l’entraînement à la marche, des exercices de renforcement de l’équilibre, des exercices de renforcement musculaire, l’offre de cours de yoga, de tai-chi ou de Pilates ou encore l’entraînement en salle de sport avec coaching individuel. Malgré cette diversité, la majorité des interventions analysées visait seulement une augmentation de l’activité aérobique. Ainsi, aucune des interventions recensées ne permet d’atteindre les exigences de l’OMS qui souligne la nécessité d’intégrer des exercices d’équilibre (≥ 3 fois par semaine) et de renforcement musculaire (≥ 2 fois par semaine) en combinaison aux activités physiques aérobiques.

La durée des interventions était également très variable, allant de 6 semaines à 13 mois. De plus, les interventions recensées pouvaient êtes classées selon trois grands types de modalités : (1) des séances d’activités physiques offertes directement sur le lieu de travail; (2) l’offre d’un coaching individuel (face-à-face) ou par téléphone sur les lieux de travail; (3) une recommandation à l’effet d’augmenter l’activité physique, mais une absence de modalité de soutien direct pour la mise en œuvre de cette recommandation. Il est intéressant de noter que le taux d’abandon était beaucoup moins important pour les interventions d’une durée plus courte (moins de 15 semaines) et pour celles qui misaient sur l’offre d’activités physiques directement accessibles sur le lieu de travail.

Limites

Presque la moitié des interventions recensées ont été menées dans des universités ou des hôpitaux/cliniques universitaires. Par conséquent, la généralisation de la mise en œuvre des interventions et des résultats de ces études est limitée. De plus, la faible qualité méthodologique des devis pour l’évaluation des interventions recensées, ainsi que l’absence de mesures standardisées afin de rendre compte de leurs impacts sur la santé sont soulignées par les auteurs. Il est donc impossible de se prononcer avec certitude concernant l’efficacité de ce type d’interventions pour améliorer la santé des travailleurs de 50 ans et plus.

Merom, D., Stanaway, F., Gebel, K., Sweeting, J., Tiedemann, A., Mumu, S., & Ding, D. (2021). Supporting active ageing before retirement: a systematic review and meta-analysis of workplace physical activity interventions targeting older employees. BMJ open, 11(6), e045818.

Attributs environnementaux des quartiers et déclin de la mobilité à pied : une étude longitudinale chez des adultes australiens âgés de 41 à 71 ans

Contexte

Les environnements dans lesquels vivent les personnes aînées facilitent ou entravent l’activité physique quotidienne, comme la marche, connue pour influencer la mobilité à long terme. En ce sens, plusieurs études longitudinales ont déjà étudié les impacts de certains attributs environnementaux des quartiers où habitent les personnes aînées sur leur mobilité. Ces études montrent qu’il est plus facile de maintenir une mobilité au sein de quartiers comportant des zones aménagées pour les piétons, où les commerces et les services locaux sont plus accessibles, misant sur une utilisation diversifiée du territoire, ainsi que sur une meilleure connectivité du réseau routier (rues, trottoirs, pistes cyclables). De façon complémentaire, quelques études longitudinales ont également cherché à examiner le rôle de la sécurité perçue sur le déclin de la mobilité des personnes aînées. Cependant, aucune étude longitudinale à ce jour n’a examiné la relation entre une mesure objective de la présence d’incivilités à l’échelle d’un quartier et le déclin de la mobilité chez les personnes aînées.

Objectifs

Cette étude longitudinale a permis de décrire l’association entre un déclin de la mobilité à pied en fonction de sept attributs environnementaux (densité résidentielle, densité des intersections, utilisation diversifiée du territoire, densité des sentiers pédestres et des pistes cyclables, densité des parcs, densité des arrêts d’autobus, densité des incivilités sociales). Les données ont été collectées entre 2013 et 2016 auprès d’adultes (n = 4 278) âgés de 46 à 71 ans et vivant en Australie.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les quartiers ou les banlieues présentant une utilisation diversifiée du territoire semblent contribuer au maintien de la mobilité à travers les années. Par ailleurs, une plus grande occurrence de diverses incivilités sociales (drogue, prostitution, intrusion, vagabondage et infractions au bon ordre) semble accélérer le déclin de la mobilité chez les résidents. Ces résultats confirment l’importance de tenir compte des enjeux relatifs à la sécurité du quartier dans une optique de prévention du déclin de la mobilité et de promotion du mode de vie physiquement actif chez les personnes aînées.

L’étude n’a cependant pas trouvé d’associations entre le déclin de la mobilité et d’autres attributs environnementaux également connus pour être liés à l’activité physique, telles que la densité résidentielle, la densité des intersections, la densité des sentiers pédestres et des pistes cyclables ou encore la densité des parcs.

Limites

Certaines limites sur le plan de la validité des sources de données recueillies ont pu influencer les résultats de l’étude. Notons, à ce niveau, qu’il a été impossible de tenir compte de l’impact de l’ensemble des attributs environnementaux pouvant entraîner un changement en ce qui concerne la mobilité dans le temps. De plus, le « déclin de la mobilité » a été mesuré à l’aide d’une mesure autorapportée; cette donnée aurait pu être corroborée par l’utilisation d’une mesure objective issue d’un test de condition physique. Enfin, les données ont été recueillies à Brisbane en Australie et ne sont pas nécessairement généralisables à d’autres contextes.

Sugiyama, T., Sugiyama, M., Mavoa, S., Barnett, A., Kamruzzaman, M., & Turrell, G. (2021). Neighborhood environmental attributes and walking mobility decline: A longitudinal ecological study of mid-to-older aged Australian adults. PloS One, 16(6), e0252017.


Équipe Vieillissement en santé

Annie Gauthier, conseillère scientifique spécialisée
Mathieu-Joël Gervais, conseiller scientifique spécialisé
André Tourigny, médecin-conseil, spécialiste en santé publique et médecine préventive

Sous la coordination de Chantal Blouin, chef d’unité scientifique

Unité Habitudes de vie/Municipalités en santé
Direction du développement des individus et des communautés

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en santé cognitive.