Veille analytique en périnatalité, septembre 2023

Les articles présentés dans ce bulletin de veille analytique s’intéressent aux inégalités sociales de santé, aux programmes, services et interventions, à la parentalité, aux habitudes de vie et à la santé mentale.

Inégalités sociales de santé

États-Unis – Association entre les transferts financiers inconditionnels et la santé mentale des parents en situation de faible revenu

Contexte

La prévalence de l’anxiété et de la dépression a augmenté dans la population américaine pendant la pandémie de COVID-19. On dénote des augmentations plus importantes chez les parents, et ce, selon certaines caractéristiques démographiques et socioéconomiques, par exemple chez les parents noirs et hispaniques et chez ceux vivant en situation de faible revenu. La littérature démontre un lien entre le revenu, la pauvreté et une mauvaise santé mentale dans la population générale. Cela suggère que les politiques en matière de transferts financiers pourraient avoir des effets importants sur la santé mentale.

Objectif et méthode

Cette étude examinait les effets d’une politique de transferts financiers inconditionnels (Child Tax Credit) sur les symptômes de dépression et d’anxiété chez les parents américains.

Le Child Tax Credit est accordé à tous les ménages admissibles ayant des enfants de 0 à 17 ans avec un montant de prestation de 3 000 $ US par enfant âgé de 6 à 17 ans et de 3 600 $ US par enfant de moins de 6 ans. Le crédit d’impôt est émis aux familles par transferts périodiques selon deux modalités : 1) la moitié par paiements mensuels pendant six mois, et 2) l’autre moitié au moment de la production des rapports d’impôts.

Cette étude quasi expérimentale comprenait un échantillon national de 15 593 familles ayant des enfants de moins de 18 ans, vivant en contexte de faible revenu et recevant le Child Tax Credit. Les analyses ont été réalisées seulement pour les six mois de paiements mensuels.

L’instrument Patient Health Questionnaire-4 (PHQ-4) a été utilisé pour évaluer la santé mentale des parents. Le PHQ-4 est composé de deux sous-échelles qui évaluent les symptômes de dépression (PHQ-2) et d’anxiété (GAD-2).

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Dans l’échantillon analysé, 36 % des parents se sont identifiés comme noirs non hispaniques, 35 % comme blancs non hispaniques et 20 % comme Hispaniques. La majorité des parents (95 %) se sont identifiés comme étant des femmes. L’estimation des revenus annuels moyens des ménages était d’environ 10 000 $ US. De plus, 48 % des parents présentaient un risque élevé d’anxiété et 47 %, un risque élevé de dépression. La cooccurrence de symptômes de dépression et d’anxiété était courante, 39 % des parents présentant les deux types de symptômes. Plus précisément :

  • Les analyses stratifiées par race/origine ethnique démontrent une association statistiquement significative uniquement pour les parents noirs non hispaniques. Pour ceux-ci, les paiements mensuels sont associés à une diminution des symptômes d’anxiété et de dépression.
  • Les analyses temporelles permettent de constater que le crédit d’impôt est associé à une réduction des symptômes d’anxiété chez les parents seulement après trois mois consécutifs de paiements. Par la suite, la force de l’association augmente avec chaque paiement. L’association est la plus forte au cours des trois derniers mois de paiements. Aucun effet temporel significatif sur les symptômes de la dépression n’est observé.

Ainsi, les auteurs soulignent les effets potentiellement bénéfiques à court terme des transferts financiers sur la santé mentale des parents, en particulier celle des mères vivant en situation de faible revenu.

Limites

Les auteurs identifient plusieurs limites à cette étude. Tout d’abord, ils soulignent que la participation quasi exclusive des mères limite la généralisabilité des résultats. Ensuite, le PHQ-4 rapporte des informations autorapportées par les parents qui pourraient être sujettes à un biais de désirabilité sociale. De même, le PHQ-4 n’est pas conçu pour fournir un diagnostic clinique de la dépression ou de l’anxiété. Enfin, cette étude utilise des données transversales répétées, ce qui ne permet pas d’observer des changements dans l’état de santé mentale au niveau individuel.

Kovski N, Pilkauskas NV, Michelmore K, Shaefer HL. Unconditional cash transfers and mental health symptoms among parents with low incomes: Evidence from the 2021 child tax credit. SSM Popul Health. 2023 Jun;22:101420. Epub 2023 Apr 30. PMID: 37151915; PMCID: PMC10148983.

Programmes, services et interventions

Québec – Évaluation de l’accompagnement nutritionnel prénatal Olo pour les femmes enceintes vulnérables

Contexte

Au Canada, les femmes et les enfants vivant dans la pauvreté sont davantage touchés par l’insécurité alimentaire, soit un accès inadéquat à une alimentation nutritive, notamment à cause de difficultés économiques. La malnutrition, y compris les carences, les excès ou les déséquilibres dans l’apport nutritionnel des femmes enceintes, est un facteur de risque qui peut affecter le développement fœtal et conduire à divers problèmes de santé. Des programmes et des interventions ciblés en matière de nutrition périnatale sont essentiels pour favoriser la santé des femmes enceintes qui vivent dans des conditions économiques précaires ainsi que le développement de leurs enfants. Au Québec, l’accompagnement nutritionnel Olo fait partie d’une politique gouvernementale qui offre aux femmes enceintes vivant en situation de vulnérabilité des coupons alimentaires, des suppléments de multivitamines et des conseils nutritionnels afin de favoriser une grossesse en santé et de bonnes pratiques alimentaires.

Objectif et méthode

L’objectif principal de cette étude était d’évaluer : (1) la situation des femmes enceintes en matière de sécurité alimentaire; (2) leurs pratiques alimentaires; et (3) la contribution de l’accompagnement Olo à leur apport nutritionnel. L’objectif secondaire était de documenter l’expérience des participantes en ce qui concerne : (1) les coupons alimentaires et les suppléments de multivitamines; (2) les conseils nutritionnels lors des visites à domicile.

Cette étude a été menée dans la région administrative de Gatineau d’août 2018 à mai 2019, à l’aide d’un devis mixte. Les données quantitatives ont été collectées au moyen de questionnaires et de journaux alimentaires, et les données qualitatives par des entretiens individuels. L’échantillon de convenance ciblait des femmes âgées de 18 ans et plus pouvant communiquer en anglais ou en français et ayant complété au maximum 34 semaines de grossesse et bénéficiant de l’accompagnement Olo depuis au moins un mois. Les femmes ayant une grossesse multiple n’étaient pas admissibles. Trente femmes ont participé au volet quantitatif et dix au volet qualitatif.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Parmi les 30 participantes, plus de la moitié se trouve en situation d’insécurité alimentaire allant de modérée à sévère.

Les données qualitatives nous renseignent sur l’expérience des femmes quant à l’accompagnement Olo. Ainsi :

  • Les participantes qualifient de façon positive les ressources obtenues grâce à l’accompagnement Olo, car elles favorisent l’accessibilité aux aliments, la diversité alimentaire et la flexibilité budgétaire.
  • Elles apprécient également les interactions avec les intervenants qui font l’accompagnement Olo, car elles contribuent à réduire leur isolement.

Elles ont cependant identifié certaines limites, par exemple :

Selon les participantes, il serait important de prendre en considération leurs réalités sociales et environnementales, d’axer l’intervention sur la famille et ses compétences culinaires ainsi que de diversifier et d’augmenter les aliments proposés.

Afin d’améliorer les services Olo, les auteurs suggèrent d’adapter l’intervention nutritionnelle aux contextes et besoins des familles avec des conditions de vie hétérogènes (ex. : faible niveau d’éducation, immigration récente, monoparentalité, isolement social).

Limites

Les auteurs mentionnent quelques limites à cette étude. Premièrement, il n’est pas possible de comparer les apports alimentaires et la sécurité alimentaire des participantes avant et après la participation à l’accompagnement Olo. Deuxièmement, un biais de désirabilité sociale pourrait avoir influencé les rappels autoadministrés quant aux apports alimentaires et mené à des écarts dans leur évaluation. En troisième lieu, étant donné que cette étude a été réalisée dans une des 17 régions administratives où le programme Olo est mis en place, les résultats ne sont pas nécessairement généralisables aux participants d’autres régions et contextes du Québec.

Charpentier N RD, MSc, Dumas A PhD, Morisset AS RD, PhD, Fontaine-Bisson B RD, PhD. Evaluation of the Olo Prenatal Nutrition Follow-up Care for Vulnerable Pregnant Women. Can J Diet Pract Res. 2023 May 23:1-10

Parentalité

Revue systématique – Les effets des expériences négatives durant l’enfance du parent sur la santé, le développement et le bien-être de son enfant

Contexte

Les expériences négatives durant l’enfance ont des conséquences à long terme sur la santé mentale et physique des individus (ex. : consommation excessive d’alcool, maladies du cœur). Ces expériences sont généralement étudiées sous l’angle des événements négatifs vécus dans la famille ou l’environnement social immédiat avant l’âge de 18 ans. Les auteurs rapportent que la typologie des expériences négatives durant l’enfance la plus couramment utilisée est celle de Felliti et collaborateurs1. Elle inclut la violence physique, psychologique et sexuelle, la négligence physique et psychologique, l’abus de substances d’un ou des parents, le trouble mental d’un ou des parents, la violence conjugale, l’incarcération d’un parent et la séparation des parents. Plus un individu vit de types d’expériences, plus il risque de subir des conséquences négatives à long terme. Les enfants de parents ayant vécu des expériences négatives durant l’enfance seraient aussi plus à risque de présenter des problèmes liés à leur santé, à leur développement et à leur bien-être. Cette association, qui s’appuie sur des mécanismes intergénérationnels, demeure peu étudiée et n’a jamais fait l’objet d’une revue de littérature.

Objectif et méthodes

Cette revue systématique réalisée au Royaume-Uni visait à répondre à deux questions de recherche :

  • Quelle est l’association entre les expériences négatives durant l’enfance vécues par les parents et les problèmes liés à la santé, au développement et au bien-être de leur enfant âgé de 0 à 18 ans?
  • Cette association varie-t-elle en fonction du nombre et du type d’expériences vécues par les parents?

La revue a recensé les études portant sur les expériences négatives durant l’enfance vécues par les parents, selon la typologie de Felitti. Pour être sélectionnées, les études devaient présenter des données sur l’enfant pour un ou plusieurs de ces aspects : 1) le développement cognitif; 2) le développement émotif; 3) la croissance; 4) les comportements à risque; 5) la santé physique ou mentale, ou la réussite éducative et 6) le besoin de soutien par le biais d’interventions des services sociaux ou de protection de la jeunesse. Vingt et une études longitudinales quantitatives publiées de 2007 à 2022 et comprenant des analyses multivariées ont été incluses dans cette revue. Quatre-vingt-quinze pour cent des études sont de qualité élevée.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les expériences négatives durant l’enfance vécues par la mère sont associées à une probabilité plus élevée, pour son enfant ou son adolescent, des risques suivants :

  • Être prématuré, d’avoir un faible poids à la naissance ou d’être admis aux soins intensifs néonataux;
  • Avoir des difficultés sur le plan du développement neurologique et du développement global;
  • Présenter des comportements externalisés (ex. : hyperactivité, agressivité) et avoir un tempérament réactif et une affectivité négative;
  • Recevoir un diagnostic d’autisme à l’âge de 3 ans;
  • Être en surpoids ou obèse à l’adolescence et au début de l’âge adulte, avoir un diagnostic de bronchiolite pendant l’enfance et manquer des rendez-vous médicaux de routine à l’âge de deux ans.
  • Fumer la cigarette à l’adolescence ou au début de l’âge adulte.

Aucune association n’est notée avec l’intensité de la douleur ressentie par des jeunes ayant des douleurs chroniques et les expériences négatives durant l’enfance de leur mère. Il s’agit du seul indicateur mesuré pour lequel aucune association n’est relevée.

L’augmentation du nombre d’expériences négatives vécues par le parent augmente la probabilité pour l’enfant de présenter des difficultés sur le plan du développement cognitif et émotif, et de la santé physique.

Certaines expériences négatives spécifiques sont liées à une augmentation de risques, alors que d’autres ne le sont pas (ex. : le risque de fumer la cigarette chez le jeune est associé à la violence physique vécue par sa mère, mais pas au fait qu’un de ses parents présentait un trouble mental).

Les constats permettent de mettre en évidence la pertinence d’approches multigénérationnelles et d’interventions visant la réduction des expériences négatives dans l’enfance. Ils font également ressortir l’importance de considérer les expériences négatives durant l’enfance des parents au moment d’identifier les facteurs de risque des enfants à l’échelle individuelle.

Limites

Les auteurs mentionnent certaines limites :

  • La typologie de Felliti, sur laquelle s’appuie la sélection, aurait pu mener à exclure des études;
  • Les études sélectionnées sont rétrospectives et sous-tendent une grande variabilité dans les façons de mesurer l’exposition aux expériences négatives et leur nombre. L’âge des enfants participant aux études est aussi très variable;
  • Toutes les études ont été menées dans des pays à revenu élevé, ce qui limite la généralisation possible aux pays à moyen et faible revenu;
  • Quatre cohortes préexistantes ont été incluses dans plus d’une étude, ce qui fait que certaines données individuelles ont pu être considérées plus d’une fois;
  • Les mots-clés liés à la santé mentale des parents, qui sont cohérents avec la typologie de Felliti, ont pu restreindre la recherche.

Arnold, R., Ahmed, F., Clarke, A., Quinn, N., Beenstock, J., & Holland, P. (2023). The relationship between parental adverse childhood experiences and the health, well-being and development outcomes of their children: A systematic review. Public Health, 219, 146‑153.

1Felitti, V. J., Anda, R. F., Nordenberg, D., Williamson, D. F., Spitz, A. M., Edwards, V., Koss, M. P., & Marks, J. S. (1998). Relationship of childhood abuse and household dysfunction to many of the leading causes of death in adults: The Adverse Childhood Experiences (ACE) Study. American Journal of Preventive Medicine, 14(4), 245–258.

Habitudes de vie

États-Unis – Influence du genre, de la parentalité, de la violence entre partenaires intimes et du stress sur la consommation d’alcool pendant la pandémie de Covid-19

Contexte

Les impacts et la persistance des bouleversements de la vie au quotidien, au début de la pandémie de COVID-19, ont affecté de manière significative le fonctionnement psychosocial et le bien-être des individus et des familles. Notamment, une augmentation des taux de consommation d’alcool a été observée pendant la première période de confinement aux États-Unis, soit au mois d’avril 2020.

Objectif et méthode

L’objectif principal de l’étude était d’examiner l’influence du stress, de la violence entre partenaires intimes, du genre et de la parentalité sur la consommation d’alcool pendant le premier confinement lié à la COVID-19. Deux cent quatre-vingt-dix-huit (298) participants, âgés de plus de 18 ans, ont été recrutés à partir d’un panel de répondants en ligne de la compagnie de sondage Qualtrics. Les participants ont rempli un questionnaire en ligne au mois de mai 2020. Le questionnaire comportait, entre autres, deux questions sur la consommation d’alcool au cours du dernier mois en termes de fréquence et de quantité, dix questions sur la violence entre partenaires intimes, ainsi qu’une mesure du stress perçu de dix items. Cette dernière comportait des questions relatives au stress lié à l’emploi, aux finances et à la maladie associée à la COVID-19. Pour mesurer le statut de parent, une question demandait au répondant s’il avait ou non des enfants.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les parents ayant des enfants à leur charge rapportent un plus haut niveau d’expériences de violence avec le partenaire intime, un plus haut niveau de stress financier, de stress en général, et une consommation d’alcool plus élevée en fréquence et en quantité que les personnes sans enfant;

  • Les parents ayant des enfants à leur charge rapportaient un plus faible niveau de stress en lien avec les effets de la COVID-19 sur la santé que les personnes sans enfant;
  • Au-delà du niveau de stress perçu, de l’expérience de violence avec le partenaire intime et du genre des participants, la parentalité expliquait davantage la consommation d’alcool pendant la pandémie.

Il ressort des résultats de cette recherche que la parentalité et l’expérience de violence entre partenaires intimes sont des facteurs associés à la consommation d’alcool chez les parents pendant la pandémie. Les observations de cette recherche invitent au développement de stratégies de prévention quant au recours à l’utilisation de l’alcool comme moyen d’adaptation face aux événements de vie majeurs.

Limites

Les chercheurs et chercheuses soulignent différentes limites à leur étude. En premier lieu, l’étude ne comporte pas de mesure sur le niveau de consommation d’alcool avant la pandémie. Ainsi, il n’est pas possible de déterminer dans quelle mesure le niveau de consommation a changé ou non avec la pandémie. Les mesures sur le stress associé à la COVID-19 ont été prises au début de la pandémie, alors que les risques de contagion et les effets associés sur la santé étaient peu connus. Finalement, l’étude n’a pas considéré le nombre d’enfants à la maison et leur âge. Selon les auteurs, le niveau de stress et de consommation d’alcool pourrait varier selon que le parent doit prendre soin de plusieurs enfants et en bas âge.

Colton, K. C., Godleski, S. A., Baschnagel, J. S., Houston, R. J., & DeHarder, S. M. (2023). Alcohol use during the COVID-19 pandemic: Gender, parenthood, intimate partner violence, and stress. AIMS Public Health, 10(2), 360‑377.

Santé mentale

Turquie – Dépression post-partum chez les pères et facteurs associés

Contexte

La dépression post-partum se traduit par la présence de symptômes dépressifs chez les parents dans une fenêtre de douze mois après la naissance d’un enfant. Il s’agit d’un des problèmes de santé mentale le plus souvent observés auprès des nouveaux parents, mais la plupart des recherches scientifiques portent sur les mères. Ainsi, et alors qu’on estime que la dépression post-partum pourrait toucher de 9 à 12 % des pères, ce phénomène demeure peu examiné chez les hommes.

Objectif et méthode

Cette étude transversale menée en Turquie visait à mesurer les symptômes dépressifs des pères en période post-partum, ainsi que les facteurs qui pourraient y être associés. Plus précisément, les auteurs souhaitaient examiner si la nature de l’affect des pères (le fait que les expériences vécues soient perçues de façon négative ou positive) jouerait un rôle modérateur sur leur niveau de dépression post-partum, ainsi que sur leur comportement d’autostigmatisation à l’égard de la dépression (l’application à soi-même de préjugés et de stéréotypes négatifs quant à la présence de difficultés de santé mentale, par exemple ressentir de la honte).

Les données ont été colligées en ligne entre les mois de juillet et août 2021, auprès de 233 pères ayant au moins un enfant âgé de deux semaines à douze mois au moment de la collecte de données. En plus des caractéristiques sociodémographiques, les auteurs ont mesuré trois variables à l’aide d’instruments standardisés : 1) les symptômes de dépression (Edinburgh Postnatal Depression Scale) 2) l’autostigmatisation à l’égard de la dépression (Self-Stigma of Depression Scale) et 3) la nature de l’affect (Implicit Positive and Negative Affect). En ce qui concerne les analyses statistiques, les auteurs ont examiné les corrélations (les relations) entre les variables. Ils ont également utilisé un modèle d’équation structurelle qui permet d’estimer à la fois les effets modérateurs et les relations entre les variables.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • Les participants avaient un âge moyen de 32 ans, et un peu plus de la moitié détenaient un diplôme d’études universitaires. Cinquante-huit pour cent d’entre eux percevaient leur statut économique comme moyen et quarante-huit pour cent avaient un salaire mensuel équivalent à 214 $ CAN. Pour 64 % des participants, il s’agissait de leur première expérience de paternité.
  • La prévalence de symptômes dépressifs en période post-partum chez les pères est élevée, soit de 29 %.
  • Il y aurait une relation positive significative entre le score de dépression post-partum et le score d’autostigmatisation. En d’autres termes, plus les hommes ressentiraient des symptômes dépressifs en période post-partum, plus ils démontreraient des préjugés négatifs envers eux-mêmes.
  • En plus de cette association, lorsque l’affect est considéré en fonction de sa nature, un affect positif aurait un rôle modérateur significatif sur le score d’autostigmatisation. Ainsi, bien que la dépression post-partum soit associée à des préjugés envers soi-même, avoir une perception plus positive des événements de la vie pourrait médier cette relation.

Les résultats sont discutés dans une optique de favoriser le développement d’un affect positif chez les pères au moment de la transition vers la paternité.

Limites

Les auteurs mentionnent que l’utilisation d’un devis transversal, le fait que les données aient été récoltées en ligne et à l’aide d’instruments autoadministrés et la petite taille de l’échantillon pourraient limiter la portée des résultats.

Tarsuslu, B., Sahin, A., & Durat, G. (2023). Implicit affectivity as the predictor of the relationship between paternal postpartum depression and self-stigma in fathers: A structural equation modeling analysis. International Journal of Gynecology & Obstetrics.

Rédacteurs

Stéphani Arulthas
Marie-Ève Bergeron-Gaudin
Liliana Gomez
Andréane Melançon
Louise Pouliot

Sous la coordination de
Julie Laforest, chef d’unité scientifique

Mise en page
Sophie Michel

Équipe Périnatalité, petite enfance et santé reproductive
Unité Santé et bien-être des populations
Direction du développement des individus et des communautés

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en périnatalité.