Veille analytique en périnatalité, décembre 2020

Les articles présentés dans ce bulletin de veille anaytique abordent différents aspects de la santé en contexte périnatal et de petite enfance.

COVID-19

Ontario – Impacts de la COVID-19 sur les familles canadiennes à revenu moyen ou élevé

Contexte

Plus de temps d’écran, moins d’activités physiques, changement dans les habitudes alimentaires; la vie des familles canadiennes a changé de façon importante en raison de la pandémie. Pour les auteurs de cette étude, il est nécessaire de mieux comprendre les changements entraînés par la COVID-19 et leurs effets sur les familles afin de procéder à l’identification de mesures efficaces pour soutenir les familles après la pandémie.

Objectif et méthode

L’objectif de cette étude était d’identifier comment les habitudes de vie (c.-à-d., habitudes alimentaires, temps d’écran, activité physique, sommeil), le niveau de stress général, le niveau de stress financier et la sécurité alimentaire des familles canadiennes ont été influencés par la pandémie de COVID-19.
Un sondage en ligne a été réalisé entre le 20 avril et le 15 mai 2020 auprès de 254 familles (mères, n = 235 et pères, n = 126) participant à une étude en cours (Étude sur la santé des familles à Guelph, Ontario). L’échantillon se composait de familles ayant au moins un enfant âgé entre 18 mois et 5 ans.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

L’étude rapporte que certains comportements dits malsains semblent avoir été exacerbés depuis la COVID-19. En parallèle, d'autres comportements identifiés comme plus sains sont apparus.

  • Les répondants ont été nombreux (mères, 70 %; pères, 60 %; enfants, 51 %) à déclarer que leurs habitudes alimentaires et de repas avaient changées.
  • De nombreuses familles ont déclaré :
    • passer plus de temps à cuisiner (mères, 70 %; pères, 68 %);
    • préparer plus de repas à partir d’ingrédients de base (mères, 65 %; pères, 58 %);
    • manger davantage (mères, 60 %; pères, 53 %);
    • impliquer plus souvent les enfants dans la préparation des repas (mères, 53 %; pères, 47 %).
  • Le changement le plus fréquemment rapporté à l’égard de l’alimentation concerne la consommation plus grande de grignotines, comme des chips ou des biscuits (mères, 67 %; pères, 59 %; enfants, 55 %).
  • Le temps passé devant un écran a augmenté de façon considérable : celui-ci a connu une hausse chez 74 % des mères, 61 % des pères et 87 % des enfants.
  • L'activité physique a connu une baisse chez 59 % des mères, 52 % des pères et 52 % des enfants.

L‘étude rapporte également des résultats quant au stress, au stress financier et à la sécurité alimentaire :

  • En moyenne, les parents rapportent un niveau de stress modéré (mères : 6,8/10, pères : 6/10). En comparaison, une enquête américaine prépandémie a indiqué une moyenne nationale de stress de 4,9 sur 10. Selon les parents, le stress familial est particulièrement influencé par les facteurs suivants : l'équilibre entre le travail et la garde d'enfants, l'école à la maison et l'instabilité financière.
  • Au chapitre du stress financier, environ 20 % des familles (mères, 22 %; pères, 18 %) ont rapporté des préoccupations concernant le paiement de leur hypothèque, de leur loyer ou d'autres factures au cours des six prochains mois.
  • Concernant la sécurité alimentaire, en référence au dernier mois ou aux six mois à venir, 10 % des mères et 5 % des pères ont fait état de préoccupation.

Les auteurs concluent que les plans d'intervention contre la COVID-19 devraient donner la priorité à la garantie d'un revenu adéquat, à la réduction du stress familial et à la promotion de comportements sains en matière d'alimentation, d'activités physiques et de temps d'écran dans toutes les familles canadiennes.

Limites

Parmi les limites rapportées par les auteurs, on note le fait que l’échantillon se compose majoritairement de familles de type caucasien et qu’environ 56 % des répondants ont un revenu par ménage supérieur à 100 000 $.

Carroll, N., Sadowski, A., Laila, A., Hruska, V., Nixon, M., Ma, D. W. L., Haines, J., & on behalf of the Guelph Family Health Study. (2020). The Impact of COVID-19 on Health Behavior, Stress, Financial and Food Security among Middle to High Income Canadian Families with Young Children. Nutrients, 12(8), 2352.


Belgique – Influence de la pandémie de COVID-19 sur la santé mentale des femmes enceintes et en période post-partum

Contexte

Chez certaines mères, la grossesse et la parentalité peuvent s’accompagner d’une plus grande vulnérabilité émotionnelle. En général, on estime à environ 10 à 20 % la prévalence des problèmes de santé mentale chez les femmes, de la grossesse au début de la période post-partum. Considérant que la dépression et l’anxiété ont été associées à des situations à risque pour la mère, le nouveau-né et le nourrisson et que les mesures de confinement imposées par la pandémie et la crainte de contracter la maladie pourraient avoir eu des impacts psychologiques négatifs sur les femmes, les auteurs de l’étude ont décidé de documenter la question.

Objectif et méthode

Cette étude s’est intéressée à la santé mentale des femmes enceintes et des nouvelles mères en Belgique, alors que le confinement lié à la pandémie de COVID-19 était en vigueur depuis quelques semaines.
Une enquête en ligne (période de collecte de données non précisée) a permis de rejoindre 5866 femmes (2421 femmes enceintes et 3445 femmes en post-partum). L'échelle de dépression d'Édimbourg (EDS) et l'échelle de dépistage des troubles anxieux (GAD-7) ont été utilisées pour évaluer la santé mentale des femmes.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • L’étude révèle que près de la moitié des femmes ont présenté des symptômes dépressifs ou anxieux après quelques semaines de confinement.
  • Les symptômes dépressifs majeurs autodéclarés pendant la grossesse s’élèvent à 25,3 % et à 23,6 % pendant la période post-partum.
  • Plus de 40 % des femmes répondent au critère d'anxiété généralisée selon l’échelle de dépistage des troubles anxieux (GAD-7) et 14 % au critère d'anxiété élevée.
  • Les résultats suggèrent une augmentation de la probabilité de souffrir de problèmes de santé mentale pour les femmes enceintes et en post-partum pendant la période de pandémie de COVID-19.

Les auteurs soulignent à quel point il est important que le personnel impliqué dans les soins périnataux et les décideurs politiques soient conscients des impacts de la COVID-19 et des mesures d'isolement sur la santé mentale des femmes. Ils suggèrent d’envisager un dépistage systématique de la dépression et de l'anxiété pendant la période périnatale.

Limites

Cet article prenant la forme d’une communication brève, aucune limite n’est rapportée par ses auteurs.

Ceulemans, M., Hompes, T., & Foulon, V. (2020). Mental health status of pregnant and breastfeeding women during the COVID-19 pandemic: A call for action. International Journal of Gynecology & Obstetrics.


États-Unis (New York) - Probabilité de contracter la COVID-19 pendant la grossesse en fonction de l'environnement bâti et du statut socioéconomique du quartier

Contexte

Des recherches ont démontré que la transmission des maladies infectieuses, en particulier celles transmises par contact, aérosols ou gouttelettes, présente des associations avec l’environnement bâti. Une étude s’est penchée sur les taux d’hospitalisation et de mortalité liés à la COVID-19 selon les différents quartiers de New York et a identifié que les taux les plus élevés étaient dans le Queens et le Bronx.

Objectif et méthode

Ce court rapport issu d’une recherche originale s’intéresse à l’association entre l’environnement bâti, le statut socio-économique du quartier et la probabilité de contracter la COVID-19 chez les femmes enceintes.
Entre le 22 mars et le 21 avril 2020, 434 femmes se sont présentées à l’unité de travail et d'accouchement de deux hôpitaux de New York et ont été testées pour la COVID-19. Les chercheurs ont pu relier 396 d’entre-elles aux données de leur quartier. Parmi celles-ci, 71 ont reçu un diagnostic positif à la COVID-19. Les données des patientes ont été croisées avec des données socioéconomiques et démographiques du US Census Bureau’s American Community Survey, ainsi qu’avec des données foncières de la ville de New York.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

La probabilité de contracter la COVID-19 chez les femmes enceintes varie considérablement selon l'environnement bâti et le statut socioéconomique du quartier. En effet, l’étude révèle que : 

  • Les risques de contracter la maladie étaient plus faibles chez les femmes vivant dans des bâtiments comportant plus d'unités résidentielles, des valeurs foncières plus élevées et dans des quartiers présentant des revenus médians plus élevés.
  • Les femmes qui vivent dans des bâtiments ayant une valeur foncière très élevée présentent les risques d’infection les moins élevés (8,2 %).
  • La plus grande probabilité d’infection a été trouvée chez les femmes résidant dans des quartiers composés de ménages ayant un nombre élevé de membres (23,9 %).
  • Les femmes résidant dans des quartiers à taux de chômage élevé, composés de ménages de plus grande taille et avec une plus grande présence de logements surpeuplés, ont présenté une probabilité d'infection plus grande.
  • Aucune association significative n’a été identifiée entre la probabilité d’infection à la COVID-19 chez les femmes enceintes et la densité de population ou le taux de pauvreté.

Les auteurs considèrent que les résultats de la recherche appuient l’hypothèse selon laquelle l’environnement bâti et le statut socioéconomique du quartier sont des déterminants sociaux importants dans la transmission de la COVID-19. Ils encouragent les décideurs à prendre en compte les résultats de l’étude dans la conception d’interventions visant à limiter la propagation de la COVID‑19.

Limites

Comme les femmes enceintes présentent des caractéristiques démographiques, physiologiques et sociales qui leur sont propres, les résultats ne sont pas nécessairement applicables à d’autres populations. Les auteurs rapportent également qu’une analyse multivariée n’a pu être réalisée étant donné la petite taille de l'échantillon et le degré élevé de corrélation entre les variables au niveau du quartier.

Emeruwa, U. N., Ona, S., Shaman, J. L., Turitz, A., Wright, J. D., Gyamfi-Bannerman, C., & Melamed, A. (2020). Associations Between Built Environment, Neighborhood Socioeconomic Status, and SARS-CoV-2 Infection Among Pregnant Women in New York City. JAMA.


Inégalités sociales de santé

États-Unis – Insécurité alimentaire et congruence entre les caractéristiques des ménages et de leur quartier de résidence

Contexte

Aux États-Unis, l’insécurité alimentaire affecte près d’un ménage avec enfants sur sept. Jusqu’à présent, la recherche à ce sujet portait surtout sur les facteurs de risque au niveau des ménages, tels que le statut socioéconomique, l’appartenance raciale et le niveau d’éducation des parents, ou encore sur les facteurs reliés au contexte social, comme les caractéristiques socioéconomiques ou physiques du quartier de résidence. Or, alors que l’adéquation entre les caractéristiques des ménages et celles de leur quartier semblent avoir un effet protecteur sur la santé physique et mentale, peu de chercheurs se sont intéressés à l’effet de cette congruence en regard de l’insécurité alimentaire.

Objectif et méthode

L’objectif de cette étude était d’évaluer si la congruence entre les caractéristiques des ménages et celles de leur quartier est associée à un risque plus ou moins élevé d’insécurité alimentaire. La congruence se définit, dans cette étude, comme le pourcentage de ménages du quartier partageant le statut de pauvreté, le niveau d’éducation et l’appartenance raciale du ménage de référence.

Les données de 8600 enfants et de leur famille ayant participé au Early Childhood Longitudinal Study-Kindergarten Class of 2010-2011 (ECLS-K) ont été analysées avec des données de leur secteur de recensement issues du American Community Survey 2007-2011 (ACS). L’insécurité alimentaire des ménages a été évaluée lors du ECLS-K à partir des 18 questions du USDA Food Insecurity Scale.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

La congruence entre certaines caractéristiques des ménages avec enfants et de leur quartier de résidence semble être associée au risque d’insécurité alimentaire :

  • Les familles ayant un niveau d’éducation élevé ont une plus faible probabilité d’insécurité alimentaire dans les quartiers avec un haut niveau d’éducation (plus de 30 % des ménages ayant un diplôme universitaire);
  • Les familles avec un faible niveau d’éducation ont plus de risque d’insécurité alimentaire lorsqu’elles résident dans des quartiers de niveau d’éducation élevé;
  • Les familles avec enfants noirs (non hispaniques) ont un risque plus faible d’insécurité alimentaire dans les quartiers avec une plus grande proportion de résidents noirs (non hispaniques);
  • Aucun effet de congruence significatif n’est observé au niveau du statut financier.

Selon les auteurs, ces résultats soulèvent plusieurs questions quant aux bénéfices que les familles plus vulnérables peuvent obtenir en résidant dans un quartier plus avantagé. En effet, les familles les moins scolarisées ne semblent pas tirer de bénéfices à résider dans les quartiers les plus scolarisés, laissant supposer que ces familles désavantagées pourraient avoir plus de difficulté à accéder aux ressources de leur quartier. Les auteurs soulignent l’importance de ne pas négliger les familles vulnérables résidant dans des quartiers avantagés dans la lutte à l’insécurité alimentaire et de considérer l’influence relative des caractéristiques contextuelles selon les caractéristiques des ménages.

Limites

Plusieurs limites sont énoncées par les auteurs de cette étude, notamment sa nature transversale, l’absence de mesures de cohésion sociale dans les quartiers ou d’historique résidentiel des familles. De même, l’analyse étant réalisée en fonction du quartier de résidence, les formes de soutien contre l’insécurité alimentaire qui pourraient provenir de l’extérieur du quartier n’ont pas été considérées.

Denney, J. T., Brewer, M., & Kimbro, R. T. (2020). Food insecurity in households with young children: A test of contextual congruence. Social Science & Medicine, 263, 113275.


Habitudes de vie

Boston (États-Unis) – Exploration du processus décisionnel des parents quant à l’utilisation des téléphones intelligents par leurs jeunes enfants

Contexte

L’usage du téléphone intelligent fait désormais partie des habitudes de vie des individus, y compris de celles des parents. Ainsi, les jeunes enfants peuvent être exposés très tôt aux téléphones intelligents, de façon indirecte (en observant leurs parents utiliser leur téléphone), ou directe (lorsque le parent permet à son enfant d’utiliser lui-même un téléphone). Durant les premières années de sa vie, l’environnement familial procure la majorité des expériences à l’enfant, et exerce ainsi une grande influence sur son développement global. Les recherches récentes suggèrent qu’une utilisation prolongée des écrans peut être néfaste chez les enfants, surtout à cause de la sédentarité qui l’accompagne, ainsi que la diminution du jeu actif et des interactions sociales avec la famille immédiate. Diverses organisations de santé, comme l’American Academy of Pediatrics, ont émis des recommandations quant à l’utilisation des technologies mobiles et des écrans selon l’âge des enfants, mais il revient aux parents de les appliquer.

Objectif et méthode

Cette étude qualitative utilise une approche phénoménologique afin d’explorer les différents facteurs en jeu dans le processus décisionnel des parents quant à l’âge d’introduction du téléphone intelligent auprès de leurs enfants. Douze parents américains ayant au moins un enfant de 0 à 11 mois et utilisant un téléphone intelligent quotidiennement ont participé à des entrevues individuelles semi-structurées. Les transcriptions ont été codifiées intégralement et catégorisées jusqu’à saturation afin de regrouper les propos en différentes thématiques.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • Cette étude expose les impressions et réflexions de parents en regard de l’introduction du téléphone intelligent auprès de leur enfant selon trois thèmes majeurs :
    • Le téléphone intelligent est bien ancré dans la vie des parents, qui jugent leur propre usage comme utilitaire et contrôlé. La communication, l’échange de vidéo et de photos, notamment avec des membres de la famille, représentent des fonctions importantes de leur appareil.
    • Les parents n’expriment pas de grande inquiétude quant à l’usage d’un téléphone intelligent, de façon directe et indirecte, par leur enfant de moins d’un an. Aucun d’entre eux ne semble avoir pris connaissance des recommandations officielles ni avoir été informé des dangers par leur pédiatre.
    • La position des parents quant à l’utilisation des appareils mobiles et des écrans est influencée par des sources d’information externes telles que les forums, les recherches internet, les amis et connaissances, etc. Les parents sont soucieux de préserver leurs enfants de l’omniprésence des technologies mobiles, mais ils souhaitent également leur permettre de vivre des expériences qui en favorisent la maîtrise, une compétence importante selon eux dans le monde actuel.

Limites

Les participants représentent un groupe homogène au niveau de plusieurs variables telles que l’âge, le niveau d’éducation, etc. De plus, la nature qualitative de l’étude limite la généralisation des résultats à une population plus large.

Golden, S. L., Blake, J. W. C., & Giuliano, K. K. (2020). Parental decision-making: Infant engagement with smartphones. Infant Behavior and Development, 61, 101497.


Canada – Associations entre la consommation de substances pendant la grossesse et l’allaitement, les caractéristiques sociodémographiques et la santé mentale des mères

Contexte

L’exposition aux substances (opioïdes et cannabis) pendant la grossesse peut avoir des effets négatifs sur divers aspects du développement de l’enfant. Dans la population générale, des recherches antérieures ont mis en évidence des variations dans la consommation de substances selon le groupe sociodémographique, l’état de santé mentale et la province de résidence. Cependant, à ce jour, peu d’études ont examiné les estimations et les prédicteurs de la consommation d’opioïdes et de cannabis, plus spécifiquement pendant la période périnatale, en relation avec les caractéristiques sociodémographiques et la santé mentale, au niveau national.

Objectif et méthode

Cette étude poursuivait deux objectifs :

  • Estimer la prévalence de la consommation d’opioïdes pendant la grossesse, et de la consommation de cannabis pendant la grossesse et l’allaitement chez les mères et futures mères canadiennes;
  • Explorer la relation entre la consommation d’opioïdes et de cannabis, les caractéristiques sociodémographiques (âge, province de résidence, statut matrimonial, éducation) et la santé mentale des mères.

À partir de l’Enquête sur la santé maternelle de Statistique Canada, les données de 6558 femmes ayant accouché entre le 1er janvier et 30 juin 2018, concernant leur santé mentale, leur statut matrimonial et leur consommation de substances, ont été analysées.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • Cette étude met en évidence une faible prévalence de la consommation autorapportée de substances pendant la période périnatale (1,4 % pour les opioïdes pendant la grossesse, et respectivement 3,1 % et 2,6 %, pour le cannabis pendant la grossesse et l’allaitement).
  • Les symptômes de dépression post-partum et/ou de trouble anxieux étaient significativement associés à la consommation d’opioïdes pendant la grossesse.
  • Le jeune âge, le fait de ne pas être en couple et les pensées d’automutilation étaient significativement associés à la consommation de cannabis pendant la grossesse.
  • Les femmes âgées de 30 à 34 ans, vivant en Colombie-Britannique ou dans les provinces de l’Atlantique, ayant des pensées d’automutilation et des symptômes de dépression post-partum et/ou de trouble anxieux, étaient plus susceptibles de consommer du cannabis lors de l’allaitement.
  • Le faible niveau de scolarité (diplôme d’études secondaires ou moins) était associé de manière significative à la consommation d’opioïdes et de cannabis pendant la grossesse, ainsi qu’à la consommation de cannabis lors de l’allaitement.

Limites

L’exclusion des femmes qui n’étaient pas admissibles ou qui n’avaient pas demandé l'allocation canadienne pour enfants et des femmes qui vivaient dans les territoires, constitue une limite de cette étude. De plus, un biais de désirabilité sociale a pu contribuer à affecter les réponses de certaines mères aux questions plus sensibles, qui se référaient à la période où l’usage non médical du cannabis était encore illégal. Finalement, les auteurs suggèrent que les futures recherches devraient intégrer des échantillons de plus grande taille pour pouvoir détecter certaines associations, qui peuvent ne pas avoir été détectées dans la présente étude.

Grywacheski, V., Ali, J., Baker, M. M., Gheorghe, M., Wong, S. L., & Orpana, H. M. (2020). Opioid and cannabis use during pregnancy and breastfeeding in relation to sociodemographics and mental health status: A descriptive study. Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada.


Santé mentale

Point de vue des partenaires quant à la détresse psychologique postnatale des nouvelles mères

Contexte

Selon certaines estimations, dans l’année suivant la naissance de leur enfant, de 10 à 25 % des mères pourraient souffrir de détresse psychologique, au point de recevoir un diagnostic médical (p. ex. troubles de l’anxiété, dépression postnatale, psychose postpartum). Cette détresse peut avoir des répercussions sur la mère elle-même, sur le bébé et sur le partenaire. Il est de plus en plus reconnu que les partenaires peuvent contribuer à atténuer les impacts négatifs de ce problème. Toutefois, peu d’informations existent sur leur expérience et leurs besoins.

Objectif et méthode

Cette revue systématique visait à mieux comprendre la perspective des partenaires des mères souffrant de détresse psychologique postnatale (DPP). Pour ce faire, une synthèse des évidences qualitatives provenant de six bases de données a été effectuée. Les études incluses devaient rapporter le point de vue des partenaires des mères souffrant de DPP, que la DPP soit diagnostiquée ou non. Au total, 25 études (1998 à 2018) impliquant 270 partenaires ont été retenues et soumises à une analyse thématique. Les principaux thèmes identifiés étaient les suivants : connaissances, relations, impact personnel, divulgation.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les partenaires manquent de connaissances au sujet de la DPP, ce qui nuit à leur capacité à l’identifier et à obtenir de l’aide. Ils rapportent que la DPP entraîne le plus souvent des impacts négatifs sur leur relation avec la mère. Par crainte de laisser la mère ou l’enfant seuls, ils tendent fréquemment à être plus présents auprès du bébé et de la mère souffrant de DPP. Les partenaires peuvent également être affectés négativement par la DPP de la mère (p. ex. émotions variées, sentiment d’isolement, de solitude, d’impuissance, frustration, manque de sommeil, mauvaise alimentation).

La crainte du jugement ou de perdre la garde de l’enfant figurent parmi les raisons évoquées par les partenaires pour ne pas parler de la DPP à leur entourage ou aux professionnels de la santé. Ils indiquent toutefois que le fait de dévoiler le problème de DPP peut entraîner des bénéfices comme le bris de l’isolement et un soutien émotionnel et pratique accru.

Selon les auteurs, les professionnels de la santé devraient être encouragés à inclure le partenaire dans les soins et le support apportés aux mères souffrant de DPP. De même, améliorer la littératie en santé mentale, tant des mères que de leurs partenaires, serait une avenue importante à considérer dans l’éducation prénatale.

Limites

Les 25 études retenues ont été incluses sans égard à leur qualité. Toutes concernaient des partenaires masculins et la majorité d’entre elles ont été menées dans des pays développés. Ces deux limites peuvent en affecter la généralisabilité. Certaines études n’ont pas été conduites exclusivement auprès des partenaires, mais également auprès d’autres individus, pouvant ainsi introduire un biais. Finalement, le délai entre l’expérience de la DPP et la participation du partenaire à l’étude n’était pas toujours indiqué.

Atkinson, J., Smith, V., Carroll, M., Sheaf, G. & Higgins, A. (2020). Perspectives of partners of mothers who experience mental distress in the postnatal period: A systematic review and qualitative evidence synthesis. Midwifery.


Parentalité

Validation d’un cadre conceptuel visant à expliquer l’expérience de la maternité

Contexte

La transition vers la maternité implique un processus dynamique et continu entre plusieurs aspects physiques, psychologiques et sociaux qui façonnent l’expérience de la femme. Malgré une littérature abondante à ce sujet, on constate le manque d’un cadre conceptuel structurant expliquant les différentes dimensions de l’expérience de la maternité.

Objectif et méthode

Vogels-Broeke et collab. (2020) ont préalablement proposé un cadre conceptuel qui identifie les dimensions principales de l’expérience de la maternité. L’objet de cette étude est la validation de ce cadre conceptuel, à partir d’un examen de la portée recensant les études qui documentent l’expérience des femmes pendant la période périnatale. Au total, 251 publications, publiées entre 1979 et 2019 et provenant de cinq bases de données, ont été retenues pour l’analyse et la synthèse.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Cette démarche a permis de valider les sept dimensions du cadre conceptuel proposé par Vogels-Broeke et collab. (2020), soit :

  • la femme et ses caractéristiques personnelles (sociodémographiques, santé physique et mentale, attentes et préférences, perception du risque et croyances relatives à l’accouchement);
  • la femme en tant que participante active aux soins qui lui sont prodigués;
  • la réactivité des soins et des services de santé (organisation des soins, continuité des soins, accès aux soins, type de prestataire, bonne gestion du temps);
  • le vécu de la grossesse, de l’accouchement et de la période postnatale;
  • la communication et les relations entre la femme et ses fournisseurs de soins;
  • l’information et l’éducation prénatale;
  • le soutien du réseau social et l’importance de l’environnement culturel.

De plus, une nouvelle dimension a émergé de la littérature scientifique soit :

  • l’influence du contexte social et politique (représentations sociales de la maternité, décisions politiques concernant l’organisation des soins et l’accessibilité, congé de maternité).

Cet exercice de validation a permis d’affirmer les principales dimensions de l’expérience de la maternité. Bien que chaque dimension soit distincte, il existerait des chevauchements importants et des relations étroites entre elles.

Limites

Aucun document issu de la littérature grise n’a été consulté, ce qui limite le nombre de publications pertinentes recensées. Peu d’études pertinentes ont été identifiées en lien avec certaines dimensions, dont le contexte social et culturel. Cela peut indiquer une lacune réelle dans la littérature scientifique ou la nécessité d’élaborer une stratégie de recherche spécifique pour l’identification de ce type d’étude.

Vogels-Broeke, M., de Vries, P. R., & Nieuwenhuijze, M. (2020). Validating a framework of women’s experience of the perinatal period; a scoping review. Midwifery, 102866.


Rédacteurs

Stéphani Arulthas
Mathilde Botella
Élise Jalbert-Arsenault
Danielle Landry
Nadine Maltais
Andréane Melançon

Révision
Émilie Audy
Johanne Laguë

Sous la coordination de
Roseline Olivier-Pilon, Chef d’unité scientifique

Équipe Périnatalité, petite enfance et santé reproductive
Unité Stratégies préventives et parcours de vie
Direction du développement des individus et des communautés

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en périnatalité.