KONTAK

La prévention des ITSS dans les « sex parties »

Que sont les « sex parties »?

Les « sex parties » sont habituellement initiés par une ou plusieurs personnes dans un lieu privé (logement, chambre d’hôtel, local loué) ou dans un lieu de sexualité sur place (sauna, camping). Les invitations circulent souvent de « bouche-à-oreille » ou sont diffusées sur des sites de rencontres. Certaines de ces soirées sont organisées à date fixe durant l’année, mais la majorité a lieu ponctuellement. Le but des « sex parties » est de créer un espace où les participants peuvent avoir des relations sexuelles à deux ou en groupe. Certains « sex parties » sont liés à une sous-culture sexuelle comme le fétichisme et permettent aux adeptes de certaines pratiques de se retrouver ensemble. Bien que plusieurs études concernent le milieu urbain, les sex party en région peuvent être un substitut pour l’absence de lieux physiques de socialisation.[1]

Il n’y a pas de données spécifiques sur la fréquentation des « sex parties » chez les HARSAH au Québec. Dans l’enquête ARGUS de 2008-2009, le tiers des répondants ont participé, au moins une fois dans les 6 mois précédant l’enquête, à des activités sexuelles en groupe, sans toutefois préciser si c’était lors d’un « sex-party ». Certaines recherches démontrent une association entre la participation aux « sex parties » et certains facteurs de risque comme la consommation de drogues et les relations anales non protégées avec des partenaires de statut inconnu ou différent. Les relations sexuelles en groupe ont aussi été associées à un risque d’acquisition sexuelle du VHC chez les HARSAH séropositifs.

Le contexte « privé » des « sex parties » constitue un défi pour joindre les participants et rendre accessibles des messages de prévention et du matériel de protection. Certains organisateurs établissent des règles sur l’usage ou non du condom dans leur « sex-parties » tandis que d’autres laissent le choix aux participants.

Dans une étude aux États-Unis, la disponibilité de condoms sur les lieux réduisait significativement les relations anales à risque pendant les « sex parties » [2].

Initiative de prévention

KONTAK est une initiative de santé sexuelle de Sida Bénévoles Montréal (ACCM) en collaboration avec la Direction de santé publique de Montréal. Ce projet a été inspiré des expériences semblables à Chicago et en Australie. Ce projet, géré par l’organisme ACCM, offre un service aux hommes gais et HARSAH, qui souhaitent se procurer du matériel de protection pour un événement de type « sex parties » sur l’île de Montréal. L’objectif est de rendre disponibles le matériel de protection et les messages de prévention dans ces lieux privés de sexualité afin de contribuer à réduire le risque de transmission des ITSS.

À partir du site Internet KONTACT [3] un organisateur ou un participant de « sex party » peut commander du matériel de protection dont des condoms, lubrifiants, gants de latex, dépliants de prévention. Il peut aussi obtenir certains produits « haut de gamme » et des jouets sexuels à prix réduit. KONTAK offre à l’organisateur de venir récupérer son matériel aux locaux d’ACCM ou de se le faire livrer par la poste ou directement sur le lieu du party.

Pour permettre une intervention de prévention plus soutenue et personnalisée, KONTAK offre également qu’un intervenant se présente au « sex party » pour offrir une séance d’information aux participants sur la réduction des risques de transmission des ITSS. Cet intervenant pourra demeurer sur place, de manière discrète et selon les besoins des participants, pour répondre à leurs questions sur la santé sexuelle.

Un point fort de KONTAK est son effort d’adaptation culturelle au contexte de ces partys. Leur site Internet et leur approche sont très « sex positive », ce qui contribue au succès du projet. Le site offre également l’accès à une brochure dédiée à la gestion de la santé sexuelle chez les personnes qui fréquentent les « sex parties ». Cette brochure a été produite dans le cadre de la campagne australienne « Sex Pigs » et traduite en français par ACCM en collaboration avec CATIE, la source canadienne de renseignements sur le VIH et l’hépatite C.


[1] Grov, C., Rendina, H. J., Breslow, A.S., Ventuneac, A., Adelson, S., & Parsons, JT. (2014) Characteristics of men who have sex with men (MSM) who attend sex parties : result from a national online sample in the USA, Sexually transmitted infections, 90, p. 26-32. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24052337

[2] Mimiaga, MJ, Reisner, SL, Driscoll, MA, Cranston, K, Isenberg, D, VanDerwarker, R, Mayer, KH (2011) Sex parties among urban MSM : an emerging culture and HIV risk environment, AIDS and Behavior, 15(2), p.305-318. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20838870

[3] http://www.accmkontak.com/, ce site contient des images à caractère sexuel.

Rédigé par
Geneviève Boily - Espace ITSS
Date de publication : 9 septembre 2015