Veille analytique en santé cognitive, octobre 2022

Pour ce numéro, l’équipe Vieillissement en santé a repéré cinq études abordant le mode de vie physiquement actif, la participation sociale, ainsi que la saine alimentation. Les trois premiers articles portent sur le soutien d’un mode de vie physiquement actif chez les personnes aînées : via l’aménagement adéquat de l’environnement bâti intérieur, par la mise en œuvre d’interventions numériques, ainsi que par le biais de classes d’exercice communautaires intergénérationnelles. Le quatrième article explore la façon dont la participation sociale est vécue par des personnes aînées habitant dans trois villes du Royaume-Uni. Finalement, le dernier article permet de dresser une liste des différents facteurs influençant les choix alimentaires des personnes aînées.

Mode de vie physiquement actif

Les caractéristiques de l’environnement bâti intérieur associées au maintien d’un mode de vie physiquement actif : une revue systématiques

Contexte

Le concept de « vieillir chez soi » (de l’anglais « aging in place ») renvoie au désir des personnes aînées de continuer à vivre dans la même maison ou la même collectivité en toute sécurité et de façon autonome au fur et à mesure qu’elles vieillissent. De nombreux facteurs favorisent la capacité des personnes de bien « vieillir chez soi », l’un d’eux étant la pratique régulière d’activité physique. De nombreuses études scientifiques ont souhaité mieux comprendre l’influence des caractéristiques de l’environnement bâti extérieur (p. ex. espaces piétonniers sécuritaires, présence de commerces de proximité, éclairage des rues adapté, etc.) sur la propension des personnes aînées à pratiquer une activité physique de façon régulière. Or, peu d’études se sont penchées sur les caractéristiques de l’environnement bâti intérieur nécessaires pour favoriser un mode de vie physiquement actif chez les personnes aînées.

Objectif de l’étude

Cette revue systématique (n = 23 études incluses) vise à décrire les caractéristiques de l’environnement bâti intérieur favorisant l’activité physique chez les adultes âgés de 60 ans et plus. L’environnement bâti intérieur comprend à la fois les espaces internes aux bâtiments dans lesquels les personnes résident, mais aussi les espaces extérieurs qui leur sont adjacents.

Qu’est-ce qu’on y apprend?  

Les caractéristiques de l’environnement bâti intérieur favorisant l’activité physique sont associées à trois domaines :

  • Les environs (espaces extérieurs adjacents aux bâtiments) : l’accès à des infrastructures dédiées à la pratique de l’activité physique (piscine intérieure ou extérieure, salle d’entraînement, cours d’exercice physique, etc.) favorise un mode de vie physiquement actif. La présence d’aménagements extérieurs, tels que les sentiers de marche, a aussi un effet bénéfique potentiel sur l’augmentation de l’activité physique. Ces aménagements doivent cependant être esthétiques, bien aménagés et sécuritaires. En ce sens, les dangers liés à la sécurité — présence de cailloux, trottoirs inégaux, escaliers extérieurs étroits sans main courante, longues allées ou rampes abruptes, eau sur les balcons, etc. — ont été identifiés comme limitant l’activité physique chez les personnes aînées.
  • Les caractéristiques des bâtiments : les espaces de vie intérieurs plus petits auraient pour effet de limiter la pratique d’activité physique. De plus, alors que les habitations à plusieurs étages limiteraient l’activité physique — les adultes âgés ayant plus de mal à se déplacer entre les étages des appartements — les maisons à un étage et de plain-pied sont associées à une activité physique accrue. Finalement, certaines études ont fait ressortir que les personnes âgées vivant dans des logements privés pratiquaient davantage d’activité physique, tandis que certaines personnes âgées vivant dans des logements collectifs en pratiquaient moins.
  • L’aménagement intérieur des bâtiments : spécifiquement en ce qui a trait aux immeubles d’habitation ou centres d’hébergement, les couloirs intérieurs favoriseraient la marche, d’autant plus si des panneaux indiquent la longueur des couloirs afin que les personnes puissent suivre leur progression (nombre de mètres parcourus) en marchant. Au contraire, la présence d’escaliers étroits sans rampe, de marches hautes, de descentes abruptes ou encore la présence de portes ou embrasures de portes étroites sont des freins à la mobilité.

Limites

Seules les études réalisées dans des pays à revenu élevé ont été examinées au sein de la revue systématique, donc les résultats peuvent ne pas être représentatifs d’autres régions du monde. De plus, il est important d’avoir en tête que les valeurs et les intérêts personnels peuvent également affecter la propension des personnes aînées à pratiquer une activité physique de façon régulière. En plus de s’intéresser aux caractéristiques de l’environnement bâti intérieur, il convient également d’envisager des stratégies comportementales dans l’adoption et le maintien de l’activité physique chez les personnes aînées.

Azim, F. T., Ariza-Vega, P., Gardiner, P. A., & Ashe, M. C. (2022). Indoor Built Environment and Older Adults’ Activity: A Systematic Review. Canadian Journal on Aging/La Revue canadienne du vieillissement.

L’exploration d’une intervention numérique pour promouvoir l’activité physique chez les personnes aînées

Contexte

L’adoption d’un mode de vie physiquement actif présente de nombreux avantages pour la santé cognitive, physique et psychologique. Une approche potentiellement efficace dans la promotion d’un mode de vie physiquement actif consiste à utiliser des interventions dispensées à distance à l’aide de technologies numériques, telles que des sites web et des applications mobiles. L’utilisation de ces technologies consiste à encourager l’intégration de l’activité physique dans une routine quotidienne en fonction d’objectifs et d’intérêts personnalisés en plus de miser sur des « systèmes persuasifs » pour soutenir le changement de comportement. Cependant, on connait encore mal les caractéristiques de ce type d’intervention numériques susceptibles d’être vues comme acceptables et efficaces auprès d’une population de personnes âgées.

Objectif de l’étude

Cette recherche vise à comprendre les facteurs d’acceptabilité et d’efficacité d’une intervention numérique de changement de comportement pour promouvoir l’activité physique (Active Lives). Pour ce faire, des entretiens qualitatifs ont été menés auprès de 52 personnes âgées de 60 à 85 ans ayant expérimenté cette intervention numérique.  

Qu’est-ce qu’on y apprend?  

Les principaux facteurs d’acceptabilité et d’efficacité sont les suivants :

Favoriser la motivation intrinsèque pour l’activité physique. L’intervention numérique propose une grande variété d’activités physiques pouvant facilement s’adapter à différents modes de vie. L’utilisation d’une approche non directive (absence de « durées minimales », « d’intensité » ou de « catégories prédéfinies » d’activité physique à compléter) rend, ainsi, l’intégration de l’activité physique dans les routines quotidiennes plus facile. L’intervention numérique fournit également de l’information — accompagnée de preuves scientifiques — sur les avantages immédiats de l’activité physique (maintien de l’indépendance, réduction de la douleur, amélioration de l’humeur, etc.). Ces informations sur les bénéfices immédiats de l’activité physique favorisent l’exploration des raisons personnelles d’être physiquement actif et par conséquent pourraient augmenter les possibilités que les changements de comportements entrepris perdurent dans le temps.

Soutenir l’efficacité personnelle. Pour renforcer la confiance des utilisateurs envers la pratique d’une activité physique, des « histoires de réussite » étaient présentées. Ces « histoires de réussite » avaient pour objectif la remise en question des perceptions courantes des personnes aînées selon lesquelles la pratique d’une activité physique n’est pas compatible avec leur identité. Les craintes reliées à la peur de tomber ou de se blesser lors de la pratique d’activité physique ont également été prises en compte via une offre d’activités couvrant un large éventail de capacités. Finalement, les utilisateurs avaient la possibilité de définir — et de réviser au besoin — des objectifs d’entraînements personnalisés.

Rendre l’utilisation de l’intervention numérique attrayante. Afin de minimiser la charge cognitive et la dépendance de l’intervention à l’égard du site web, les participants pouvaient imprimer sur papier les activités et les objectifs qu’ils avaient préalablement choisis en ligne. L’utilisation du site web donnait également l’opportunité d’interagir avec les autres utilisateurs inscrits sur la plateforme web de l’intervention numérique. Pour plusieurs, cette fonction « interactive » de l’intervention a permis d’accroître de façon importante le plaisir, l’encouragement et la motivation à s’engager au sein des routines d’activité physique proposées. Quelques participants ont néanmoins mentionné qu’ils préféraient s’engager de façon individuelle dans les activités, ce qui souligne la nécessité de rendre cette fonction interactive optionnelle.

Limites

Certains participants ont pu être réticents à exprimer des points de vue négatifs lors des entretiens individuels en raison de la désirabilité sociale. Il est également possible que le biais de non-réponse ait joué un rôle dans le façonnement de l’échantillon, les personnes qui ont choisi de participer à l’étude ayant probablement une opinion plus favorable de l’intervention que celles ayant refusé d’y participer. De plus, le recrutement des participants s’est limité à la côte sud de l’Angleterre. Étant donné que la plupart des participants étaient des Britanniques caucasiens, il s’avère nécessaire de refaire ce type d’étude auprès d’un échantillon plus diversifié en terme socio-économique. Finalement, tous les participants de l’échantillon avaient déjà accès à Internet lorsqu’ils ont expérimenté l’intervention numérique et la majorité d’entre eux l’utilisaient déjà quotidiennement. Il est donc possible que les opinions d’utilisateurs moins expérimentés avec la technologie diffèrent de celles exprimées au sein de la présente étude.

Pollet, S., Denison-Day, J., Bradbury, K., Essery, R., Grey, E., Western, M., ... & Yardley, L. (2020). A qualitative exploration of perceptions of a digital intervention to promote physical activity in older adults. Journal of Aging and Physical Activity, 29(3), 442-454.

Mode de vie physiquement actif / participation sociale

Les avantages et les défis de la mise en œuvre de classes d’exercice communautaires intergénérationnelles

Contexte

Les classes d’exercice communautaires intergénérationnelles peuvent améliorer la santé physique et psychologique des personnes aînées. Malheureusement, malgré leurs nombreux avantages, les études ayant examiné leur efficacité rapportent des taux d’abandon élevés, allant de 33 % à 56 %. Les principales raisons de l’abandon sont les problèmes de santé ou encore le manque d’exercices adaptés aux capacités physiques de chacun. Parallèlement, le manque de soutien social a également été désigné comme un facteur majeur expliquant un taux d’abandon élevé. En ce sens, un soutien social adéquat a pour effet d’augmenter le sentiment d’efficacité personnelle, le plaisir de l’activité, ainsi que le sentiment d’appartenance. Une façon d’apporter ce soutien social est par le biais d’interactions intergénérationnelles. Bien que plusieurs recherches aient démontré l’efficacité des classes d’exercice communautaires intergénérationnelles pour améliorer le sentiment de soutien social, on connait encore mal les défis liés à leur mise en œuvre.

Objectifs

Les objectifs de cette étude étaient de mieux comprendre les avantages et les défis de la mise sur pied de classes d’exercice communautaires intergénérationnelles. Les participants à l’étude étaient composés de personnes aînées (âge moyen de 74 ans) et de jeunes adultes (âge moyen de 23 ans) ayant assisté à huit classes hebdomadaires de leur choix entre le Yoga sur chaise et le Tai Chi facile. Puisque l’un des objectifs de l’étude était de mieux comprendre les effets de ces classes sur le sentiment de soutien social, les personnes aînées et les jeunes adultes étaient jumelés afin de former des paires de « compagnons d’exercices ». 

Qu’est-ce qu’on y apprend?

La majorité des jeunes adultes et des personnes aînées ont indiqué plusieurs retombées positives reliées à leur participation, par exemple d’avoir eu l’opportunité de faire de nouvelles rencontres, de se sentir mieux physiquement et de pouvoir se détendre. Les participants ont également exprimé le plaisir d’avoir un compagnon d’exercices et de suivre des classes avec des personnes de différents groupes d’âge. Le jumelage a, ainsi, pu générer des opportunités pour nouer de nouveaux liens, et ce, même s’il n’a pas conduit à une augmentation significative de la perception du soutien social chez les participants au cours des huit semaines. En ce sens, autant les jeunes adultes que les personnes aînées auraient souhaité avoir plus de temps structuré pour créer des liens. Plusieurs participants ont aussi parlé des défis que posent les interactions sociales entre les générations, ce qui laisse croire que les interactions intergénérationnelles ne se produisent pas automatiquement et nécessitent une certaine structure et du temps. Notons finalement que le fort taux de participation à l’intervention suggère que la présence d’un « compagnon d’exercice » représente une façon efficace de favoriser la rétention aux classes d’exercice communautaires intergénérationnelles.

Limites

Les limites de l’étude tiennent principalement à l’échantillon, puisque celui-ci était très peu diversifié en termes de genre, d’appartenance ethnique, de niveau d’éducation et de statut socio-économique. Ainsi, les études futures devraient porter sur un échantillon plus représentatif de la population aînée. Par ailleurs, on peut penser que les classes auraient eu davantage d’effets sur la perception du soutien social s’ils avaient été offerts avec une modalité plus intensive, soit deux fois par semaine et sur une plus longue période.

Kim, E. H., Chee, K. H., DeStefano, C., Broome, A., & Bell, B. (2021). Retention in intergenerational exercise classes for older adults: A mixed-method research study. Educational Gerontology, 47(6), 269-284.

Participation sociale

Soutenir la participation sociale pour un vieillissement en santé : expériences de personnes âgées vivant dans des environnements urbains au Royaume-Uni

Contexte

Le mouvement des villes et communautés amies des aînés a mis de l’avant l’importance de favoriser la participation sociale pour un vieillissement en santé. Les avantages de la participation sociale chez les personnes aînées ont été bien documentés. Cependant, on comprend encore mal comment optimiser cette participation sociale au sein des environnements quotidiens à travers lesquels les personnes aînées interagissent. Ce manque de connaissance constitue un obstacle à la conception d’interventions en soutien à la participation sociale des personnes aînées, notamment lorsque celles-ci habitent en milieu urbain.

Objectif de l’étude  

Cette étude a permis d’explorer comment la participation sociale est vécue par des personnes aînées habitant en milieu urbain. Plus précisément, l’étude s’appuie sur les résultats de 104 entretiens semi-structurés effectués avec des adultes âgés (entre 60 et 92 ans) habitant dans trois villes du Royaume-Uni (Manchester, Glasgow et Édimbourg).

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les participants soulignent l’importance d’avoir accès à des espaces communautaires qui leur permettent de « sortir de chez eux » et d’avoir de la compagnie d’autres personnes. La participation à des activités en groupe permettrait d’améliorer la confiance en soi en apprenant de nouvelles compétences, en plus d’augmenter le sentiment d’appartenance communautaire. La participation sociale ressort comme particulièrement importante pour aider les personnes aînées à faire face à une potentielle diminution de leur réseau de soutien au fur et à mesure qu’elles vieillissent. En ce sens, l’accès à ces espaces d’échanges en groupe a permis d’aider certaines personnes à surmonter des pertes familiales (p. ex. décès du conjoint) en leur donnant l’opportunité de s’engager dans la vie communautaire en dehors de l’espace domestique.

Bien que de nombreux quartiers offrent des possibilités de participation sociale, l’utilisation de ces possibilités varie. Certains répondants mentionnent entre autres « avoir l’impression de ne pas être assez vieux pour prendre part à certaines activités ». Certains rapportent également manquer de confiance pour rejoindre des groupes existants par eux-mêmes, comptant sur les autres pour les présenter. De plus, les résultats de l’étude révèlent que les activités sociales sont souvent structurées par des normes sexospécifiques que beaucoup souhaitent remettre en question. Certains répondants soulèvent également le besoin d’une offre d’activités davantage adaptée à la diversité culturelle et ethnique. Enfin, le besoin de concevoir la participation sociale par-delà l’organisation d’activités pour et avec les personnes âgées, mais plutôt comme la création « de communautés ouvertes à tous les âges » est ressorti.

Notons finalement que les opportunités de participation sociale sont fonction de la capacité des personnes aînées à se déplacer entre leur domicile et les espaces communautaires existants. Les répondants nomment néanmoins un certain nombre d’obstacles psychologiques (par exemple l’anxiété à l’idée de quitter le domicile) et physiques (par exemple le manque d’accessibilité) rendant difficile leur déplacement. L’aménagement du territoire devient donc un obstacle particulier lorsque les personnes aînées ont un problème de mobilité ou encore lorsqu’il pleut. Par exemple, le manque de mobilier urbain adéquat et d’abribus, l’emplacement des arrêts de bus ne répondant pas toujours aux besoins des personnes âgées ou encore l’absence d’endroits pour traverser la route empêcheraient souvent les personnes aînées d’utiliser les transports publics et de se rendre dans des lieux communautaires.

Limites

Bien qu’elles soient indirectement prises n’en compte, il serait nécessaire de mieux comprendre comment l’accès à la participation sociale est influencé par le niveau de privation des quartiers (pauvreté, ressources et infrastructures existantes, éloignement géographique, etc.). En outre, mieux comprendre la façon dont le niveau de privation affecte certains groupes de personnes aînées — en fonction de leur appartenance ethnique, leur niveau d’éducation, leur genre ou leur niveau de mobilité — permettrait de concevoir des interventions qui tiennent davantage en compte les inégalités sociales de santé.

Woolrych, R., Sixsmith, J., Fisher, J., Makita, M., Lawthom, R., & Murray, M. (2021). Constructing and negotiating social participation in old age: experiences of older adults living in urban environments in the United Kingdom. Ageing & Society, 41(6), 1398-1420.

Saine alimentation

Facteurs influençant les choix alimentaires des personnes âgées indépendantes : une étude systématique

Contexte

La saine alimentation est reconnue comme un facteur déterminant du vieillissement en santé, entre autres parce qu’elle agit comme facteur de protection contre différentes maladies chroniques. Un régime alimentaire sain qui répond aux besoins spécifiques des personnes aînées doit tenir compte des exigences nutritionnelles particulières liées aux changements survenant à cette étape spécifique de la vie. Nous savons néanmoins que de nombreux aspects psychologiques et physiologiques influencent la relation avec l’alimentation, en particulier pour les personnes aînées. Une compréhension plus approfondie des raisons qui sous-tendent les choix alimentaires pourrait contribuer à l’élaboration de stratégies efficaces visant à promouvoir une alimentation saine chez les personnes aînées.

Objectif de l’étude  

Au total, 37 recherches scientifiques ont été analysées afin de mieux comprendre les facteurs spécifiques qui influencent les choix alimentaires des adultes âgés (âgés de 65 ans et plus).

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les résultats font ressortir six catégories de facteurs influençant les choix alimentaires :

  • Les facteurs socioculturels, tels que le revenu, le niveau d’éducation, le pays, ainsi que les connaissances et les compétences culinaires. Notons aussi que l’accès à un jardin peut permettre aux personnes aînées de cultiver leurs propres fruits et légumes, ce qui leur donne la possibilité de manger plus sainement.
  • Les facteurs relatifs aux caractéristiques extrinsèques des produits alimentaires, le plus important étant le prix. La présence d’étiquettes santé incite également à faire des choix sains lors de leurs achats, pour autant que celles-ci soient correctement interprétées. En ce sens, il s’avère que plusieurs personnes aînées trouvent difficile d’interpréter l’information nutritionnelle rendue disponible sur les étiquettes.
  • Les facteurs relatifs aux caractéristiques intrinsèques des produits alimentaires, tels que la texture ou encore leur goût. Les aliments faciles à mâcher et goûteux sont préférés aux options ayant une texture plus résistante. Cette préférence peut néanmoins avoir des conséquences nutritionnelles importantes, pouvant conduire à l’exclusion d’aliments riches en nutriments tels que les fruits et les légumes.
  • Les facteurs biologiques et physiologiques : les femmes et les personnes plus avancées en âge tendent à avoir une alimentation plus saine. De plus, les personnes ayant un niveau élevé d’activité physique et une bonne santé générale ont généralement une alimentation plus saine. Elles tendent davantage à effectuer elles-mêmes leurs courses et la préparation de leurs repas et préfèrent acheter des produits à faible teneur en matières grasses, comme des fruits et des légumes. Au contraire, l’incapacité physique, les problèmes bucco-dentaires, ainsi que le manque d’appétit représentent des facteurs qui incitent les personnes aînées à faire des choix alimentaires moins sains.
  • Les facteurs situationnels : les personnes aînées qui font des choix alimentaires sains adoptent généralement des habitudes de vie plus saines en matière de consommation d’alcool ou de tabagisme. Vivre seul est également un facteur associé à une moins bonne alimentation. Finalement, chez les personnes pour qui la santé était importante, le fait d’apprendre de nouvelles informations nutritionnelles ou de recevoir un diagnostic d’une nouvelle pathologie a parfois motivé des changements vers l’adoption de meilleures habitudes alimentaires.
  • Les facteurs psychologiques, le plus important étant la motivation de rester en bonne santé et indépendant. Les personnes aînées qui considèrent important de manger sainement mentionnent également le désir d’améliorer (ou de maintenir) leur santé future et adoptent des habitudes d’achat, de cuisine et d’alimentation en conséquence. Notons finalement que les études montrent que les préférences et les envies alimentaires sont souvent associées à des saveurs qui rappellent des souvenirs d’enfance.

Limites

L’analyse se limite aux études scientifiques portant sur des personnes âgées de 65 ans et plus en relativement bonne santé. Les recherches futures pourraient examiner la façon dont les habitudes alimentaires changent à divers stades de la vie (par exemple la transition à la retraite, le changement de domicile, l’apparition de perte d’autonomie, devenir proche aidant, etc.) afin de mieux comprendre comment soutenir la saine alimentation tout au long du vieillissement. Notons également qu’une proportion considérable des 37 recherches scientifiques analysées étaient basées sur des opinions autodéclarées et subjectives (expérience personnelle en matière de régime alimentaire et d’alimentation saine) potentiellement sujettes à de la désirabilité sociale. Les recherches futures pourraient privilégier davantage la collecte de données permettant l’observation directe du comportement individuel dans des situations réelles (par exemple à l’intérieur des épiceries ou dans les restaurants).

Caso, G., & Vecchio, R. (2022). Factors influencing independent older adults (un) healthy food choices: a systematic review and research agenda. Food Research International, 111476.


Équipe Vieillissement en santé

Annie Gauthier, conseillère scientifique spécialisée
Mathieu-Joël Gervais, conseiller scientifique spécialisé
André Tourigny, médecin-conseil, spécialiste en santé publique et médecine préventive

Sous la supervision de :
Caroline Delisle, Cheffe d'unité scientifique
Direction du développement des individus et des communautés

Révision linguistique :
Sarah Mei Lapierre
Direction du développement des individus et des communautés

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en santé cognitive.