Portrait des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) au Québec
Le 30 novembre dernier, le « Portrait des ITSS au Québec : année 2017 (et projections 2018) » a été diffusé par l’INSPQ. Le portrait s’inscrit dans le cadre du Programme national de santé publique. Ce document s’adresse aux professionnels de la santé, aux associations, aux intervenants, aux groupes communautaires et aux individus engagés, de près ou de loin, dans la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Il vise à fournir de l’information et une réflexion sur l’émergence, l’ampleur ainsi que la progression de ces infections et de leurs déterminants afin d’orienter les interventions et la planification des ressources nécessaires en matière de lutte contre les ITSS. Il fait état de la situation épidémiologique de l’infection à Chlamydia trachomatis, de l’infection gonococcique, de la syphilis, de la lymphogranulomatose vénérienne, de l’hépatite B, de l’hépatite C et de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).
On y remarque que :
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Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae : force est de constater que l'épidémie se poursuit, avec des jeunes particulièrement touchés. L’infection à Chlamydia trachomatis demeure la plus fréquente des ITS à déclaration obligatoire. Elle touche particulièrement les jeunes de 15 à 24 ans. Son incidence augmente de manière constante. Le taux d’incidence de cas déclarés d’infection gonococcique a presque doublé entre 2013 et 2017, et cette hausse s’est accentuée depuis 2015 chez les hommes.
- La progression de la résistance du gonocoque aux antibiotiques est très inquiétante, en particulier l’augmentation de la résistance à l’azithromycine qui atteint 31 % en 2017. Une première souche non sensible à la fois à la céfixime et à la ceftriaxone a été détectée en 2017 au Québec. Cette souche est également la première au Canada. Elle s’ajoute aux trois autres souches non sensibles à la céfixime observées au Québec à ce jour. La diminution de la sensibilité aux antibiotiques se produit dans un contexte d’augmentation très importante du nombre de cas et pose de grands défis, notamment celui d’assurer la surveillance des résistances (et des échecs au traitement pouvant en résulter) et celui d’être en mesure de proposer des schémas thérapeutiques efficaces.
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L’épidémie de syphilis infectieuse, initialement concentrée dans la région de Montréal, touche maintenant la plupart des régions du Québec. Une éclosion est survenue au Nunavik en 2017. La hausse importante observée au cours des dernières années dans la province est préoccupante. Cette hausse concerne surtout les hommes, mais une augmentation est également observée chez les femmes en 2017. La majorité de ces femmes sont en âge de procréer, ce qui augmente le risque de survenue de syphilis congénitale. Plusieurs cas de syphilis congénitale ont d’ailleurs été déclarés au cours des dernières années, soit trois en 2016, un en 2017 et un en 2018, par rapport à cinq cas au total entre 2000 et 2015. Une diminution semble s’amorcer en 2017 (918 cas), et le nombre projeté pour l’année 2018 est de 772 cas.
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Le nombre annuel de nouveaux diagnostics de l’infection par le VIH tend à diminuer légèrement depuis quelques années, notamment chez les HARSAH. Cette diminution est plus prononcée en 2017; il sera très intéressant de surveiller si elle se poursuit. Une hausse du nombre de cas enregistrés chez les personnes originaires de pays où l’infection par le VIH est fortement endémique est toutefois observée en 2017 et concerne principalement des personnes sans numéro d’assurance maladie
Connaître les dernières données de vigie et de surveillance des ITSS au Québec permet au niveau régional et national de voir les tendances, les changements, les nouveautés. Les régions y retrouvent quelques spécificités régionales en plus du portrait national.
Enfin, ces données servent à ajuster et consolider les actions et la mobilisation pour mieux joindre, dépister, détecter et traiter les ITSS, par exemple en augmentant la promotion du dépistage ou d’interventions préventives auprès de certains groupes vulnérables ou pour certaines ITSS. La prévention des ITSS est l’un des objectifs poursuivis par le Programme national de santé publique 2015-2025 (PNSP). Dans certaines régions, ces changements sont requis à la suite d’éclosion ou du changement dans la répartition des cas dans la province. Ces données permettent également au niveau national d’ajuster au besoin les recommandations de dépistage, par exemple l’ajout ou le retrait de vigie réhaussée de certaines maladies. Actuellement, seule la LGV et les cas suspectés d'échec de traitement de gonorrhée font l'objet d'une vigie réhaussée.
Des travaux sont en cours pour optimiser le programme de surveillance de l’infection par le VIH au Québec par l’ajout des indicateurs de la cascade de soins pour les PVVIH ainsi que d’un algorithme pour évaluer la récence des infections. Ces travaux sont en lien avec les récentes recommandations d’ONUSIDA à propos des nouvelles cibles à atteindre : 90-90-90. Ces cibles sont, d’ici 2020, d’atteindre 90 % de personnes séropositives connaissant le statut sérologique, 90 % des personnes connaissant leur statut de séropositivité recevant des traitements antirétroviraux et 90 % des personnes sous traitement antirétroviraux ayant une charge virale supprimée.
Consultez le Portait des ITSS au Québec : année 2017 (et projections 2018) pour plus d’information.