Résistance de Neisseria gonorrhoeae à certains antibiotiques

Annick Trudelle vous propose un article sur la résistance de Neisseria gonorrhoeae à certains antibiotiques

Neisseria gonorrhoeae treatment failure and susceptibility to cefixime in Toronto, Canada
Les échecs au traitement et la sensibilité de Neisseria gonorroheae à la céfixime, à Toronto, au Canada [traduction libre]
Allen VG, Mitterni L, Seah C, et al.

La résistance de Neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques de première ligne ne laisse actuellement que les céphalosporines de 3e génération comme traitement contre la gonorrhée. La céfixime est présentement le seul traitement oral recommandé.

Dans le cas des infections à N. gonorrhoeae, des augmentations de la concentration minimale inhibitrice (CMI) de céfixime et, dans une moindre mesure, de ceftriaxone[1] ont été observées mondialement, ce qui inquiète les experts. Certains cas cliniques sont associés à des échecs de traitement.

L’étude présentée ici visait à évaluer le risque d'échec au traitement des infections à N. gonorrhoeae associés à l'utilisation de la céfixime et à vérifier si les souches à sensibilité réduite sont davantage associées à des échecs de traitement.

Méthodologie

Les échecs au traitement ont été identifiés parmi les patients d’une étude de cohorte historique (rétrospective) testés positifs par culture à N. gonorrhoeae dans une clinique de santé sexuelle à Toronto, au Canada. Cette clinique effectue régulièrement des tests de contrôle à la suite du traitement.

La cohorte de l’étude était constituée d’individus dont le résultat positif à N. gonorrhoeae a été identifié entre le 1er mai 2010 et le 30 avril 2011. Ces patients ont été traités avec une dose orale unique de 400 mg de céfixime, tel que recommandé par les lignes directrices de l'Agence de santé publique du Canada.

Un échec de traitement à la céfixime est défini par la présence d’une culture positive de N. gonorrhoeae lors du test de contrôle, l’isolat démontrant le même profil moléculaire que la culture initiale (prétraitement), et ce, en l’absence d’une réexposition selon la déclaration explicite du patient.

Principaux résultats

291 patients testés positifs par culture pour N. gonorrhoeae ont été identifiés. Des 133 patients qui sont retournés à la clinique pour un test de contrôle, 13 ont été testés positifs par culture, et 9 d’entre eux ont été associés à un échec de traitement à la céfixime. Ces 9 patients étaient atteints d’une infection impliquant l'urètre (n = 4), le pharynx (n = 2), et le rectum (n = 3). De ces 9 patients, 7 ont été associés à une souche à sensibilité réduite à la céfixime.

Le pourcentage global d'échec au traitement chez les patients ayant subi un test de contrôle est de 6,77 % (IC 95 %, 3,14 % -12,45 %, 9/133). Le pourcentage d'échec au traitement associé à une souche à sensibilité réduite à la céfixime (CMI = 0,12 g/mL) est de 25,0 % (IC 95 %, 10,69 % -44,87 %; 7/28), comparativement à 1,90 % (IC 95 %, 0,23 % -6,71 %; 2/105) pour les souches sensibles (CMI < 0,12 g/mL).

Conclusions

Il a été démontré dans cette clinique de Toronto que le taux d'échec au traitement de patients atteints d’une infection à N. gonorrhoeae et traités avec de la céfixime était relativement élevé, et était associé à des souches avec des CMI élevées de céfixime.

Cette étude démontre encore une fois l’importance d’un suivi rigoureux de l’évolution de la résistance de N. gonorrhoeaeaux céphalosporines de 3e génération.

 

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[1] La ceftriaxone est une céphalosporine administrée par voie intramusculaire.

 

Rédigé par
Annick Trudelle
Date de publication : 6 février 2013