Montréal sans sida : un plan d’action commun pour accélérer la riposte régionale à l’épidémie du VIH/sida

Cette semaine, l’équipe d’Espace ITSS a demandé à Pierre-Henri Minot, coordonnateur de Montréal sans sida, de nous présenter cette initiative régionale :

Pierre-Henri Minot : En 2014, en énonçant les objectifs 90-90-90 (90 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90 % des personnes qui connaissent leur séropositivité reçoivent des traitements antirétroviraux, 90 % des personnes sous traitements antirétroviraux ont une charge virale indétectable), l’Organisation mondiale de la santé et l’ONUSIDA proposaient une impulsion nouvelle : notre génération pourrait voir la fin de l’épidémie du sida. Nombreuses sont les voies possibles pour arriver à ce résultat, et les initiatives de riposte accélérée des villes, les Fast Track Cities, en sont une.

C’est à Paris, le 1er décembre 2014, qu’est né ce modèle des villes sans sida, issu d’un constat : les 200 villes les plus touchées abritent à elles seules plus du quart des 35 millions de personnes vivant avec le VIH. En s’impliquant dans la riposte au VIH, les villes ajoutent leur leadership dans la création de stratégies locales.

Le 1er décembre 2017, la mairesse de Montréal Valérie Plante y a invité Montréal en signant la Déclaration de Paris, une première au Canada. Cette déclaration ambitieuse entremêle aux objectifs de l’ONUSIDA des engagements des maires :

  1. Mettre fin à l’épidémie de sida dans les villes
  2. Placer les personnes au cœur de toutes nos actions
  3. Traiter les causes de risque, de vulnérabilité et de transmission
  4. Utiliser notre riposte au sida pour une transformation sociale positive
  5. Construire et accélérer une riposte adaptée aux besoins locaux
  6. Mobiliser des ressources pour la santé publique et un développement intégré
  7. Nous rassembler en tant que leaders dans des actions conjointes

 

Des actions au bénéfice des communautés

 

Le 29 novembre dernier, la Ville de Montréal, la Direction régionale de santé publique du CIUSSS CSMTL (DRSP) et la Table des organismes communautaires montréalais de lutte contre le sida (TOMS) ont dévoilé le premier plan d’action commun Montréal sans sida 2019-2020. Ce plan, élaboré en collaboration avec les communautés les plus concernées, vise également à prévenir les nouvelles infections et lutte contre la discrimination et la stigmatisation. Il comporte ainsi 26 actions, articulées en 4 axes d’interventions pour enrayer l’épidémie localement :

  1. Communiquer pour réduire la stigmatisation et la discrimination
  2. Travailler à l’élimination des préjudices causés par l’application de lois criminelles et la judiciarisation des personnes issues de communautés marginalisées
  3. Améliorer les conditions de vie des communautés vulnérables
  4. Déployer des services accessibles et adaptés aux besoins des personnes

Les efforts nécessaires pour les réaliser cibleront les groupes les plus concernés par l’épidémie : les personnes vivant avec le VIH, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, les personnes utilisatrices de drogues par injection, les personnes originaires de pays où le VIH est endémique, les jeunes des communautés les plus touchées, les travailleuses et travailleurs du sexe, ainsi que les personnes autochtones vivant en milieu urbain.

Un plan d’action commun, basé sur des données locales

Montréal sans sida est aussi l’occasion d’estimer une cascade de soins montréalais, qui nous donne maintenant un point d’étape.

Ainsi, alors qu’on estime qu’au Québec 86 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, on évalue que 97 % de ces personnes qui sont en soin dans l’un des quatre milieux cliniques spécialisés à Montréal ont accès à un traitement antirétroviral, et que 92 % de ces mêmes personnes ont atteint une charge virale indétectable. Également, en 2017 à Montréal, 204 personnes recevaient un diagnostic positif au VIH, portant le nombre de personnes qui vivent avec le VIH dans la métropole à environ 10 000.

 

Ces chiffres nous parlent d’un accès durable aux traitements pour les personnes diagnostiquées, et nous invitent à redoubler d’efforts envers ceux qui ne connaissent pas leur statut sérologique ou qui rencontrent encore des obstacles importants dans l’accès à la prévention, aux soins et à la médication. « La reconnaissance de la diversité des besoins de nos communautés concernées, notamment en ce qui a trait à la discrimination et aux inégalités systémiques qui touchent les personnes autochtones, racisées, migrantes, ou issues des communautés LGBTQ+, ainsi que les personnes en situation de pauvreté, d’itinérance, les jeunes et les personnes en conflit avec la loi, est au cœur de la démarche que nous conduisons. Nos communautés sont mobilisées et nous travaillerons ensemble à la réalisation de ce plan d’action commun » a indiqué Sandra Wesley, déléguée de la TOMS et coprésidente de Montréal sans sida.

Une mise en œuvre inclusive et partagée

L’initiative s’est dotée des moyens adaptés à ses objectifs d’inclusion, de mobilisation et de recours aux données probantes : une coprésidence (ville de Montréal, TOMS et DRSP) qui reflète les engagements de la Déclaration de Paris, un comité de coordination diversifié qui place les communautés au cœur de ses travaux et une équipe de coordination efficace et tournée vers l’action.

Porté par des partenaires mobilisés, tourné vers les communautés les plus concernées et avec l’engagement de spécialistes du domaine, le plan d’action commun sera mis en œuvre en 2019-2020. En maintenant l’implication continue des communautés, des praticiens et des chercheurs, Montréal sans sida s’appuiera sur les dernières données et les expertises les plus pointues, maintiendra les liens avec les populations concernées dans la transparence et la régularité et s’efforcera d’obtenir des bénéfices durables dans le déploiement des ressources qui viseront l’atteinte de ses objectifs 90-90-90, dans la prévention des nouvelles infections et dans la lutte aux discriminations et à la stigmatisation.

 

Pour plus d’information sur l’initiative ou pour consulter le résumé et le plan d’action commun de Montréal sans sida, consultez le : www.montrealsanssida.ca

Pour tout contact, communiquer avec Pierre-Henri Minot :
[email protected]

Rédigé par
Pierre-Henri Minot - coordonnateur de Montréal sans sida
Sujet(s)
Date de publication
13 mars 2019