Excrétion du VIH et des virus herpétiques humains

Karine Blouin vous propose un article sur l'excrétion du VIH et des virus herpétiques humains

Shedding of HIV and Human Herpesviruses in the Semen of Effectively Treated HIV-1–Infected Men Who Have Sex With Men 
L'excrétion du VIH et des virus herpétiques humains dans le sperme d'hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes infectés par le VIH et recevant un traitement efficace [traduction libre]
Gianella S., Smith DM., Vargas MV., et al. | Paru en mai 2013 dans Clinical Infectious Diseases

Le traitement antirétroviral du VIH-1 supprime la charge virale à des niveaux indétectables dans le sang et le sperme chez la majorité des individus, ce qui diminue le risque de transmission. De récentes études ont démontré que le traitement antirétroviral précoce diminue d’environ 90 % la transmission du VIH chez les couples hétérosexuels sérodiscordants. Une diminution a également été observée chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH). Toutefois, ces résultats doivent être interprétés avec précaution considérant qu’entre 2 et 48 % des hommes traités avec des antirétroviraux peuvent excréter du VIH dans le sperme de manière intermittente. Dans une perspective de santé publique, il est nécessaire de bien comprendre les facteurs associés à l’excrétion de VIH dans le sperme chez les individus sous traitement antirétroviral.

Méthodologie

La cohorte California collaborative treatment group est une étude d’intervention comportementale par le biais de l’internet chez des HARSAH infectés par le VIH ayant des comportements sexuels à haut risque. Des échantillons de sperme et de plasma ont été recueillis au début de l’étude ainsi qu’au cours du suivi. L’étude inclut les 114 sujets recevant un traitement antirétroviral efficace (charge virale plasmatique <500 copies/mL). La présence des principales infections transmissibles sexuellement a été évaluée à différents sites (génital/urine, rectum et pharynx). La charge virale du VIH et des principaux herpèsvirus (cytomégalovirus (CMV), virus d’Epstein-Barr (EBV), virus de l’herpès simplex (HSV), (HHV-6-8) a été mesurée dans le sperme.

Principaux résultats

Les participants ayant une charge virale plasmatique entre 50 et 500 copies/mL présentaient plus souvent des niveaux détectables de VIH dans le sperme comparativement aux participants avec une charge virale plasmatique inférieure à 50 copies/mL. Des niveaux élevés de CMV et la présence d’EBV étaient également associés à des niveaux détectables de VIH dans le sperme. La présence de CMV et d’EBV était associée à de plus faibles niveaux de lymphocytes CD4. Aucune association n’a été observée avec la présence d’autres ITS (chlamydia, gonorrhée, syphilis, etc.).

Discussion

Il est intéressant de noter que des niveaux de charge virale du VIH situés entre 50 et 500 copies/mL étaient associés à l’excrétion dans le sperme, ce qui suggère qu’une suppression complète dans le sang minimise le risque de transmission sexuelle. Les associations entre l’excrétion de VIH dans le sperme et la présence d’EBV ainsi que de hauts niveaux de CMV suggèrent que la présence de ces virus pourrait jouer un rôle dans la transmission du VIH chez les individus sous traitement antirétroviral, comme cela a déjà été démontré chez des sujets non traités. Le fait qu’aucune association n’a été observée avec les ITS bactériennes suggère que le CMV et l’EBV pourraient être plus communément impliqués dans l’excrétion du VIH dans le sperme des individus traités.

Rédigé par
Karine Blouin
Date de publication : 18 juillet 2013