Confidentialité et services en santé sexuelle auprès des jeunes

L’équipe d’Espace ITSS vous propose un article des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) sur les enjeux de confidentialité et l’utilisation des services en santé sexuelle par les jeunes de 15 à 25 ans.

La préoccupation des jeunes pour la confidentialité dans le domaine de la santé sexuelle est également présente au Québec. Par exemple, plusieurs jeunes s’inquiètent lorsqu’ils reçoivent la prescription d’un traitement pour la chlamydia ou la gonorrhée, que leurs parents en soient informés lorsqu’ils iront chercher le médicament à la pharmacie. Pour le jeune de 14 ans et plus, son dossier de santé à la pharmacie est tout aussi confidentiel que celui à la clinique. Le Programme de gratuité des médicaments pour le traitement des MTS[1] permet au jeune détenteur d’une carte d’assurance maladie valide de recevoir son traitement sans frais et ses parents devraient obtenir son consentement pour recevoir des renseignements de son dossier de santé à la pharmacie. D’autres enjeux de confidentialité peuvent préoccuper les jeunes en lien avec leurs soins de santé. Comment abordez-vous ces enjeux?

Confidentiality Issues and Use of Sexually Transmitted Disease Services Among Sexually Experienced Persons Ages 15-25 Years – United States, 2013-2015
Enjeux de confidentialité et utilisation des services de santé sexuelle chez les jeunes de 15-25 ans actifs sexuellement
[Traduction libre]
Leichliter, J. S., Copen, C., Dittus, P. J. / Paru le 10 mars 2017 dans MMWR, vol. 66, no 9
[https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/66/wr/pdfs/mm6609a1.pdf]

Au cours des dernières années, aux États-Unis, le système de santé a permis aux jeunes de moins de 26 ans de bénéficier de la couverture d’assurance maladie de leurs parents entre autres pour des services en santé sexuelle comme le dépistage des ITSS. Bien que cette mesure vise à faciliter l’accès aux soins de santé, ces jeunes reporteraient une consultation ou ne consulteraient pas du tout un professionnel de la santé de peur que leurs parents en soient informés.

Méthode

Utilisation des données du Sondage national sur la croissance familiale 2013-2015 [National Survey of Family Growth] effectué aux États-Unis auprès d’hommes et de femmes âgés de 15 à 44 ans. Ce sondage recueille de l’information entre autres sur le mariage, le divorce, la vie familiale, la planification familiale et les soins médicaux.[2]

Principaux résultats

Chez les jeunes de 15‑25 ans actifs sexuellement bénéficiant de la couverture médicale de leurs parents :

  • 12,7 % ne consulteraient pas pour des soins de santé sexuelle et reproductive de crainte que leurs parents en soient informés
    • Ce pourcentage est plus élevé si l’on compare les jeunes de 15 à 17 ans [22,6 %] aux 20‑22 ans [8.2 %] et aux 23-25 ans [5,4 %]
    • Les jeunes filles inquiètes par ces enjeux de confidentialité ont moins souvent eu un dépistage de la chlamydia au cours des 12 derniers mois

Chez les jeunes de 15-17 ans qui ont rencontré un professionnel de la santé sans la présence de leurs parents au cours des 12 derniers mois :

  • 71,1 % ont eu une évaluation de leur risque sexuel comparé aux jeunes ayant rencontré un professionnel en présence d’un parent [36,6 %]

Discussion

Les auteurs sont préoccupés par ces résultats, car la recommandation en prévention des ITSS aux États-Unis est d’évaluer le risque sexuel de la personne, d’effectuer un dépistage de la chlamydia chez toutes les femmes de moins de 25 ans actives sexuellement et d’évaluer les indications de dépistage pour les autres ITSS.

Les enjeux de confidentialité nommés ici pourraient limiter l’utilisation des services en santé sexuelle et reproductive par les jeunes. Ces enjeux devraient être pris en considération par les professionnels de santé, entre autres en favorisant une période de temps seul à seul avec le jeune lors de la consultation.

Rédigé par
Geneviève Boily – Espace ITSS
Date de publication
17 mars 2017