Centres d'accès au matériel d'injection : 2,25 millions de seringues pour contrer les infections

Du mois d’avril 2015 au mois de mars 2016, les directions de santé publique ont distribué plus 2 600 000 seringues dans les 1 245 centres d’accès au matériel d’injection (CAMI) du Québec pour prévenir le VIH et les hépatites B et C. On remarque qu'un pic a été atteint en 2013-2014 (plus de 2 700 000), et que le nombre de seringues distribuées diminue légèrement depuis.

Plus de 70 % de ces seringues font l’objet d’un suivi par les CAMI. Les organismes communautaires sont des points de distribution importants avec plus des deux tiers du matériel d’injection reçu des DSP. Les pharmacies et les CLSC viennent, pour leur part, compléter cet accès. On y apprend également que plus de la moitié (58 %) des visites des usagers de drogues par injection dans les CAMI sont motivées par des besoins en matière de santé et de services sociaux plutôt que par l’accès au matériel d’injection. Ces visites dans des organismes communautaires sont cruciales puisqu’elles permettent à plus de 90 % des personnes UDI d’accéder à de l’information et au personnel de leur prodiguer des conseils sur la prévention et la prise en charge de leur santé.

La distribution de plus de 2,6 millions de seringues annuellement est un bon indicateur de l’efficience du programme de prévention auprès des personnes UDI. Par contre, l’accès au matériel d’inhalation est encore sous-optimal et il devrait être étendu à l’ensemble des régions.

Depuis l’implantation des CAMI à la fin des années 1980, les types de substances consommées et injectées ont varié et de nouvelles tendances s’observent au fil des ans. Grâce au réseau de surveillance SurvUDI (Leclerc et collaborateurs, 2016), il est possible de suivre l’évolution de la situation et d’adapter les mesures de prévention. Ainsi, la préoccupation des dernières années se porte sur les risques accrus de surdoses associés à l’injection de médicaments opioïdes. L'accès au matériel d'injection adapté à cette situation est en vigueur depuis le début d'octobre 2017.

Une compilation annuelle

Chaque année, ces statistiques sur la distribution de matériel de protection et sur les services de prévention dispensés aux personnes UDI sont compilées par les CAMI puis transmises à leur direction de santé publique. L’INSPQ rassemble alors ces données afin de produire un rapport sur le matériel distribué et les services offerts.

Ce document statistique s’adresse principalement aux gestionnaires, aux professionnels de la santé et aux intervenants en toxicomanie et en prévention des ITSS qui œuvrent auprès des personnes UDI.

Un réseau, des services

Au Québec, les personnes UDI ont accès à du matériel de protection contre le VIH et les hépatites B et C ainsi qu’à des conseils sur l’injection sécuritaire et les moyens de prévenir les ITSS. Plusieurs CAMI offrent aussi des services sociaux et de santé comme le dépistage des ITSS, la vaccination contre les hépatites A et B, le renvoi vers d’autres services de traitement de la dépendance ou de prise en charge de problèmes de santé physique et psychologique.

La distribution de matériel d’injection stérile pour prévenir la transmission du VIH et des hépatites B et C chez les personnes qui utilisent des drogues par injection (UDI) est une stratégie de santé publique reconnue efficace. Elle fait partie de l’offre de services de santé publique décrite dans le Programme national de santé publique 2015-2025(MSSS, 2015) et appuyée par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ, 1998) et l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ, 1998).

Rédigé par
Espace ITSS
Date de publication : 6 novembre 2014